EN IMAGES > Le dessin fait partie de l’ADN de L’Infirmière libérale magazine. Il était donc légitime que nous le mettions à l’honneur, un an après le meurtre de plusieurs dessinateurs. Sur le mode de la fameuse rubrique de Charlie-Hebdo, “les couvertures auxquelles vous avez échappé”, nous donnons ici de l’espace et la parole à Soulcié, auteur depuis deux ans de notre “dessin du mois” sur l’actualité des Idels.
Thibaut Soulcié : Je ne me sers pas vraiment des actes infirmiers, ni du matériel, je préfère montrer des Idels dans leur quotidien. Ce qui fait l’essence du monde infirmier libéral, selon moi, c’est : prendre soin d’une personne chez elle, avoir une tournée et gérer son travail en indépendant. Ma mère est factrice, pour moi c’est assez proche. Souvent les Idels et les facteurs sont les seuls à rendre visite aux personnes âgées. Pour le côté libéral, je le suis moi-même, comme dessinateur…
T. S. : Les belles réformes sans moyens. Sortez de l’hôpital, vive l’HAD, mais y’a pas de sous ! Non aux déserts médicaux, faites des maisons de santé, mais débrouillez-vous. Enfin, c’est ce que je comprends. L’Ordre infirmier, c’était assez drôle aussi à illustrer.
T. S. : Une chapelle inaccessible. J’ai essayé très fort d’y rentrer après mes études, Tignous [assassiné en janvier 2015, NDLR] m’y avait reçu, et aiguillé. Pour différentes raisons, cela ne s’est jamais fait. Tant mieux, j’ai découvert d’autres choses. Au moment des attentats, je me suis rendu compte que j’étais réellement un dessinateur de presse, même sans dessiner à Charlie, et que les dessinateurs de presse étaient une toute petite famille.
T. S. : Ça baisse ! On peut travailler pour la presse, mais en ce qui concerne le dessin de presse d’actualité politique, il y a très peu de place. Très peu de journaux en publient. C’est bien dommage : en ces temps troublés, il en faudrait justement beaucoup plus !
Retrouvez aussi le portrait d’un aide à domicile devenu dessinateur (p. 64) et notre sélection de livres en lien avec Charlie-Hebdo (p. 66)
Voilà sept ans que Thibaut Soulcié dessine, principalement pour L’Équipe, Marianne, La Revue dessinée, Télérama.fr, Fakir, et, depuis février 2014… notre magazine. Il en vit, si on inclut un travail de graphiste salarié deux jours par semaine. Dans nos colonnes, il réalise le “dessin du mois”, à partir de pistes d’actualité que nous lui suggérons. C’est un temps de détente dans le rush du bouclage : quand Thibaut nous envoie ses multiples “roughs”, ou esquisses. Nous retenons subjectivement le croquis le plus drôle et/ou pertinent, celui qui correspond le mieux à l’humeur infirmière et à notre identité – nous ne sommes pas un journal satirique. Voici quelques ébauches qui n’avaient pas été retenues ou qui nécessitaient ce petit mot d’accompagnement… Burn-out des Idels, Cour des comptes, tentatives d’influence de laboratoires dans le domaine de la santé et sur la presse… (dessin réalisé pour notre dossier de novembre), rivalités féroces entre syndicats : parfois, le poil gratte. À vous de juger !
M. H.