PYRAMIDES DES ÂGES > Les soignants peuvent-ils faire face à la demande croissante de soins liée au vieillissement de la population ? C’était la question de rentrée du CNPS, en octobre.
Les plus de 65 ans représentent désormais 18 % de la population. Comme l’a rappelé, lors de la journée de rentrée du Centre national des professions de santé (CNPS), Nathalie Fourcade, sous-directrice de l’observation de la santé et de l’Assurance maladie à la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), 40 % de cette population souffre d’au moins deux pathologies chroniques et la moitié consomme régulièrement sept molécules médicamenteuses. De plus, la population des plus de 70 ans a deux fois plus recours aux soins généralistes que le reste de la population, sept fois plus recours aux soins de kinésithérapie et treize fois plus recours aux soins infirmiers. Voilà pour le tableau général…
En parallèle, la pyramide des âges des médecins connaît une évolution très forte entre 1990 et 2012, du fait de la baisse du numerus clausus. L’âge moyen est passé de 40 à 52 ans. Mais, hormis le corps médical, la population des soignants reste relativement jeune. C’est le cas des infirmiers, dont l’âge moyen est de 40 ans (tous modes d’exercice confondus). Cette profession est également très féminisée puisqu’environ neuf infirmiers sur dix sont des femmes. « Il s’agit de la profession de santé la plus nombreuse », rapporte Nathalie Fourcade. Les quotas de formation ont doublé depuis le début des années 1990 pour atteindre aujourd’hui 610 000 professionnels. Cette féminisation et la pyramide des âges relativement jeune concernent également les autres paramédicaux : orthophonistes, orthoptistes et professionnels de la rééducation.
Mais la génération de professionnels à venir est-elle prête à faire face à la demande des patients ? C’est une réelle incertitude quant à leur futur mode d’exercice qui a été formulée par les représentants des étudiants. « On ne sait pas ce qu’on veut faire, ni où l’on veut exercer notre métier », souligne Sarah Hoarau, présidente de la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie. Et d’ajouter : « L’impatience reprochée à notre génération est aussi liée à notre incapacité à nous projeter plus tard. Nous ne savons pas si nous percevrons des retraites alors nous investissons dans le quotidien. » La majorité d’entre eux seraient néanmoins attirés par le libéral, pour être ainsi indépendants. Mais tous sont unanimes : ils veulent un équilibre entre leur temps personnel et leur temps de travail.
Difficile pour le président de la FNI, Philippe Tisserand, de ne pas profiter de la journée du CNPS pour aborder le récent rapport annuel sur la Sécurité sociale de la Cour des comptes. Selon lui, les Sages de la rue Cambon « ne tirent pas » directement sur les masseurs-kinésithérapeutes ou sur les infirmiers, mais sur la Sécurité sociale et sur le système conventionnel. Un système qu’il défend, tout comme Dominique Polton, conseillère auprès du directeur général de la Cnamts, qui a rappelé que, pour l’Assurance maladie, « le levier conventionnel constitue la meilleure solution car la co-construction facilite l’acceptation, et permet d’obtenir de bons résultats ». Selon elle, « l’homogénéité de la répartition des infirmiers est désormais bien plus satisfaisante, car les écarts entre bassins de vie se réduisent ».