Idel dans le Pas-de-Calais, Sandra Dupuis, 38 ans, fait partie des nombreux professionnels de santé à utiliser quotidiennement le réseau social Twitter comme un outil d’échanges pluridisciplinaires et de formation continue.
« Avant de devenir libérale, je travaillais aux urgences. Si l’hôpital ne me manque pas, le travail en équipe, les débriefings, si. Mon conjoint, qui est un “geek”, m’a conseillée de m’inscrire sur Twitter, ce réseau social où l’on échange des informations en 140 signes, mais aussi des photos, des articles, etc. Je suis inscrite depuisjanvier 2013 sous le nom @dupuis_sandra. Et je tweete tout le temps, c’est addictif. Je ne suis pratiquement que des comptes de professionnels de santé. Nos échanges sont surtout professionnels. C’est un super outil pour se tenir à jour : chacun ayant son domaine de prédilection, nous échangeons nos informations, nous nous tenons au courant des formations, nous partageons des livres, des articles. Et je n’hésite pas à solliciter mes contacts quand une prescription me paraît étrange, quand j’ai un doute sur une pathologie. Un neurologue présente des cas cliniques sur son blog, auxquels tout le monde peut participer. Il a fait par exemple un super point sur la maladie de Parkinson, que l’on gère à domicile. De leur côté, des médecins hospitaliers m’interrogent souvent sur le retour à domicile. Je suis moi-même spécialisée sur les plaies et cicatrisation : formée via le DPC, je participe aux congrès et, avec un autre infirmier, nous avons même rédigé un document à destination des médecins généralistes. Je suis sollicitée environ une fois par semaine sur le sujet : le professionnel m’expose le cas et m’envoie une photo, toujours en message privé, par respect du secret professionnel. Par ailleurs, avec des médecins, une aide-soignante et une sociologue (lire l’encadré), je participe aussi au comité d’organisation de @MedEdFr, un chat qui a lieu sur Twitter tous les jeudis soir et le premier mardi du mois et où nous discutons d’un thème défini à l’avance. Tous ces échanges peuvent donner lieu à des rencontres dans la vie réelle, par exemple au Salon infirmier. Certains de mes interlocuteurs sont même devenus des amis. Twitter, c’est un peu notre monde de “bisounours” : on est tous des idéalistes, on a tous envie d’aller plus loin dans notre pratique, de rencontrer d’autres professionnels, de faire bouger les choses. On abat le clivage entre les professions de santé. »
Plus d’informations sur le mot-clé Twitter #doctoctoc sur notre site espaceinfirmier.fr en date du 5 janvier (lien raccourci : bit.ly/1nnpxmK).
Elvire Bornand, sociologue, chercheuse associée au Centre nantais de sociologie
« J’enseigne comme sociologue dans des écoles d’infirmières, de sages-femmes… Je cherchais de nouvelles formes d’enseignement, moins descendantes, plus participatives et pluridisciplinaires. J’ai découvert sur Twitter @MedEdFr, qui s’inspire d’un chat américain dédié à l’enseignement en santé. Au comité d’organisation, nous décidons d’un thème et nous modérons la discussion chaque jeudi soir. Au départ, participaient surtout des médecins généralistes, rejoints par des infirmières, des étudiants et même des patients. Les sujets sont ouverts à tous : relation de soin, équilibre entre technicité et empathie, relations au sein de l’équipe, etc. Les choses se disent plus facilement que dans la réalité. Chaque semaine, une vingtaine de participants échangent 400 tweets. »