REPRÉSENTANTS > Un vent de mécontentement agite les professions de santé libérales. Après les médecins mi-octobre, les pharmaciens, les kinésithérapeutes et les dentistes ont voté aux URPS et se sont tournés plus nombreux vers des syndicats plus critiques et revendicatifs.
Après les médecins libéraux mi-octobre (lire notre numéro de novembre), ce sont les dentistes, les pharmaciens et les kinésithérapeutes qui ont désigné leurs représentants syndicaux aux Unions régionales des professionnels de santé (URPS). Les URPS participent à la politique régionale de santé. Mais ces élections déterminent aussi le rapport de force syndical en vue des prochaines négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie. Et l’état d’esprit est la contestation de la politique conduite jusqu’ici. Mi-octobre, les voix des médecins libéraux se sont détournées de leur syndicat historique, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), en faveur de syndicats plus vindicatifs et critiques de la politique conventionnelle. Les masseurs-kinésithérapeutes, les dentistes et les pharmaciens leur ont emboîté le pas. Les résultats dévoilés vendredi 11 décembre rebattent assez largement les cartes du paysage syndical.
Le taux de participation chez les masseurs-kinésithérapeutes est très bas, à 24,08 %, en retrait de 4,7 points par rapport aux élections de 2010. Le syndicat jusqu’ici majoritaire, la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs, chute quant à lui de 12,5 points et tombe à 43 % des suffrages. Il est détrôné par l’Union syndicale des masseurs-kinésithérapeutes libéraux, qui remporte 44 % des voix. Ce syndicat s’est fait élire sur des revendications de revalorisations des tarifs (au moins 20 euros l’acte), un accès direct sans prescription médicale, un encadrement de la démographie décidé par la profession et non imposé par les pouvoirs publics. Il est également opposé à la généralisation du tiers payant, pourtant largement pratiqué par les kinésithérapeutes.
Chez les dentistes, le taux de participation est plus important (44 %), mais également en baisse de 2 points. Là encore, le premier syndicat pendant quatre-vingt ans, la Confédération nationale des syndicats dentaires, perd 13 points (37 % des voix). Il est détrôné par la Fédération des syndicats dentaires libéraux (FSDL), qui recueille 39 % des suffrages. La FSDL est très vindicative contre les réseaux de soins développés par les complémentaires santé pour encadrer leurs tarifs non remboursés par la Sécurité sociale. Elle est également opposée au tiers payant généralisé. Au final, la FSDL défend les grands principes de l’activité libérale : libre choix du patient, liberté thérapeutique et paiement direct entre le patient et le praticien.
Chez les pharmaciens, deux syndicats (et non plus trois) sont désormais représentatifs nationalement et pourront participer aux futures négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) est la seule à conserver sa première place, avec 48 % des suffrages des pharmaciens. Mais elle est en recul de 10 points, quand l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) progresse de 13 points (42,59 %). La FSPF prend donc également acte du « désarroi de la profession face à l’aggravation des difficultés économiques de l’officine ». Pour la Fédération, ce sont « les plans d’économie sur le médicament » et le retard dans le développement de nouvelles rémunérations qui expliquent son revers et, à travers lui, le rejet de la politique conventionnelle conduite depuis 2010. La FSPF réclame une déconnexion des revenus des pharmaciens du prix du médicament, grâce au développement d’un honoraire de dispensation forfaitaire. L’USPO est sur des propositions proches, mais souhaite inscrire un peu plus le pharmacien dans l’offre de soins de premier recours, notamment auprès des personnes âgées en Ehpad et des malades chroniques, en coopération étroite avec les médecins ou les infirmières libérales.
→ Élections URPS-IDELS
Les infirmières libérales, elles, éliront leurs représentants dans les Unions régionales des professionnels de santé le 11 avril. L’élection était aussi prévue en décembre mais a été reportée au terme d’un immense imbroglio concernant les listes d’infirmiers électeurs (lire p. 10 dans notre numéro 318 d’octobre). Nous reviendrons dans notre numéro de mars sur le rôle et le bilan des URPS, et les listes en présence.