Consultation douleur - L'Infirmière Libérale Magazine n° 319 du 01/11/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 319 du 01/11/2015

 

Actualité

Laure Martin  

INITIATIVE > Créée par six infirmières formées à la consultation infirmière, l’Association catalane d’infirmières cliniciennes et de consultation (Acicc) compte aujourd’hui 26 Idels désireuses de promouvoir l’importance de leur rôle auprès du patient douloureux chronique.

Plus de 30 % de la population signale des douleurs chroniques quotidiennes. Pour 41 % des personnes concernées, la durée d’évolution de cette douleur est supérieure à trois ans, et elle multiplie par deux la fréquence globale des comorbidités. Il y a « un nomadisme médical chez ces patients, ils hyperconsultent », a expliqué, lors du Salon infirmier mi-octobre à Paris, Virginie Joué, Idel et infirmière clinicienne à Théza (Pyrénées-Orientales), membre fondatrice de l’Acicc.

Suivi spécifique

L’objectif de l’Acicc, née en 2009, est donc de mettre en place, pour le patient adulte douloureux chronique, un parcours de soins coordonné en équipe pluriprofessionnelle, en lui offrant un suivi spécifique par le biais des consultations infirmières.

Les patients se rendent au cabinet infirmier sur orientation de leur médecin traitant ou par le bouche à oreille, pour un suivi qui repose sur dix consultations infirmières. Les deux premières servent à l’évaluation de la douleur et de ses composantes, avec notamment une analyse des conséquences du syndrome douloureux sur la vie du patient, sur sa famille et sur le programme thérapeutique. L’infirmière met alors en place un recueil de données, réalise une anamnèse et pose le diagnostic infirmier. « Nous ciblons la problématique et envoyons le bilan au médecin afin qu’il nous renvoie une ordonnance prescrivant les consultations infirmières », rapporte Virginie Joué.

« À travers ces consultations de suivi, nous déployons les techniques nécessaires pour atteindre les objectifs que le patient s’est fixé », ajoute-t-elle. Mais il doit avant tout admettre la douleur. Si ce n’est pas le cas, les premières consultations consistent en un travail d’éducation à la santé pour l’acceptation de cette douleur. Ensuite, l’infirmière a recours à des méthodes psycho-corporelles comme le toucher-détente, la relaxation, l’hypnose ou encore l’art-thérapie, uniquement dans le cadre de son champ de compétences infirmières. Ces techniques permettent d’aboutir à une autonomisation du patient dans la gestion et le vécu de sa douleur, et à une alternative à la prise en charge médicamenteuse. « Pour le moment, tous les patients constatent une amélioration de leur douleur », indique Virginie Joué.

Ce projet a nécessité la mise en place de “partenariats” avec les professionnels du secteur. « Nous nous sommes présentées aux médecins traitants, aux masseurs-kinésithérapeutes et aux Idels du territoire pour les inclure dans le projet », explique-t-elle. Car l’objectif est de promouvoir l’interdisciplinarité, source « d’amélioration du parcours de soins ». L’infirmière clinicienne de l’Acicc endosse d’ailleurs le rôle de coordonnatrice du parcours du patient et fait le lien avec les autres professionnels libéraux et hospitaliers pour un échange du savoir et des pratiques. « Nous travaillons à une orientation thérapeutique commune et à un discours commun, indique Virginie Joué. L’articulation de la réflexion interdisciplinaire se fait par le biais de la messagerie sécurisée que chaque professionnel peut ouvrir gratuitement via l’Asip Santé. » Ce travail coordonné permet de libérer du temps médical utile, d’améliorer l’observance médicamenteuse et de diminuer le risque iatrogène.

Pour une lettre clef

L’association est parvenue à obtenir, de la part de l’Union régionale des professionnels de santé-infirmiers, un financement d’un an qui arrive aujourd’hui à son terme. Il est fléché pour le suivi de vingt-cinq patients, à raison de dix consultations d’une heure par patient et à 40 euros la séance. L’Acicc travaille actuellement à l’obtention d’un financement par le Fonds d’intervention régional (relevant de l’Agence régionale de santé), mais ne rejette pas l’idée de démarcher des partenaires privés, comme les complémentaires santé, si cela n’aboutit pas du côté du public. Dans l’idéal, elle souhaiterait la création d’une nouvelle lettre clef à la nomenclature.