ENVIRONNEMENT > Sous l’égide de son Agence régionale de santé (ARS), une association d’Idels a recueilli des données sur les éventuelles conséquences d’une pollution aux métaux lourds.
Lieu de nombreuses exploitations minières fermées aux alentours des années 1970 ou 1980, le secteur d’Anduze (Gard) concerne cinq communes et 2 800 habitants. Une enquête sanitaire a été diligentée par l’ARS du Languedoc-Roussillon, en lien avec l’Institut national de veille sanitaire, du 12 octobre au 29 décembre, pour faire un état des lieux.
Basée sur le volontariat des habitants de la zone, l’étude, portant sur le plomb, le cadmimum et l’arsenic, comportait un prélèvement sanguin, un recueil d’urines, mais aussi deux questionnaires, un par personne et un par famille. Dans ces documents, figuraient des questions sur les habitudes de vie afin d’affiner les résultats de la recherche. Généralement effectués dans des lieux dédiés de chaque commune, les prélèvements et le remplissage des questionnaires ont parfois eu lieu au domicile des habitants lorsque ceux-ci ne pouvaient pas se déplacer. Des sessions ont également été organisées certains samedis matins pour ceux qui n’étaient pas disponibles en semaine.
Averties par voie de presse, courrier ou réunions, et âgées de 2 à 90 ans, 671 personnes se sont rendues aux rendez-vous proposés par l’ARS pour une durée d’environ trente minutes à une heure. Une organisation à laquelle ont participé 32 infirmiers volontaires dont l’une n’a pas hésité à faire régulièrement les 80 kilomètres qui la séparaient des lieux de l’enquête. L’ARS, chargée du recueil des demandes de rendez-vous et de l’accueil sur place, avait pour cela délégué la gestion des infirmiers libéraux à l’Ailba, la dynamique Association des infirmiers libéraux du bassin alésien. …
Séverine Janonet, secrétaire de l’association, était l’une des deux personnes chargées du planning de disponibilité des infirmiers : « Chaque jour, en fonction du nombre de rendez-vous du lendemain, on réajustait avec eux le nombre de personnes dont nous avions besoin. Il est parfois arrivé que nous devions annuler la venue d’untel mais cela n’a jamais posé de problème. Tout s’est fait de manière harmonieuse », se réjouit-elle. Même discours chez Cathy Bellay, une des infirmières volontaires. Formée en éducation thérapeutique, elle a dédié une quinzaine de demi-journées au projet et en tire une grande satisfaction, liée notamment « au relationnel avec les collègues. C’était très différent de ce qu’on fait habituellement. Et se sentir en coopération avec les décideurs de santé est vraiment intéressant. Nous avons collaboré en harmonie. Je le referais demain », confie-t-elle.
À noter que les infirmières ont perçu 30 euros pour chaque entretien de trente à quarante-cinq minutes par patient, en plus de la prise de sang rémunérée au tarif de la nomenclature.
En cours de mission, ont été relevées les réactions à chaud de quelques habitants agacés et se sentant abandonnés face à ce problème depuis de trop nombreuses années.
Les habitants réclamaient en effet une étude sur les éventuelles conséquences sur la population d’une pollution aux métaux lourds. France 3 a d’ailleurs consacré, le 20 janvier, un numéro de Pièce à convictions sur la “pollution cachée” dans cette région. « Il n’existe aucune étude officielle, même si, pour les scientifiques, le lien entre le nombre élevé de cancers dans cette région et la pollution ne fait aucun doute », indique la chaîne.
Les résultats de l’enquête inédite menée avec Ailba, eux, devaient être connus à la fin du mois de janvier et envoyés directement aux personnes concernées et à leur médecin traitant s’ils en ont accepté le principe dans le formulaire d’inscription. « L’objectif du dispositif de surveillance sanitaire est de révéler d’éventuels problèmes de santé pouvant être associés aux polluants contenus dans les sols afin de proposer, si nécessaire, une prise en charge médicale aux personnes concernées. En outre, les résultats pourront permettre de mieux décrire localement les facteurs d’exposition et ainsi de conforter et de mieux cibler les mesures de prévention », indiquait l’ARS en mai.