L'infirmière Libérale Magazine n° 319 du 01/11/2015

 

Actualité

Olivier Blanchard  

ÉVOLUTION > Vincent Kaufmann, infirmier et consultant*, a fait le point au Salon sur la réorganisation des soins de premier recours. Cette évolution permettrait aux infirmières de développer leurs pratiques.

“Soins de premier recours”, ce terme a été défini par la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires) en 2009. Sont concernés les intervenants de soins de ville (médecins généralistes, pharmaciens, infirmières, kinésithérapeutes, dentistes…) et les services d’urgences. Aujourd’hui, entre vieillissement, maintien à domicile et pathologies chroniques, les besoins de soins pour ces professionnels augmentent, surtout qu’au même moment, les hôpitaux sont clairement incités à se regrouper pour se spécialiser vers des soins techniques et privilégier l’ambulatoire.

Salariat des médecins et maisons de santé

Mais le pivot actuel des soins, la médecine générale, donne des signes alarmants avec les déserts médicaux et les difficultés de recrutement. Alors, pour réorganiser l’offre de soins, plusieurs mutations sont en cours, comme le salariat pour des médecins ou les maisons de santé pluriprofessionelles (elles seront 1 000 en 2017 quand elles étaient 10 en 2006).

« Remplacer le pilote par une hôtesse de l’air »…

Ces deux tendances ouvrent donc peu à peu la voie à des infirmiers cliniciens (tels que définis dans l’article 30 de la loi de santé qui passe actuellement au parlement) pour prendre en charge des patient chroniques “qui vont bien” et dont le suivi pourrait faire l’objet d’un “protocole de premier recours”. Mais certains infirmiers eux-mêmes sont frileux face à ce type de changement et ne trouvent pas d’intérêt aux évolutions qui se présentent. De plus, la loi de santé n’est pas encore votée et laisse des lacunes qui ne contribuent pas à rassurer les professionnels quant aux modes de rémunération notamment.

En outre, aucune réforme des études infirmières n’est envisagée sérieusement, même si des travaux sur ce sujet ont été réalisés.

Enfin, pour finir, on ne peut nier une opposition du corps médical quant au développement des compétences infirmières puisque, pour certains médecins, « remplacer un médecin par une infirmière, c’est remplacer le pilote par une hôtesse de l’air »

L’exemple des IPSPL au Québec

Alors, une fois ce constat établi, quelle pourrait être l’évolution de l’offre des soins de premier recours ? Au Québec, des IPSPL (infirmières praticiennes en soins de première ligne) se développent et proposent un exemple concret de prise en charge des patients chroniques stables en lien avec un “médecin partenaire”. La fragilité de l’offre en médecins généralistes et le désir des populations de rester à domicile serait donc, une chance pour les infirmiers… s’ils s’en saisissent.

* Infirmier pour le groupe Acsantis, société spécialisée dans la stratégie, l’organisation, la conduite de projets et de systèmes d’information. Elle intervient sur la majorité des sujets qui concernent les secteurs de la santé et du médico-social (création de maison de santé, organisation de services ambulatoire, etc.).