Ras-le-bol, fatigue, souhait de revenir au salariat ou de faire d’une autre passion son activité principale, départà la retraite… L’arrêt de l’activité libérale peut se faire sur un coup de tête, mais, si l’idée vous en prend, mieux vaut préparer cette reconversion pour éviter les mauvaises surprises. Et il faut, surtout, ne pas hésiter à s’entourer.
L’envie d’arrêter le métier m’est venue lorsque je me suis rendu compte que je ne passais plus assez de temps avec mes patients, témoigne Yannick Bourdin. Je ne m’y retrouvais plus. » Après onze ans d’exercice infirmier libéral, le manque de relation avec les patients, donc, mais aussi la lourdeur administrative, ce qui est considéré par nombre d’Idels comme des suspicions incessantes des caisses ou encore le temps passé sur la route ont eu raison de lui. Il a raccroché. Aujourd’hui, Yannick Bourdin est brasseur et propriétaire d’une brasserie en Bretagne.
« Tant que le métier booste, fait plaisir et que l’infirmière avale les kilomètres sans s’en rendre compte, elle n’a aucune question à se poser », précise Sylvaine Pascual, fondatrice d’Ithaque coaching et qui se définit comme consultante en plaisir au travail et spécialiste de la reconversion professionnelle. Mais quand on commence à sentir un malaise dans son travail, qu’on ressent une émotion inhabituelle vis-à-vis de son exercice, un sentiment de lassitude morale et physique, il peut être utile de commencer à s’interroger, voire à se poser la question de la reconversion. Chez les Idels, les éléments déclencheurs peuvent être des patients qui agacent, la fatigue, des inquiétudes qui surgissent, un décalage entre la façon de voir le métier et celle dont elles sont amenées à l’exercer. Le projet de reconversion est souvent lié aux conditions personnelles d’exercice du métier, auxquelles s’ajoutent l’inquiétude liée à l’avenir et aux éventuelles conséquences néfastes du projet de loi de santé, ou encore la lassitude par rapport aux articles jugés à charge dans la presse grand public sur les Idels, ou aux conclusions de la Cour des comptes…
Les mauvaises relations au travail peuvent aussi être génératrices d’une volonté de changement. Un changement de pratique, d’équipe ou de lieu d’exercice peut parfois suffire. Virginie Laveuve, par exemple, n’a jamais envisagé de ne plus être infirmière. « J’ai un métier en or. J’ai été libérale pendant seize ans. Cela me plaisait, mais c’était un travail fatigant physiquement et psychologiquement. L’élément déclencheur a été une altercation avec l’une de mes collègues. En août 2014, à mon retour de vacances, j’ai dit stop. » Aujourd’hui, elle travaille comme infirmière du travail à La Poste. « Le changement a été un peu compliqué, notamment parce je ne fais plus de soin, mais je découvre un univers différent. Et je ne travaille plus les week-ends, j’ai des horaires normaux, des congés payés et je retrouve une équipe. Cela me fait du bien ! »
L’ancienne infirmière en psychiatrie Herveline Lavanant est, elle aussi, retournée au salariat, en centre médico-psychologique.?Parmi les raisons de ce revirement figure une trop grande solitude.?Herveline s’est en effet sentie « refroidie » quand est partie l’associée avec laquelle elle venait de fonder un cabinet. Or elle ne désirait pas travailler seule. Jusque-là, comme remplaçante, elle avait déploré le manque de partage, de travail d’équipe et de réflexion au sein des cabinets de la région rennaise où elle exerçait… « Il y avait aussi beaucoup de concurrence, c’était nouveau pour moi… » L’Idel a mis six mois à retrouver un poste à l’hôpital, ce qui lui a laissé le temps d’accepter la situation, car « j’ai été très déçue de l’échec du libéral », dit-elle… même si elle ne s’interdit pas d’y revenir un jour, forte d’une formation en sophrologie.
Les cas de Yannick, Virginie ou Herveline sont loin d’être isolés… Mais attention : « Cela ne veut pas dire que tous ceux qui en ont ras-le-bol se reconvertissent », nuance Sylvaine Pascual. Pour savoir si le désir de reconversion est réel et s’il est nécessaire ou non de franchir le cap, il s’agit de se poser les bonnes questions : qu’est-ce qu’on ne supporte plus dans l’exercice du métier ? Est-ce le fait de dispenser des soins ou la pression ? Est-ce une démarche de fuite ? L’attrait d’un autre métier ? Rien de tel que de commencer par une phase de connaissance de soi et de recherche de ses besoins professionnels. En effet, « pour certaines infirmières, ce n’est pas tant un désir de reconversion qu’elles manifestent, que la volonté de pouvoir exercer le métier dans un autre état d’esprit, constate Christophe Peiffer, ancien infirmier libéral, aujourd’hui coach en relations humaines à Grasse (Alpes-Maritimes). Elles n’en ont pas forcément conscience car la façon dont elles vivent leur métier génère chez elles l’envie d’arrêter, mais au fond, elles sont soignantes ». « On peut comprendre que certaines infirmières aient envie de développer d’autres compétences », rapporte Sylvaine Pascual.
