EXPERTISE > Avec 103 masters validés à ce jour et environ 120 IDE engagés dans la formation, la pratique avancée (PA) s’installe peu à peu dans le paysage du soin en France.
On parle beaucoup de la pratique avancée (PA) (que la loi de santé doit préciser, lire aussi p. 16) sans vraiment toujours comprendre de quoi il s’agit. C’est la raison pour laquelle le Gic-Repasi, un des deux groupements d’intérêts communs de l’Anfiide (Association nationale française des infirmiers et infirmières et étudiants), s’est lancé dans une étude très pointue en 2014, la première du genre. Étude que deux des co-pilotes, Cécile Barrière, infirmière libérale, et Pierrette Meury, infirmière libérale spécialisée en coordination et parcours complexe des patients, ont présentée au congrès de l’association début octobre à Avignon (Vaucluse).
L’enquête portait sur 80 titulaires du master en SCI (sciences cliniques infirmières) en 2014. Parmi les domaines d’expertise cités, les soins palliatifs et la gestion de la douleur tiennent une bonne place, suivis directement par la cancérologie et la coordination. Les répondants affirment exercer à 76 % dans un champ de recherche avancée, 41,3 % dans leur fonction actuelle, 21,5 % dans une activité annexe et 22,5 % sont en attente de projet. Seuls 19 % bénéficient d’une fiche de poste correspondant à leur niveau de formation. Et 5 % seulement des personnes sondées s’estiment rémunérées à la hauteur de leur expertise. Un constat qui ne décourage pas pour autant les responsables de cette étude qui estiment, au vu des résultats, que les infirmiers en soin avancé ont toute leur place dans des domaines comme l’orientation, l’éducation, le dépistage, l’évaluation et la conclusion clinique, voire la prescription de produits de santé, entre autres.
En pratique ambulatoire, il en découle que les infirmiers pourraient exercer la PA en pratiques ambulatoires en établissement de santé mais tout aussi bien au sein d’équipes de soins primaires coordonnées par un médecin généraliste, en pôle de santé en collaboration avec un médecin généraliste ou spécialiste. On remarque là les précautions prises par les oratrices pour éviter les craintes superflues de certains médecins qui s’insurgent parfois face à l’idée d’un transfert de compétences jusque-là réservées au seul corps médical. Reste le pan de la recherche infirmière dans lequel elles ont gagné en autonomie. « Jusqu’ici, même si un infirmier proposait un protocole de recherche, celui-ci était sous la tutelle d’un médecin, ce qui n’est plus le cas désormais », se réjouit Pierrette Meury. « Ces IDE ne sont pas novices, leur savoir est à la fois empirique et universitaire », peut-on lire dans cette enquête.