Le Paerpa au pilori - L'Infirmière Libérale Magazine n° 323 du 01/03/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 323 du 01/03/2016

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

Géraldine Langlois  

CRITIQUES > L’Union nationale des professionnels de santé estime, chiffres à l’appui, que l’extension du dispositif n’est pas justifiée. Elle suspend sa participation au comité national de pilotage.

L’UNPS (Union nationale des professionnels de santé) a annoncé en février son retrait du comité national de pilotage de Paerpa, le projet pour personnes âgées en risque de perte d’autonomie. Il est expérimenté depuis septembre 2013 sur neuf territoires (lire nos numéros 302 et 309) et le comité de pilotage en a décidé récemment l’extension aux régions métropolitaines. C’est la goutte qui fait déborder le vase, pour l’UNPS. Tout d’abord parce que « ce projet ne marche pas, estime-t-elle. Les chiffres prouvent qu’il n’est pas adapté au terrain ». Fin 2015, indique l’UNPS*, « seuls 1 390 PPS [plans personnalisés de santé] avaient été réalisés sur les neuf territoires (…) alors que le dispositif concerne potentiellement 7 492 professionnels de santé libéraux (…) et 189 000 personnes âgées de 75 ans et plus », et pour un objectif à la fin de l’expérimentation, en 2016, de 6 000 PPS réalisés, selon l’UNPS. L’Union présidée par Daniel Paguessorhaye ne voit donc pas comment le projet peut être étendu à l’identique sur d’autres territoires : « Soit on arrête le projet, soit on change ses paramètres. »

Dispositif trop hospitalier

Les modalités de fonctionnement du projet, c’est l’autre cheval de bataille de l’Union, depuis 2012. « Les libéraux ne se sont pas emparés du projet car son modèle ne correspond pas à leur activité », observe l’UNPS. L’équipe de soins mobilisée autour du patient, le binôme médecin-infirmière, s’inspire trop du modèle hospitalier, déplore-t-elle, et n’est pas adaptée à la prise en charge à domicile. Le patient a besoin d’une « équipe à géométrie variable, dans sa composition et dans le temps, en fonction de ses besoins », insiste-t-elle. Elle déplore ainsi que le nombre de professionnels impliqués dans le Paerpa (et dont l’investissement peut être valorisé) soit limité à trois. « La pluridisciplinarité doit être adaptée au cas du patient, elle ne se décrète pas », ajoute l’UNPS. Un autre reproche concerne les coordinations territoriales d’appui, qui, selon elle, n’ont « aucune légitimité à valider les PPS » réalisés par des professionnels de santé.

Proposition refusée

L’UNPS aurait voulu, au moins sur un des nouveaux territoires envisagés, mettre en place un dispositif Paerpa selon ses propres critères, mais cela n’aurait pas été accepté. Au bout du compte, « s’étant de nouveau vu refuser la mise en œuvre de ses propositions dans le cadre de l’extension du dispositif aux régions non pourvues », l’UNPS suspend donc sa participation au comité de pilotage du programme.

Elle demande également l’ouverture de négociations sur un avenant à l’accord cadre interprofessionnel à propos des modalités et de la valorisation de la coordination Paerpa. Pour l’UNPS, la création d’une lettre-clé correspondante aurait notamment l’avantage de rendre cette coordination « traçable et évaluable ».

Le Paerpa par les facteurs

L’ARS Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine signe un partenariat avec la Poste pour prévenir la perte d’autonomie auprès de 1 000 personnes âgées de plus de 75 ans. Dans le Grand Nancy, les facteurs effectuent des visites à domicile pour recueillir, avec l’accord de la personne, des données (date de naissance, numéro de téléphone…) permettant d’organiser un entretien téléphonique avec une plateforme téléphonique spécialisée, qui emploie des Idels, en vue de repérer les personnes susceptibles d’être incluses dans le Paerpa.