Pour s’assurer du niveau de désir de changement, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner par des professionnels qui, contrairement en général à la famille, peuvent apporter une neutralité nécessaire à la réflexion et vont interroger la personne sur les valeurs professionnelles. C’est en essayant d’identifier une voie de reconversion que l’infirmière peut savoir si ce désir a une origine solide. Mais les proches ont un rôle à jouer à un autre niveau. « Le soutien familial qui sera accordé à la reconversion professionnelle est une dimension dont il faut tenir compte », souligne Sylvaine Pascual. Un parcours de reconversion peut être long, de plusieurs mois à plusieurs années, et semé d’embûches. Le réaliser en présence d’un (e) conjoint (e) qui sans cesse exprime son désaccord peut compliquer la situation.
Pour se donner des idées de reconversion, Sylvaine Pascual encourage à explorer le monde du travail, des secteurs, des formations. L’objectif : « Définir tout ce qu’on souhaite en termes d’environnement de travail, de conviction, de relation, de définition de la réussite », recommande la coach. « Il faut bien se renseigner sur le métier que l’on envisage d’exercer, aller à la rencontre de professionnels qui exercent le métier souhaité, et utiliser les réseaux sociaux comme LinkedIn ou Viadeo pour prendre contact avec eux en ayant préalablement préparé des questions pertinentes, ajoute Anne Quélennec, psychologue du travail en Bretagne. Généralement, les gens sont prêts à parler de leur métier. » Un conseil partagé par Claire Di Bartolomeo, également psychologue du travail, à Lyon (Rhône). « Il ne suffit pas de réfléchir dans sa tête, il faut aussi éprouver et exercer sur le terrain pendant des périodes de congé ou de disponibilité. » Chaque réflexion est individuelle. « Certaines personnes sont en mesure de faire quatre ans de sacrifices pour reprendre des études alors que d’autres souhaitent une formation plus courte », note Sylvaine Pascual.
Florent Khoudair, infirmier libéral à Marseille (Bouches-du-Rhône) depuis 2005, prépare actuellement sa reconversion. Attiré depuis longtemps par l’univers artistique et le tatouage, il a commencé à s’intéresser à cette pratique après un voyage en Polynésie, tout d’abord dans un but médical, pour “recouvrir” des cicatrices. Mais le côté artistique a rapidement pris le dessus. « En parallèle de mon exercice libéral, je me suis formé, sur mon temps libre, auprès d’un tatoueur et j’ai suivi une formation obligatoire en hygiène à l’hôpital de Toulon » (Var). Il a ensuite acheté un local avec d’un côté son cabinet d’infirmier et de l’autre son salon de tatouage, deux activités bien séparées. Aujourd’hui, il pense sérieusement à arrêter l’activité infirmière pour se consacrer au tatouage. Notamment pour des raisons de santé puisqu’il a subi plusieurs accidents pendant sa tournée et qu’il souffre de deux hernies discales. « Et surtout j’en ai marre de cotiser, de payer des charges et de me rendre compte que je ne suis pas bien couvert lorsque je suis en arrêt maladie ! »
L’aspect financier peut constituer un frein à une reconversion comme au départ à la retraite. Dans ce second cas, pour maintenir un certain niveau de vie, il ne faut pas attendre le dernier moment pour mettre éventuellement en place un contrat Madelin (qui permet d’apporter un complément de retraite aux versements de la Carpimko, avec une déduction fiscale), ou investir dans l’immobilier, pour celles que cette option tente. Pour tout projet de changement de pratique professionnelle (lire aussi l’encadré ci-dessous), l’infirmière doit se demander ce qu’elle est capable de mettre en œuvre financièrement avant de se lancer, parce que toute insécurité non anticipée sera génératrice de stress. En filigrane, la crainte de perdre une sécurité financière et un certain niveau de revenus fait blocage. Bien entendu, une reconversion peut induire un réel coût financier lié à la reprise d’études, à l’arrêt d’un métier pour repartir de zéro. « Mais, pour ceux qui font ce choix en toute conscience, leur situation nouvelle n’a pas de prix », estime Claire Di Bartolomeo. « Lorsqu’on ressent un sentiment de lassitude dans l’exercice de son métier, il peut aussi être utile de calculer le coût de la situation pénible vécue, ajoute la psychologue du travail. Prise de médicaments, psychothérapie, addictions, problèmes de couple… Cela permet de voir concrètement le coût du mal-être. Réduire ce coût peut se faire en acceptant d’investir d’une autre manière. »
