Les TCC en action - L'Infirmière Libérale Magazine n° 318 du 01/10/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 318 du 01/10/2015

 

PROFESSION

Actualité

Sandra Mignot  

MÉTHODE > À l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, Marie-Astrid Meyer, infirmière, a mis en place une consultation en thérapies comportementales et cognitives (TCC). Elle revendique l’appropriation par la profession de cet outil de soin utilisable au quotidien.

Certains psychologues pourraient craindre que je prenne leur rôle, mais, à Sainte-Anne, j’ai été initiée par un interne du service et encouragée par ma hiérarchie à me former aux TCC, observe Marie-Astrid Meyer. Et j’ai toute ma place dans l’application de ces outils, car une infirmière n’a pas le même regard qu’un médecin. Nous sommes au contact des patients tous les jours et le lien de confiance est déjà présent dans le service d’hospitalisation. »

Des exercices simples

Les TCC utilisent la méthode expérimentale en psychologie pour expliquer la genèse et le maintien de comportements anormaux répétitifs. Elles ont pour but de s’attaquer aux problèmes d’une personne via des exercices simples centrés sur les symptômes observables du comportement problème de l’individu : exposition aux situations obsédantes avec prévention de la réponse ou travail sur les pensées automatiques et remplacement par des pensées plus rationnelles. À Sainte-Anne, plusieurs infirmières accompagnent les consultations qu’animent les psychologues. « Elles peuvent aussi accompagner des patients dans leurs exercices d’exposition, résume Marie-Astrid Meyer. Ainsi, il m’est arrivé d’aller avec un patient terrifié par le métro jusqu’à l’entrée de la station ou de sortir dans la rue avec un autre qui était angoissé par les crottes de chien. »

Un suivi sur douze semaines

En 2009, après de nombreuses lectures et l’accompagnement de consultations psychiatriques, Marie-Astrid Meyer s’est engagée dans un DU en deux ans et a lancé une consultation infirmière TCC en 2011. Elle est désormais responsable de l’évaluation et analyse des situations qui lui sont proposées par les psychiatres ou psychologues de son service, du contrat thérapeutique élaboré avec le patient et de son suivi qui dure au minium douze semaines. « Je peux continuer à travailler avec un patient tant qu’il est suivi à Sainte-Anne, qu’il ressent des bénéfices et que son état évolue positivement dans le temps », explique Marie- Astrid Meyer, qui a déjà suivi une soixantaine de patients.

Un patient motivé

Elle peut être sollicitée simplement pour émettre un avis sur une situation, proposer une initiation ou engager une thérapie complète. « Mais il est indispensable que le patient soit motivé, observe-t-elle. C’est lui qui va devoir faire le travail, réfléchir sur ses comportements, lister ses obsessions, hiérarchiser ses objectifs et faire – au quotidien – les exercices que nous élaborerons ensemble. » Dans le cas de troubles obsessionnels compulsifs, les TCC constituent le traitement le plus efficace avec 85 % de taux de succès.

Des principes à étendre

Enfin, l’infirmière observe que les principes de la TCC peuvent être utilisés au quotidien dans les services. « Un patient qui traîne au lit toute la journée, vous pouvez par exemple le valoriser en lui expliquant que ce comportement est un symptôme et que chacun de ses efforts pour aller se laver, faire quelques pas dans le couloir, manger au réfectoire peuvent le conduire vers une amélioration. »

Rendez-vous au Salon Infirmier

le vendredi 16 octobre, de 9 h 30 à 10 h 30, avec Marie-Astrid Meyer, infirmière au Centre hospitalier Sainte-Anne à Paris, pour sa conférence “Consultation infirmière spécialisée en TCC”. Tous les renseignements sur www.saloninfirmier.fr où vous retrouverez également, dans le courant du mois de septembre, la vidéo présentant cette conférence.