L'infirmière Libérale Magazine n° 320 du 01/12/2015

 

MATÉRIEL MÉDICAL

Actualité

Chantal Béraud  

INITIATIVE > D’un côté, un gisement de matériel en déshérence, de l’autre, des familles en difficulté pour s’équiper. La solution : une association du Maine-et-Loire répare, revend ou loue à prix réduit.

« Dans les hôpitaux, maisons de retraite ou à domicile, il y a un gisement énorme de matériel médical inutilisé, souvent en bon état. En parallèle, de nombreuses familles ont du mal à s’équiper. C’est pourquoi nous collectons ce matériel médical usagé », explique Nicolas Écuyer,responsable de l’activité à Envie autonomie Anjou*. Cette association, agréée comme entreprise d’insertion, emploie un technicien expert en maintenance qui, avec six personnes, trie, répare, rénove et remet aux normes du matériel de santé. « L’aseptisation est à la vapeur sèche, une méthode écologique, précise Nicolas Écuyer. Nous récupérons surtout des fauteuils roulants électriques, des lits médicalisés, des équipements de douche ou pour l’hygiène. Car la Sécurité sociale ne rembourse pas tout. »

Arrêter le gaspillage

Une fois réparé, le matériel est mis en vente à prix réduit, assorti d’une garantie d’un an, pièces et main-d’œuvre comprises. « Nos tarifs font entre 30 à 40 % du prix du neuf en moyenne. Nous pratiquons aussi un peu de location. » Et ce, dans toute la France (après un devis transport). Il insiste sur le sérieux de la prestation assurée : « Au préalable, nous vérifions toujours si la personne s’est mise en contact avec un professionnel de santé pour être conseillée, si elle a ouvert ses droits, pour voir s’il n’existe pas pour elle une prise en charge plus avantageuse. » Par ailleurs, un partenariat avec le monde médical est recherché : « Nous sommes déjà en relation avec des ergothérapeutes, des infirmières, l’ADMR [Association à domicile en milieu rural] et l’Union départementale des Sessad [Service d’éducation spéciale et de soins à domicile]. Un directeur d’Ehpad ainsi qu’un délégué général de l’Association des paralysés de France font partie de notre conseil d’administration. Des infirmières pourraient nous y rejoindre. »

Pour l’heure, l’association n’effectue de collecte gratuite qu’en Maine-et-Loire, et parfois dans les départements limitrophes. Elle est soutenue par le conseil départemental, des fonds privés, des fondations. « Nous espérons parvenir à l’équilibre financier au bout de trois ans d’existence, complète Nicolas Écuyer. Quant à l’État, il pourrait peut-être aussi s’intéresser à notre initiative ? Certes, l’Assurance maladie n’envisage pas encore de rembourser du matériel rénové, mais on y viendra peut-être ! L’objectif n’est pas de nous substituer au circuit traditionnel de distribution mais d’arrêter le gaspillage. D’autres associations de notre fédération nationale Envie étudient la possibilité de nous imiter. À Rennes, par exemple, l’équipe se donne un an pour démarrer. » La réflexion avance aussi à Nantes (Loire-Atlantique), Lyon (Rhône), Toulouse (Haute-Garonne) ainsi qu’en Poitou-Charentes.

* www.envieautonomie49.fr et tél. 02 41 34 39 81.