NÉGOCIATIONS > Si les pharmaciens ont fini par trouver un accord avec l’Assurance maladie, il n’en sera peut-être pas de même pour les médecins.
Le rythme des négociations conventionnelles entre l’Assurance maladie et les professionnels de santé libéraux ne faiblit pas. Le 22 décembre, les pharmaciens ont signé un nouvel avenant à leur convention qui renforce la diversification de leurs missions et la part de leurs rémunérations sur objectifs de santé publique.
Depuis 2012, les pharmaciens perçoivent 40 euros par an et par patient sous anti-vitamine K qu’ils conseillent dans le suivi de leur traitement lors d’au moins deux entretiens pharmaceutiques par an. L’avenant 8 signé fin décembre élargit ce dispositif aux patients sous anticoagulant oral par voie directe et aux patients asthmatiques. Les pharmaciens perçoivent également une rémunération forfaitaire lorsqu’ils atteignent un objectif de substitution des médicament princeps par un générique : l’objectif a été relevé de 85 % de substitution à 86 %. Le taux moyen actuel de substitution est de 83,3 %. Mesure plus technique : les pharmaciens s’engagent contre rémunération à télétransmettre les feuilles de soins électroniques en indiquant le numéro d’identification des prescripteurs hospitaliers. L’Assurance maladie explique ainsi pouvoir mener des « actions en faveur de la pertinence des prescriptions hospitalières ».
Les réactions des syndicats de pharmaciens sont mitigées. Le premier d’entre eux, la Fédération des syndicats pharmaceutiques français, rappelle qu’il est attaché « à la diversification des missions du pharmacien ». Il souligne cependant que les officines sont confrontées à « l’aggravation des difficultés économiques, compte tenu de l’impact des baisses de prix [de médicaments] prévues en 2016 ». Autrement dit, le développement des rémunérations sur objectifs de santé publique ne compense pas la baisse constante des prix des médicaments. Même analyse pour l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine. L’USPO réclame l’ouverture rapide de nouvelles négociations sur la création d’un forfait fixe pour le pharmacien dans le prix du médicament.
Côté médecins, les négociations pour la future convention médicale, dont la durée est de cinq ans, doivent s’ouvrir début mars dans un climat conflictuel. La ministre de la Santé Marisol Touraine en a fixé les objectifs dans un courrier adressé au président de l’Union nationale des caisses d’Assurance maladie : une évolution des tarifs qui prenne en compte « l’évolution de l’exercice libéral, avec des patients plus âgés et des consultations plus longues », des mesures de maîtrise des dépassements d’honoraires « pérennisées et amplifiées », des actions pour réduire les délais d’attente ou encore pour promouvoir la vaccination et le dépistage. Le 21 janvier, le conseil de l’Union nationale des caisses a adopté les orientations du directeur de la Sécu Nicolas Revel en vue de la négociation. En octobre, celui-ci avait prévenu : « Nous ne pourrons pas tout financer, il faudra faire des choix et fixer des priorités. »
Les deux principaux syndicats de médecins ont déjà entamé un mouvement de revendication tarifaire. MG France demande « l’équité tarifaire » avec les spécialistes, soit une consultation à 25 euros. La Confédération des syndicats médicaux français réclame pour tous les médecins une consultation à 30 euros et les appelle même à « la désobéissance tarifaire en augmentant le tarif de la consultation et en pratiquant des dépassements d’honoraires en fonction du contenu et des actes ».