L'infirmière Libérale Magazine n° 321 du 01/01/2016

 

Éditorial

Mathieu Hautemulle  

Après une annus vraiment horribilis en 2015, une année toute poisseuse commencée dans la stupeur et terminée sous les vociférations et crépitations des marchands de haine, on rêve, pour ce premier numéro de 2016, d’une nouvelle page. De l’air ! Du vent ! De la vie ! Voilà ce qu’on vous souhaite, ce qu’on nous souhaite. Une année aussi agréable à traverser que du sable les pieds nus, au bord de la mer, un automne où il ferait beau, comme dans une aquarelle de Marie Laurencin. Une année qui étalerait ses langoureuses tentacules comme un soir d’été, quand la chaleur se vertèbre et qu’il fleuve des ivresses. Oui, exerçons notre droit au rêve. C’est par cette étape qu’on commence à changer le monde. C’est dans ce moment individuel, intime, que se forgent les mouvements collectifs, que meurt l’impossible, que naissent les utopies. Pour la profession infirmière, cela veut dire rêver d’une nomenclature qui ne soit pas autant sujette à des interprétations contraires, et qui rémunère le travail à sa juste valeur. Cela veut dire rêver de règles mieux appliquées, de territoires mieux partagés, en bonne intelligence, et pour le bien du patient, par tous les intervenants à domicile. Cela veut dire encore avoir une ministre vraiment à l’écoute et qui ne se dérobe plus devant les questions de la presse. Cela veut dire un système qui considère de façon égale l’investissement de toutes les professions de santé, et ne prenne plus prioritairement en compte les intérêtsdes médecins. Cela veut dire, enfin, rêver d’une politique qui ne mette plus la Sécu à genoux, mais salue ses bienfaits. Car ce que donne la Sécu est supérieur à ce qu’elle coûte. De l’air, oui, et du rêve. De la part de toute la rédaction, bonne année à toutes et à tous.