Utilisés depuis le XIXe siècle, les médicaments homéopathiques sont largement prescrits, seuls ou en association. Tout professionnel de santé doit donc en connaître les bases.
L’homéopathie, du grec homoios (sembable) et pathos (maladie/souffrance), est une méthode thérapeutique fondée par le médecin allemand Samuel Hahnemann au début du XIXe siècle. Au contraire de l’allopathie (thérapeutiques “conventionnelles” où une substance active est administrée dans le but de contrer un trouble de l’organisme), l’homéopathie vise à traiter un symptôme/une maladie par l’administration de très petites doses de substances susceptibles de provoquer des symptômes analogues chez un sujet sain. Un principe général souvent vulgarisé par “traitement du mal par le mal”.
L’homéopathie repose généralement sur trois grands axes.
Le principe selon lequel l’individu malade peut être soigné par des doses extrêmement faibles (infinitésimales) d’une substance qui provoque des symptômes équivalents chez le sujet sain s’appuie sur le parallélisme d’action entre la toxicologie d’une substance et son pouvoir thérapeutique. En d’autres termes, ce qui peut rendre malade à forte dose peut guérir à faible dose (des doses infinitésimales de venin d’abeille luttent contre les symptômes dus aux piqûres d’insecte).
Le principe de similitude implique d’utiliser des concentrations très diluées de la substance active, au-delà des limites de la matière (il n’en subsiste parfois aucune trace moléculaire).
Lors du procédé de fabrication, chaque dilution successive est suivie d’une période d’agitation prolongée ou “dynamisation”.
Malgré de nombreuses hypothèses et des recherches menées depuis des années, le mécanisme d’action éventuel de l’homéopathie reste inconnu, alimentant la controverse entre partisans et opposants.
Oui, les médicaments homéopathiques sont définis selon le Code de la santé publique (article L.5121-1) comme « tout médicament obtenu à partir de substances appelées souches homéopathiques, selon un procédé de fabrication homéopathique décrit par la pharmacopée ». Pour être commercialisés, ils doivent obtenir de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé un enregistrement ou une autorisation de mise sur le marché. Après commercialisation, ils sont soumis comme tout médicament à la pharmacovigilance pour surveillance d’effets indésirables éventuels.
Les matières premières dites “souches” d’origine végétale (chélidoine, camomille…), animale (venin d’abeille) ou minérale (silice) sont sélectionnées, contrôlées puis mises à macérer dans l’alcool, donnant ainsi, après filtration, la teinture mère homéopathique. Cette teinture mère subit ensuite des dilutions successives suivies d’une dynamisation jusqu’à la hauteur désirée. Enfin, la dilution obtenue est imprégnée sur un support neutre type granule.
On distingue trois types principaux de médicaments homéopathiques :
→ les médicaments à nom commun sont désignés par le nom latin de la souche utilisée et la hauteur de la dilution (voir encadré page ci-contre) sans notion d’indication, de posologie ni de notice, car ils peuvent être prescrits pour des indications diverses et de façon individualisée. À savoir : certaines formules de prescription courante contiennent une association de plusieurs souches ou dilutions (ex : Aconitum composé) ;
→ les préparations magistrales homéopathiques prescrites et fabriquées pour un patient donné ;
→ les spécialités ou médicaments homéopathiques à nom de marque qui associent généralement plusieurs souches homéopathiques. Elles sont formulées avec une ou des indications thérapeutiques précises, une posologie, une notice, et sont plus particulièrement utilisées en automédication (Stodal, Camilia, Coryzalia, Oscillococcinum…).
Les formes les plus courantes sont les granules (présentées en tube à prise multiple) et les globules (en tube à prise unique) administrés par voie perlinguale (à laisser fondre dans la bouche) ou après dilution dans un peu d’eau. Les autres formes possibles sont les gouttes buvables, comprimés, pommades, gels, sirops, suppositoires…
Tous les médecins, qu’ils soient homéopathes ou non, ainsi que les sages-femmes, depuis octobre 2011, pour les pathologies liées à la grossesse. Les médicaments homéopathiques peuvent également être conseillés par les pharmaciens dans le cadre de nombreuses indications en automédication.
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Seuls les médicaments homéopathiques à nom commun et les préparations magistrales peuvent être remboursés par l’Assurance maladie au taux de 30 %, sur prescription.
Les médicaments homéopathiques peuvent être prescrits ou conseillés, seuls ou en association avec des médicaments allopathiques, dans la plupart des affections aiguës ou chroniques pour lutter contre une manifestation de la pathologie ou un terrain individuel (atopie, anxiété…). Ils sont prescrits de plus en plus souvent en cancérologie, conjointement aux traitements anticancéreux spécifiques, en “soins de support”, c’est-à-dire non pour traiter la maladie mais pour aider les malades à mieux supporter les effets indésirables de la chimiothérapie (mucites, nausées chimio-induites…), de la radiothérapie (radiodermites) ou de l’hormonothérapie (douleurs musculo-squelettiques).
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L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts.
Dans notre numéro de février, nous évoquerons l’usage de l’homéopathie dans différentes indications.
(1) D’après les résultats de l’étude transversale EPI3 conduite entre 2006 et 2010 auprès de 825 médecins généralistes et de 8 559 patients. Pour en savoir plus, consulter les références du programme via le lien 1.usa.gov/1IS9KG5.
(2) Rodrigues, Annals of oncology, vol. 21, suppl. 8, octobre 2010 (bit.ly/1lOHbzs).
Homéopathie et phytothérapie, c’est pareil ?
Non. Si certaines souches qui entrent dans la composition des médicaments homéopathiques sont d’origine végétale, le principe de l’homéopathie diverge de celui de la phytothérapie. La phytothérapie ne s’appuie pas sur les principes de similitude ni de doses infinitésimales (très hautes dilutions), mais sur le principe allopathique, soit l’administration de principes actifs d’origine végétale à dose capable de contrer les effets de la maladie (ex : action de l’aubépine dans les troubles du sommeil légers).
Certains tubes sont marqués CH, d’autres DH ou encore K : pourquoi ?
Ces lettres, qui font référence à la dilution, varient selon le procédé de dilution utilisé. Dans la méthode Hahnemann, chaque dilution successive se fait dans un flacon différent après transfert de la solution qui est diluée dans l’alcool au dixième (DH) ou au centième (CH). Dans la méthode Korsakov, chaque dilution successive se fait dans le même flacon après prélèvement à la pipette de la solution (K).