Cahier de formation
Savoir
L’activité physique fait aujourd’hui partie des thérapeutiques non médicamenteuses dont la Haute Autorité de santé encourage le développement et la prescription
L’OMS définit l’activité physique (AP) comme « tout mouvement corporel produit par la contraction des muscles squelettiques, entraînant une dépense d’énergie supérieure à celle du repos » et le sport (APS) comme un « sous-ensemble de l’AP spécialisé et organisé revêtant la forme d’exercices codifiés et/ou de compétitions règlementées placées sous l’égide d’organisations sportives »
Autrement dit, l’AP ne se réduit pas au sport et à la performance. Elle comprend les activités occupationnelles dans la vie de tous les jours (travail, ménage, jardinage, bricolage…), les activités liées aux déplacements (transports) et les activités de loisirs non compétitifs, dites “aérobies” (lire plus loin), pratiqués notamment de façon individuelle. Cette approche par le style de vie présente l’avantage de rendre l’AP accessible à tous au quotidien
Activité aérobie et anaérobie
Un exercice aérobie (jogging, vélo, marche rapide, footing, natation, gym aquatique, danse, ski de fond, patinage, football…) est un exercice musculaire dont l’intensité, bien que relativement importante mais mesurée, permet à nos muscles d’être suffisamment oxygénés par la respiration pour leur fournir l’énergie nécessaire à la poursuite de l’activité. L’oxygène (O2), source principale de combustion des sucres fournissant l’énergie nécessaire à l’organisme, permet au corps de maintenir une certaine intensité d’exercice sur une période de temps prolongée (endurance). La pratique régulière d’activités de type aérobie améliore le transport de l’O2 et permet au corps de l’utiliser plus efficacement.
Un exercice pratiqué en anaérobie (musculation pratiquée de manière intense, sprint en course à pied ou en vélo…) est un exercice intense, à prédominance lactique (qui dure entre 20 secondes à 2 minutes) ou alactique (intensité ou puissance maximale). L’oxygène apporté par la respiration est, dans ce cas, insuffisant pour compenser la dépense en oxygène du muscle occasionnée par l’effort produit. Le muscle doit donc puiser dans ses réserves, qui s’épuisent très vite, ce qui limite l’exercice dans un temps court.
Une enquête de 2010 sur les pratiques physiques et sportives
L’intensité représente la dépense énergétique produite au moment de l’effort physique. Elle se mesure en MET (Metabolic Equivalent Task), qui représente une consommation d’oxygène équivalent à 3,5 ml O2/kg/min, soit 1 kcal/kg/h. Elle est exprimée en MET-heure par semaine.
1 MET est égal à la dépense énergétique de repos d’une personne assise qui parle, lit ou regarde la télévision (voir tableau ci-dessus). La dépense énergétique est inférieure à 3 MET pour des AP d’intensité légère (travailler sur ordinateur = 1,8 MET). Elle est comprise entre 3 et 6 MET pour des AP d’intensité modérée (faire du vélo à 16 km/h = 4 MET), et supérieure à 6 MET pour des AP intenses (saut à la corde = 10 MET).
Des tables
Il existe un effet dose-réponse immédiat de l’AP : une personne inactive obtiendra déjà des effets bénéfiques pour sa santé en augmentant légèrement son AP et les trente minutes d’AP recommandées peuvent apporter un bénéfice équivalent si l’AP est fractionnée en sessions de dix minutes, mais pas moins. Bien entendu, plus on augmente la quantité d’exercice, plus le bénéfice pour la santé est important. Enfin, pour s’initier à la pratique d’une AP régulière, il est important de le faire progressivement. L’Idel peut utiliser la pyramide d’AP pour expliquer au patient les différentes étapes à suivre (voir schémas de la page suivante).
Concernant les APS de loisir (activités non structurées et moins régulières pratiquées seul ou entre amis de manière récréative comme la marche, la randonnée, le vélo, le tennis, la danse, etc.), l’expertise collective de l’Inserm
Le comportement sédentaire correspond à une AP faible ou nulle dont la dépense énergétique est proche de la valeur de repos (soit le temps passé en position assise ou allongée pendant une journée, à regarder la télé, travailler sur ordinateur, lire). En 2002, le directeur général de l’OMS rappelait que 60 à 85 % de la population mondiale avaient un mode de vie sédentaire et que la sédentarité, responsable de 2 millions de morts par an
La France ne fait pas exception. Ainsi, 42 % des Français interrogés ont déclaré en 2013 ne faire jamais de sport, un taux identique à la moyenne des 28 pays de l’Union européenne, selon un Eurobaromètre publié en 2014. Mais, comme en témoigne le PrJean-François Toussaint, directeur de l’Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport (Irmes), « de 2009 à 2013, les valeurs des Eurobaromètres qui mesurent l’évolution annuelle de la sédentarité montrent que si ce phénomène a progressé dans tous les pays d’Europe [de 3 % en moyenne dans l’Union européenne], il est particulièrement préoccupant en France où la sédentarité enregistre une progression de 8 % ».