« Pour me lancer, outre mes parts de patientèle, nous avons vendu notre maison pour en acheter une moins chère et j’ai vendu ma voiture ainsi que ma moto, témoigne pour sa part Yannick Bourdin. Il fallait monter un capital. C’était beaucoup de sacrifices mais je n’y pense plus maintenant. » Et d’ajouter : « J’ai retrouvé le contact que j’avais perdu avec les gens et je fais un métier que j’aime. J’ai privilégié mon bien-être. » Même sentiment chez Virginie Laveuve, même si les sacrifices ont été davantage subis car sa reconversion, de son propre constat, n’a pas été préparée. « Quand on souhaite arrêter l’exercice libéral, il faut pouvoir suivre financièrement. J’ai vendu ma maison et je me suis installée chez mon compagnon, qui m’a aidée dans toute ma démarche et m’a soutenue psychologiquement, car je n’avais rien préparé. Aujourd’hui, j’ai gagné en qualité de vie, mais quand on s’arrête sans un minimum d’argent de côté, cela reste très compliqué. » Anticiper, c’est ce qu’a fait Christophe Peiffer, désormais coach en auto-entreprenariat. « Je me suis organisé dès le début de mon exercice libéral, témoigne-t-il. J’ai suivi le conseil de mes pairs en mettant de côté la moitié de mes encaissements liés à mon activité d’infirmier, pour payer mes charges. Je n’ai donc pas été pris au dépourvu. Il faut travailler dans l’anticipation. La reconversion se prépare et se construit, elle se fait plus difficilement sur un coup de tête. »
François Thomas, Idel à Vélizy-Villacoublay (Yvelines)
« J’ai exercé pendant trente ans à l’hôpital et, en 2002, j’ai commencé une activité libérale. J’ai tout de suite rencontré un courtier en assurance qui m’a parlé du contrat Madelin. Cet aspect financier est important, car la retraite versée par la Carpimko est modique. Actuellement, je vis avec ma retraite de salarié que je touche depuis 2012, et l’argent de mon activité libérale finance mon contrat Madelin et paie mes charges. À la retraite le 1er avril 2016, je cumulerai alors mes deux retraites. Mais je vais essayer de faire une activité libérale dans un laboratoire à mi-temps, le matin, pour rester au contact du patient et reculer la perception de ma retraite Madelin. J’ai des collègues qui organisent leur retraite tout seul. Mais avoir un expert-comptable, c’est une sécurité et un gain de temps. Je sais que ma retraite se passera bien. Le plus difficile sera de me priver de la relation avec les patients. Mais je n’appréhende pas cette situation car je réfléchis à faire du bénévolat. Je ne vais pas rester sans rien faire si ma santé suit. »
L’accompagnement est nécessaire pour certaines Idels lors du départà la retraite, qui peut être vécu comme un moment subi.« C’est souvent l’angoisse du vide qui prend une place importante, observe Anne Quélennec, psychologue du travail. Les futurs retraités se demandent ce qu’ils vont faire de leur temps libre. » « Préparer sa retraite, c’est aussi préparer un avenir qui est la suite et la fin de leur vie, et ce n’est pas toujours évident », complète Claire Di Bartolomeo, également psychologue du travail. Si certaines personnes vivent très bien ce moment qu’elles attendent depuis longtemps, d’autres, qui ont refusé d’y penser, se trouvent devant le fait accompli sans avoir l’impression d’avoir choisi cette nouvelle vie, ce qui peut être source de dépression. Il est donc important de faire un point, pour prendre conscience de ses ressources personnelles, pour envisager des projets, des activités et ainsi voir la retraite comme un choix. Anne Quélennec conseille aux infirmières de faire un bilan des activités qu’elles apprécient, qu’elles ne pouvaient pas exercer pendant leur vie active et qu’elles pourraient faire maintenant. « Il faut anticiper la retraite, réfléchir à la situation que l’on souhaite mettre en place », poursuit Claire Di Bartolomeo.
Qu’est-ce qui conduit aujourd’hui les infirmières à se reconvertir ?
Elles voient leurs conditions de travail évoluer. Il s’agit d’un métier déjà contraignant, et difficile physiquement. Avec le développement de la chirurgie ambulatoire, les services hospitaliers se déchargent sur les infirmières libérales pour les soins de suite. Elles ont beaucoup plus de complications à gérer. Pour une profession déjà très dévouée qui ne compte pas ses heures, cela demande de réorganiser son temps de travail, la gestion des soins, la vigilance, et de développer des relais. Pour une infirmière libérale, bien gagner sa vie se fait parfois au détriment des conditions de travail.
Comment s’assurer du désir de reconversion ?
