REMANIEMENT > Marisol Touraine a été reconduite au ministère, le plus long maintien ininterrompu à ce poste de la Ve République. Tentative d’explication dans ce petit billet…
Les couloirs du ministère de la Santé, à Paris, sont parsemés d’affiches encourageant les employés à préférer la marche à l’ascenseur. « Objectif : 10 000 pas par jour. » Avec ses 9 kilomètres de couloirs, le ministère se prête à l’exercice. Et si c’était ça, le secret de longévité de Marisol Touraine, reconduite au même poste lors du remaniement du 11 février et donc appelée à passer à Ségur tout le quinquennat… Elle rêvait, dit-on, de rejoindre un ministère dit “régalien”, comme la Défense, elle qui a commencé sa carrière comme chargée de mission au secrétariat général de la Défense nationale. Au final, elle s’apprête à détenir le record du séjour ininterrompu à la Santé pendant la Ve République, devant Raymond Marcellin (1962-66) et Simone Veil (1974-78).
Et la ministre n’a pas fini de marcher. Lors de ses vœux à la presse fin janvier, elle a annoncé la parution (à partir de février) de 170 décrets pour mettre en application la loi de santé votée en décembre.
En revanche, elle n’a pas l’intention de retourner devant le Parlement pour préciser les modalités d’application du tiers payant pour la part mutuelles, retoquée par le Conseil constitutionnel (notre numéro de février). Les organismes complémentaires, « soumis aux règles de la libre entreprise », devraient-ils répondre aux mêmes contraintes que l’Assurance maladie, « d’intérêt public », s’interroge-t-elle faussement ? Que la dispense d’avance par le patient de la part mutuelles soit finalement facultative ne signifie pas qu’elle sera impossible, espère Marisol Touraine, comptant sur un dispositif technique facilité (peut-être pas gagné, lire à droite). Le « principe » du tiers payant est « consacré et reconnu », se félicite-t-elle.
Autre mesure emblématique de la loi, l’adoption du paquet de cigarettes neutre l’a visiblement d’autant plus satisfaite que l’opposition des industriels s’est avérée intense. À un seul moment pendant les débats sur la loi de santé, sa carapace (ou sa morgue, selon les points de vue…) s’est fêlée, quand un député d’opposition l’a surnommée “MST”. Elle confirme, sur son blog, s’être « engagée en politique car elle a toujours été intéressée par le débat public ». Cette formule au goût de tarte à la crème ferait sans doute sourire jaune le haut cadre qui a démissionné avec fracas en février (lire l’édito p. 7). Elle cache en tout cas un autre secret de longévité à ce poste exposé : la marcheuse Marisol Touraine ne déteste pas les terrains accidentés.
Lors du remaniement, le ministère de la Santé a tout de même évolué, perdant les Droits des femmes, attribués à Laurence Rossignol, qui devient ministre également chargée de… la Famille et de l’Enfance, un tryptique critiqué par les féministes. La secrétaire d’État Pascale Boistard passe des Droits des femmes aux Personnes âgées et à l’Autonomie.