Lors d’une conférence sur la prévention et la guérison par l’APS en mars 2012, Jean-Pierre Davant, président de la Mutuelle des sportifs, constatait « qu’entre la fin du XIXe siècle et la fin du XXesiècle, l’énergie d’origine humaine utilisée pour le travail ou les déplacements était passée de 30 à 1 % ». Fruit de l’urbanisation, de la mécanisation et de l’automatisation des tâches, de la transformation de l’économie de production en économie de service, de la sédentarisation des postes de travail et des évolutions techniques dans le domaine des transports motorisés, cette sédentarisation massive du travail et des déplacements s’est accompagnée d’une évolution tout aussi massive des activités de loisirs. La télévision, Internet, les réseaux sociaux et les jeux électroniques concurrencent les loisirs actifs, voire sont parfois utilisés comme moyens de baby-sitting par les parents
Le niveau d’AP influence la masse musculaire totale, ses propriétés métaboliques et contractiles et son évolution en fonction des différentes étapes de la vie. En réponse à l’AP, différents médiateurs agissent par des mécanismes complexes sur le développement et la croissance musculaire
L’AP et plus particulièrement les activités avec mise en charge (course à pied, musculation, marche rapide, montée d’escaliers) entraînent une augmentation des taux plasmatiques d’ostéocalcine (marqueur sanguin du métabolisme osseux) qui stimule la formation du tissu osseux et l’augmentation de la densité minérale osseuse indépendamment de l’âge(
Comme l’écrit le Pr François Carré
La plupart des maladies chroniques sont associées à un syndrome inflammatoire chronique qui joue un rôle dans la pérennisation de la pathologie. De même, le niveau de l’inflammation augmente transitoirement en fonction de l’intensité et de la durée de l’effort physique
Différentes études se sont attachées à comprendre la relation entre infection, défenses immunitaires et intensité de l’AP. « Tous les résultats montrent qu’un individu ayant une activité régulière résiste, répond et récupère plus rapidement aux agressions virales, bactériennes ou parasitaires », explique le PrToussaint. Toutefois, ces performances d’autodéfense associées à une AP régulière s’inversent pour les infections respiratoires, en cas d’activité trop intense, de type sur-entraînement. Rare en phase de préparation à certaines compétitions, ce phénomène s’associe parfois à un affaiblissement de l’immunité favorisant, via l’hyperventilation liée à l’exercice intense, le contact entre l’arbre bronchique et les germes pathogènes et la survenue d’infections respiratoires.
« L’AP renforce la capacité de l’organisme à s’autodéfendre contre le cancer, à améliorer l’efficacité des traitements et à limiter le potentiel métastatique de certaines tumeurs cancéreuses », indique le PrToussaint. Les principaux mécanismes évoqués seraient liés à ses effets sur le poids et l’adiposité abdominale dont l’association avec certains cancers (sein et côlon) est bien établie, mais aussi à ses effets sur les taux circulants d’insuline et des facteurs de croissance (IGF-1, Insulin-like Growth Factor-1, hormone neuroprotectrice), et peut-être à son action sur l’immunité
Les résultats des études d’observation disponibles
L’AP fait baisser l’insulinorésistance en améliorant la sensibilité de l’organisme à l’insuline par l’augmentation du nombre des récepteurs au glucose des cellules. Autrement dit, les tissus et les cellules deviennent plus “perméables” au glucose grâce à une meilleure activité de l’insuline. C’est un processus majeur de l’AP sur la régulation de la glycémie qui agit comme un traitement et peut être amplifié par la perte de poids. Toutefois, cette amélioration de la sensibilité à l’insuline est transitoire. Le caractère régulier de l’AP est donc absolument essentiel pour obtenir un équilibre glycémique stable. Le cas échéant, il sera alors possible de réduire sous contrôle médical les traitements dans les cas du diabète de type 1 (DT1) et 2 (DT2), voire de les arrêter pour le DT2.
