L'infirmière Libérale Magazine n° 325 du 01/05/2016

 

PROFESSION

Actualité

Aveline Marques  

CONFLIT > Alors que le ministère songe à autoriser les aides-soignantes à mesurer la glycémie capillaire, deux sondages effectués par des syndicats infirmiers montrent la franche opposition des infirmières à cette délégation de compétence.

Autoriser les aides-soignantes (AS) à mesurer la glycémie capillaire ? Qu’elles soient salariées ou libérales, les infirmières y semblent opposées, d’après les résultats de deux sondages réalisés par Convergence infirmière (CI) et le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI CFE-CGC), alors que le diplôme d’aide-soignant fait actuellement l’objet d’une réingénierie.

Après avoir achevé le référentiel d’activités, le groupe de travail réunissant institutions, associations et syndicats représentatifs s’est attelé au référentiel de compétences. Lors d’une réunion le 3?mars, la réalisation de dextros par les AS, notamment dans les établissements médico-sociaux où la présence d’une infirmière n’est pas assurée en continu, était au cœur des débats.

Un acte pas « anodin »

« Seuls les médecins et les infirmières par délégation de celui-ci peuvent franchir la barrière cutanée », rappelle CI, pour qui l’acte infirmier n’est pas « anodin ». « Au-delà du geste technique lui-même, il faut avoir les compétences pour détecter les symptômes d’alerte chez les personnes particulièrement fragiles, en Ehpad ou en Ssiad », souligne le SNPI. Pour les deux syndicats, autoriser les AS à mesurer la glycémie capillaire serait « un premier pas vers d’autres glissements de tâches », notamment l’injection d’insuline.

Dénonçant la « tentation économique de la déqualification des soins », le SNPI a mené une large consultation sur la question : les deux tiers (63 %) des 31 658 répondants ont exprimé leur refus de voir cet acte effectué par les AS. « L’opposition est plus forte chez les infirmières (24 273 réponses, 66 % de “non”) que chez les cadres infirmiers (5 652 réponses, 53 % de “non”). »

Si les infirmières intervenant à domicile (Idel ou Ssiad) sont à 80 % contre, celles qui exerçent en établissement sont plus mitigées : 56% de “non” en hôpital public, 54 % en Ehpad et 49 % en clinique. « Qu’on ne me parle pas de corporatisme, 83 % des répondants sont salariés, donc que les AS effectuent de tels actes n’a aucune incidence sur leur salaire », pointe Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI.

94 % des Idels opposées

Cette opposition des Idels se retrouve dans les résultats du sondage effectué par CI : 94 % des 4 571 répondants ont voté contre. L’Ordre infirmier, membre du groupe de travail participant à la réingénierie, est aussi opposé à cette délégation de compétence. Plutôt que « légaliser l’exercice illégal », il milite pour le renforcement de la présence infirmière dans les établissements médico-sociaux.

À lire sur notre site

Rubrique “Actualités” :

→ à la date du 15 avril : une centaine de soignants, agents et usagers se sont réunis mi-avril à République, à Paris, pour enrichir le mouvement citoyen “Nuit debout” d’une composante “Hôpital debout”.

→ à la date du 6 avril : l’intersyndicale anti-Ordre, formée en 2006, a été reçue à l’Élysée fin mars, pour demander que les missions concernant les salariées soient transférées au Haut Conseil des professions paramédicales.

→ à la date du 4 avril : l’interview de Blandine Delfosse, présidente de la FFidec (Fédération française des infirmières diplômées d’État coordinatrices), qui souhaite rassembler ces professionnelles trop souvent isolées.

→ à la date du 24 mars : le prix Any d’Avray 2016 remis à Élodie Duboisset, infirmière en chimiothérapie ambulatoire à la clinique d’Estrée à Stains (Seine-Saint-Denis), pour son projet permettant au patient de s’exprimer sur un corps douloureux et de bousculerle tabou autour du cancer.