CAFOUILLAGE > Par crainte d’une avalanche de recours devant les tribunaux administratifs, le ministère de la Santé a décidé de reporter au 11 avril 2016 les élections des Unions régionales de professionnels de santé (URPS)-infirmiers. Retour sur un fiasco annoncé.
La direction de la Sécurité sociale (DSS) a procédé à la vérification des listes d’infirmiers électeurs des Unions régionales des professionnels de santé (URPS) au regard de leur situation au 1er août 2015. Dans un communiqué du 21 septembre, elle révèle qu’à partir des informations transmises respectivement par la Caisse nationale d’Assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts) et l’Ordre national des infirmiers (ONI)
Conséquence de cet immense imbroglio, le ministère de la Santé a pris les devants et a décidé purement et simplement de reporter au printemps 2016, le 11 avril, les élections des URPS-infirmiers dont le scrutin devait se tenir le 7 décembre. Les syndicats infirmiers (Convergence infirmière, FNI, Onsil et Sniil), qui avaient initialement jusqu’au 28 septembre pour déposer leurs listes de candidats, et l’Ordre infirmier, ont été informés de ce “désordre” le vendredi 19 septembre lors d’une réunion au ministère.
En fait d’« écart significatif », Philippe Tisserand, président de la FNI, confie que quelque 14 000 Idels manquaient à l’appel sur les fichiers de l’Ordre. Ainsi, confirme-t-il, « comparés au 84 000 inscrites au tableau ordinal, le risque de recours devant les tribunaux était très important » à l’issue du scrutin, la FNI observant « que ce cas de figure inédit fait clairement apparaître les insuffisances de l’Ordre dans ce qui est pourtant sa mission première : la gestion des inscriptions au tableau ».
Voilà comment, par exemple en Picardie, a débuté l’histoire de ce fiasco annoncé, comme nous le confiait, quelques jours avant la décision du ministère, Marie-Odile Guillon, présidente de l’URPS-infirmiers Picardie : l’Agence régionale de santé (ARS), chargée de l’organisation des élections, « nous a sollicités pour vérifier la mise à jour des listes électorales. Mais, sans nouvelle, nous avons dû la relancer. Finalement, nous avons reçu les documents deux jours avant la date butoir de validation… Du fait de la fusion des régions Nord-Pas-de-Calais et Picardie dans le cadre de la future réforme territoriale, 2 500 noms étaient à contrôler ! Dans ce contexte, on a fait ce qu’on a pu. Puis, finalement, l’ARS m’a signifié que les modifications apportées ne servaient à rien ! » Et l’Idel de s’étonner : « Je ne comprends pas pourquoi l’Ordre n’est toujours pas en mesure de produire des listes à jour des infirmières inscrites au tableau ? » Malgré ces approximations, les listes électorales avaient bel et bien été arrêtées le 19 août.
L’ajournement devrait permettre aux Idels de s’inscrire à l’Ordre et pouvoir ainsi participer aux élections, mais également d’être éligibles. Car, si en 2010, lors des premières élections URPS, l’inscription à l’Ordre n’était pas obligatoire, elle l’est
Désormais, le temps est compté car l’inscription sur les listes électorales s’apprécie au regard de la situation des Idels quatre mois avant leur bouclage. L’Ordre aurait donc environ jusqu’à mi-décembre pour faire le plein des inscrites. Est-ce bien raisonnable… Quoi qu’il en soit, ce nouvel épisode retarde d’autant l’ouverture des négociations conventionnelles avec la caisse nationale d’Assurance maladie. Ce qui n’est pas une très bonne nouvelle pour la profession…
(1) Soulignons au passage que le communiqué de la DSS témoigne qu’un croisement de fichiers aurait bien eu lieu entre ceux des caisses primaires d’Assurance maladie et ceux de l’Ordre, comme le dénonce depuis plusieurs semaines le syndicat anti-Ordre Résilience, qui a d’ailleurs porté l’affaire devant la Commission nationale informatique et liberté et le procureur de la République.
(2) Pour être considéré comme représentatif, un syndicat d’infirmiers doit en effet dépasser la barre des 10 % des voix aux élections URPS.
(3) Les Idels doivent aussi exercer leur activité principale sur le territoire concerné et être conventionnées par la Sécurité sociale.
(4) Dans le même ordre d’idées, fin août, l’Onsil avait envoyé une lettre à la ministre pour lui demander que l’adhésion à l’Ordre ne soit pas un critère obligatoire pour voter aux élections URPS.