INTERDISCIPLINARITÉ > Comme d’autres modes de prises en charge, les soins palliatifs peuvent bénéficier d’une coopération renforcée des professionnels de santé, au sein de laquelle l’infirmière joue un rôle capital, à condition de savoir “s’acculturer” un peu…
« Seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin », résume Nathalie Favre, cadre en unité de soins palliatifs à l’hôpital des Charmettes, à Lyon (Rhône). Riche d’une expérience préalable à la tête d’un réseau de soins palliatifs à domicile, cette infirmière anesthésiste a témoigné lors de la dernière édition du Salon infirmier, mi-octobre à Paris, de la place que peut occuper la profession dans la pratique pluridisciplinaire des soins palliatifs.
« Les infirmières sont formées à la coordination des interventions soignantes et à l’organisation du travail dans l’interdisciplinarité », rappelle-t-elle, tout en soulignant combien il est essentiel que, dans une équipe, chacun connaisse parfaitement son rôle, mais s’empêche également de juger celui des autres. « Nous nous sommes tous un jour demandé pourquoi un médecin prenait telle ou telle décision sans vraiment savoir comment il faisait pour prendre ces décisions. » Or, sur ce point, le regard de l’infirmière apparaît capital. « Nous sommes porte-paroles du malade et de la famille. Le médecin n’a pas une idée globale de la situation sans notre regard. Nous avons donc la responsabilité de lui transmettre nos informations. »
Au quotidien, les professionnels devront évidemment harmoniser leurs discours, orientations et pratiques. Ce que la cadre définit comme une forme d’acculturation. « Car l’interdisciplinaire, ce sont des connaissances qui s’altèrent mutuellement. » Le terme d’altération n’a pas ici un sens négatif : il renvoie au fait de se départir un peu de sa spécialité pour être plus ouvert à la pratique de l’autre. L’interdisciplinarité consiste aussi à travailler en acceptant les émotions de chacun, sans les nier. « Il est normal de ressentir des choses, il faut apprendre à se les dire au travail et accepter ce que l’autre peut aussi ressentir, souligne la professionnelle. Il est également important de bien se connaître afin d’identifier à quoi les situations professionnelles peuvent nous renvoyer. »
Enfin, travailler ensemble dans des situations complexes comme peut l’être la fin de vie nécessite d’accepter les échecs comme les incertitudes : « Le doute est un moteur de créativité, car quand on ne sait pas, on partage et on cherche. »
→ Sur le site www.saloninfirmier.fr, rubrique Programme, retrouvez, téléchargeables gratuitement en PDF, de nombreux supports de présentation du Salon infirmier 2015. Notamment la conférence sur la consultation infirmière en secteur libéral pour le patient douloureux chronique, dont nous vous parlions dans notre dernier numéro.