Il faut faire le point sur le degré d’intérêt que l’on porte à son métiercar certaines infirmières ont débuté lorsqu’elles étaient jeunes et se rendent compte, après dix, quinze ans de pratique, qu’elles aimeraient faire autre chose. Il faut s’assurer, dans sa réalité d’aujourd’hui, qu’on a toujours enviede faire ce métier car l’exercice est parfois loin de l’image d’Épinal. Il y a beaucoup de tâches qui prennent le pas sur le temps relationnel et cela peut constituer une vraie souffrance. Des critères vont permettre de décider s’il faut changer de métier ou uniquement sa façon de l’exercer. Pour certaines, il suffit de réactiver leur apprentissage pour se sentir utiles et actives.
« Les infirmières libérales se font souvent une montagne d’un arrêt d’activité, mais c’est une légende urbaine de croire qu’il faut mettre de l’argent de côté pendant deux à trois ans », affirme David Hivin, expert-comptable, qui leur conseille tout de même de se faire aider par un professionnel.
Reprenons point par point. Les cotisations Urssaf sont payées d’avance. Au 31 décembre, l’Idel a payé les acomptes de ses cotisations sociales sur la base de l’année n-1. Il n’y aura de régularisation que si elle a gagné davantage lors de l’année n. « Pour ne pas avoir de mauvaises surprises, il est conseillé aux Idels de respecter une règle d’or qui consiste à ne prendre en salaire que 50 %des encaissements perçus. Les autres 50 % serviront alors à régler les frais professionnels, les charges sociales provisionnelles n et les éventuelles régularisations n+1. » Pour la Carpimko, l’Idel a payéen 2015 les cotisations sur la basedu bénéfice de 2013. Si elle a arrêté son exercice courant 2015, il n’y aura pas de régulation, ni sur 2014, ni sur 2015. Pour les impôts, il est possible de demander une modification des acomptes en cas de baisse du revenu. Enfin, pour les assurances, les Idels qui ont des contrats de prévoyance peuvent arrêter de payer avant la date-anniversaire en fournissantà l’assureur un justificatif d’arrêt de l’exercice du métier. Pour le contrat Madelin, si elles n’exercent plus, elles peuvent continuer à l’alimenter, mais elles ne bénéficieront plus de la réduction d’impôt.
Sadia Busson, ancienne Idel, propriétaire de la Klinik du piercing à Caen et Rouen (Haute et Basse-Normandie)
« Dès la fin de mes études, je me suis installée en libéral en région parisienne. Après plusieurs années de pratique, j’ai revendu mes deux cabinets pour déménager à Houlgate où j’en ai monté un nouveau, ainsi qu’un institut de beauté à Cabourg. En parallèle, avec mon mari, nous avons ouvert deux restaurants, à Houlgate et à Cabourg. Mais le décès de mon père a été un choc terrible, qui a entraîné une grande remise en question. Je ne pouvais plus continuer mon métier d’infirmière avec cœur, au contact de personnes qui se plaignaient pour de petites choses. J’ai arrêté après vingt et un ans de pratique en 1999. Nous nous sommes installés à Caen, où j’ai ouvert un nouvel institut de beauté, et proposé par la suite le piercing et le tatouage. Cela a très bien marché. Aujourd’hui, j’ai un centre à Caen et un autre à Rouen. J’ai aussi créé un organisme de formation habilité par le ministère de la Santé pour le tatouage, le maquillage permanent et le piercing. Je suis satisfaite de ma reconversion. Tout s’est fait de manière naturelle. »
Françoise Chalade, ancienne Idel, propriétaire de chambres d’hôte à Perpignan (Languedoc-Roussillon)
« Au début de mon exercice libéral, vers mes 30 ans, j’ai décidé que j’arrêterais mon métier vers 50 ans pour me consacrer à une autre activité. J’ai donc commencé à me constituer une retraite complémentaire en investissant dans l’immobilier avec le rachat d’un immeuble pour faire des chambres d’hôtes. Mais, en 2008, à quelques jours de la fin du remboursement de mon prêt et de mes nouveaux projets, un pyromane a mis le feu à l’immeuble. Ma reconversion était un projet très pensé et l’incendie s’est chargé de tout gâcher. Je me suis retrouvée sans rien, j’ai donc recommencé une tournée que j’ai arrêtée en novembre 2011 à 54 ans. En parallèle, j’ai rebâti l’immeuble, j’ai réhabilité une maison pour en faire un restaurant, ainsi qu’un mas en centre-ville pour faire un gîte. Rien ne s’est passé comme prévu, mais j’y suis arrivée. L’aspect financier, il faut vraiment le mesurer. Désormais, je vis de mes revenus fonciers et des chambres d’hôte. J’ai perdu 1 500 euros de revenus mensuels par rapport à mon métier d’infirmière. Mais je fais ce qui me plaît et j’ai toujours ce contact avec les gens. Comme ils ne sont pas malades, je ne fais plus l’éponge ! »