L'infirmière Libérale Magazine n° 323 du 01/03/2016

 

L’exercice au quotidien

Françoise Vlaemÿnck*   Boris Hurtel**  

Installé dans l’Aisne, Patrick Lesoudard cumule les responsabilités au sein de son syndicat et de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS)-infirmiers. Il y a peu, il portait aussi une casquette ordinale.

Concilier militantisme syndical, bénévolat, exercice professionnel et vie de famille n’est pas toujours facile, mais c’est aussi une question de tempérament. Et puis, si on suit le mouvement, on n’est jamais acteur de sa destinée professionnelle. Or notre profession est attaquée de toute part. Alors soit on ne fait rien, et elle sera rognée petit à petit, soit on s’engage pour la défendre et la faire avancer. Pour ma part, j’ai décidé de me syndiquer dès que je suis devenu libéral en 1999. Puis, peu à peu, j’ai commencé à prendre des responsabilités. Le syndicalisme est très formateur. Au début, on prend des coups puis, au fil du temps, on apprend à en donner…

L’URPS-infirmiers est aussi un combat, il faut mener des projets, les rédiger et les porter. Et même quand ils sont en place, il faut continuer à les défendre auprès des tutelles mais aussi des autres professions médicales et paramédicales. Bref, rien n’est jamais acquis. Ce que je défends à travers mes engagements, c’est une vision de notre profession et son autonomie, notamment par rapport aux médecins. Mais rien ne se fait tout seul.

Évidemment, ces engagements ont des incidences sur mon activité professionnelle. Je fais beaucoup plus appel à la collègue qui me remplace, et parfois un peu au dernier moment, pour par exemple participer à une réunion. Mon chiffre d’affaires est aussi en baisse et les indemnités (lire l’encadré ci-contre) sont loin de compenser les pertes d’une matinée ou d’une journée de travail. Heureusement, grâce aux nouvelles technologies, on peut faire et régler pas mal de choses à distance, ce qui évite notamment trop de réunions. Mais on a aussi besoin de se voir pour échanger en direct, assister à des commissions ou aller à la rencontre des collègues sur le terrain, ou encore présenter nos projets aux établissements. Par exemple, le projet Isipad (lire notre dossier sur les URPS, p. 32), que l’URPS a créé de toute pièce, s’est traduit par des réunions d’information avec les vingt-deux plus importants hôpitaux de la région.

Du côté de la vie de famille, ça demande aussi des sacrifices. Les temps de repos ne le sont plus vraiment et se transforment régulièrement en réunion à Paris ou ailleurs, et je ramène assez souvent du travail à la maison, où je profite pour envoyer tard le soir des e-mails. Le temps des vacances s’est aussi raccourci. Bref, parfois, ça râle à la maison. Pour préserver ma vie de famille, j’ai d’ailleurs renoncé à l’Ordre infirmier départemental dont j’ai été le vice-président durant cinq ans. Même bien organisé, il faut parfois faire des choix…

Bien entendu, j’aimerais bien que l’on soit plus nombreux à s’engager, ça permettrait entre autres de se répartir les tâches et d’alléger les agendas. Mais plus on en fait, plus on nous en demande, car nous sommes finalement peu à nous mobiliser. En tout cas, je veille à ne pas mélanger mes casquettes, ce qui n’est pas toujours évident, et à rester connecté avec le terrain. Sinon le risque est de ne plus être phase avec ce qui se passe dans la vraie vie.

EN SAVOIR +

→ Un décret du 2 juin 2010 évoque le remboursement des frais de déplacement des élus URPS, mais aussi l’attribution d’une indemnité visant à compenser la perte de ressources entraînée par leur fonction. Le règlement intérieur de l’URPS-infirmiers de Picardie précise ainsi, entre autres, qu’un élu en réunion est indemnisé « sur la base de 12 AMI par heure, toute heure commencée étant due, dans la limite d’un maximum de 49 AMI par demi-journée de réunion ». Une indemnité peut aussi être attribuée en cas d’activité de représentation extérieure au titre de l’Union, à condition que l’Idel fasse un compte rendu.