L'infirmière Libérale Magazine n° 324 du 01/04/2016

 

SANTÉ PUBLIQUE

Actualité

Isabel Soubelet  

ENQUÊTE > Pour la 16e édition de la journée du sommeil qui a eu lieu en France mi-mars, l’INSV(1) s’est penché sur l’influence des nouvelles technologies sur le sommeil des Français.

Écrans, tablettes, ordinateurs, téléphones portables, montres, objets connectés : les nouvelles technologies occupent une place prépondérante dans la vie courante des citoyens. À terme, elles impactent inévitablement le sommeil des Français. Mais jusqu’à quel point ? Cette question est au cœur de la dernière enquête menée par l’INSV et la MGEN(2).

Sept heures en semaine

En moyenne, les Français dorment 7 h 05 en semaine et 8 h 11 le week-end, des valeurs stables dans le temps et qui correspondent aux normes des pays industrialisés. Toutefois, l’enquête pointe le fait que la population ne dort pas suffisamment les jours de travail. « Savoir qu’un quart des Français manquent de sommeil au point de devoir récupérer plus d’une heure trente de sommeil par nuit le week-end est une donnée préoccupante, souligne Joëlle Adrien, présidente de l’INSV, neurobiologiste et directeur de recherche à l’Inserm (Université Paris-Descartes). Ils sont aussi plus sujets aux troubles du sommeil comme l’insomnie ou les troubles du rythme du sommeil, sans forcément faire appel à un traitement. »

La vigilance s’impose

L’enquête confirme l’omniprésence des nouvelles technologies dans notre quotidien avec 98 % des personnes interrogées qui déclarent les utiliser régulièrement pour leurs besoins personnels à leur domicile. Chez les actifs et les étudiants, ce sont 80 % d’entre eux qui passent plus de deux heures par jour sur leur ordinateur pour répondre à des besoins professionnels, et 62 % plus de quatre heures par jour. Les choses se gâtent quand on avance dans la soirée. En effet, pendant leurs jours de repos ou leurs vacances, 78 % des Français utilisent leur ordinateur, tablette ou smartphone le soir après le dîner, et 36 % les utilisent dans leur lit. Ces chiffres atteignent respectivement 84 et 39 % pendant les jours de travail. « Autant de temps au lit et devant un écran a un impact sur la qualité du sommeil. Et cela est prédominant chez les jeunes. On note de nouveaux comportements dont on sait qu’ils s’installent dès l’adolescence », rappelle la présidente de l’INSV. Une analyse partagée par Sylvie Royant-Parola, psychiatre et présidente du réseau Morphée(3), qui précise : « Quel que soit l’âge et quel que soit l’objet connecté, les nouvelles technologies ont donné naissance à une société sur le qui-vive, où tout le monde est sur le pont de jour comme de nuit. » La recherche a montré que des flashs lumineux de quelques millisecondes la nuit peuvent retarder et perturber l’horloge biologique qui n’est plus capable d’assurer les conditions d’un endormissement rapide ni d’un sommeil récupérateur. Ainsi, les Français adeptes des nouvelles technologies passent plus de temps au lit avant d’éteindre leur lumière (27 minutes en moyenne) et mettent plus de temps à s’endormir (en moyenne 21 minutes) après avoir éteint la lumière. Sans compter les 18 % des personnes interrogées qui estiment que l’utilisation des outils électroniques doit se faire le soir afin de préserver le sommeil… Une pratique à revoir, encore plus chez les 18-34 ans, “accros” aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Sans tablette cette fois !

(1) Institut national du sommeil et de la vigilance.

(2) Enquête pour l’INSV avec la Mutuelle générale de l’Éducation nationale (MGEN), son partenaire historique, menée par le département santé d’Opinion Way auprès d’un échantillon national représentatif de la population française de 1 013 personnes âgées de 18 à 65 ans entre les 3 et 13 décembre 2015.

(3) Réseau de santé consacré à la prise en charge des troubles chroniques du sommeil (reseau-morphee.fr).