Pratiquée régulièrement, l’AP réduit voire bloque l’altération ou la perte neuronale quel que soit le type de lésions provoquées chez l’animal et favorise la récupération des performances comportementales et/ou motrices
Comme le souligne le PrJacques Bazex
À noter : dans cette partie sur les bénéfices, lorsque l’intensité de l’AP n’est pas précisée, toutes les données font référence à une AP régulière, modérée et prolongée de type aérobie (endurance).
→ Trente minutes d’AP quotidienne diminuent de 30 % la mortalité globale(
→ Une diminution de 64 % de la mortalité est observée chez les adultes initialement inactifs qui améliorent leur capacité cardio-respiratoire par l’AP, en comparaison à ceux qui restent inactifs
→ Les sujets inactifs ont un risque de mortalité de 1,2 à 2 fois plus élevé
→ Associée à une bonne hygiène de vie, l’AP permet un gain de quatorze années d’espérance de vie
→ La pratique intense, chez les sportifs de haut niveau, contrairement à ce que pensaient certains encore il y a dix ans, est associée à une réduction d’environ 50 % de toutes les mortalités spécifiques et à une augmentation de cinq à sept ans de la longévité (études de Eloi Marijon et Juliana Antero-Jacquemin).
→ La densité osseuse augmente de 3,8 % chez les femmes ménopausées au terme de cinq mois d’AP contrôlée alors qu’elle diminue de 1,9 % chez les femmes témoins non actives
→ Le taux d’incidence des fractures du col du fémur baisse de 20 à 40 % chez les individus âgés physiquement actifs comparativement à des sujets sédentaires.
→ La meilleure oxygénation du cerveau améliore les performances cognitives quel que soit le statut cognitif de départ
→ Réversibilité de 50 % de la perte neuronale au niveau de l’hippocampe et amélioration des capacités d’apprentissage chez les souris âgées soumises à un programme d’entraînement versus des souris contrôles sédentaires du même âge
→ Réduit le stress et l’anxiété, diminue l’humeur dépressive, régule le sommeil et augmente la réactivité et la capacité attentionnelle
→ Les évaluations réalisées à l’hôpital Sainte-Anne (AP-HP) avant et après la mise en place de programmes d’AP collectives montrent une amélioration de l’aisance verbale et des interactions sociales. Des patients disent retrouver du plaisir et des émotions
→ Effet antidépresseur identique pour une thérapie par l’AP de trois à quatre mois en comparaison avec un traitement médicamenteux, une thérapie comportementale, une thérapie analytique ou des traitements mixtes pour un suivi de durée équivalente
→ Diminution moyenne de l’HbA1c (hémoglobine glyquée) de 0,7 % quel que soit le type d’activité
→ Baisse de 58 % du risque de développer un DT2 chez les personnes à risque présentant une élévation modérée du taux sanguin de sucre à jeun
→ Réduction, voire suppression des antidiabétiques oraux, diminution de l’insuline.
→ Trente minutes de marche rapide diminuent de 11 % le risque relatif d’événements coronariens (étude sur près de 10 000 hommes âgés de 50 à 59 ans)
→ La mise en place d’une AP chez des sujets présentant une insuffisance coronarienne ou ayant présenté un infarctus du myocarde est associée à une diminution de la mortalité de 25 %
→ Les sujets les plus actifs ont 1,3 fois moins de risque de développer une hypertension artérielle que les moins actifs.
→ L’AP diminue en moyenne la pression artérielle systolique de 8 mmHg et la diastolique de 5 mmHg
→ L’AP augmente le taux sanguin de HDL cholestérol de 20 à 30 %
→ Réduction du risque du cancer du côlon de 40 à 50 % chez les sujets les plus actifs
→ Diminution de l’ordre de 30 % du risque de cancer du sein chez la femme, notamment après la ménopause, et de 10 à 30 % du cancer de la prostate.
→ Une AP suffisamment intense au décours des soins de cancers localisés du sein, du côlon ou de la prostate est associée à une réduction du risque de décès par cancer ou d’autres causes de l’ordre de 50 %
→ En post-traitement du cancer du sein (stade I, II, III), une AP au-delà de 8 à 9 MET-heure par semaine est associée à une réduction de près de 50 % du risque de décès ou de récidive(
→ Pendant et après un traitement par chimiothérapie, une AP réduit significativement la fatigue et facilite ainsi le retour à la vie sociale et professionnelle.
Alors qu’en général les patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ont tendance à cesser toute AP en raison de la dyspnée associée à l’exercice, toutes les études montrent que la dyspnée, la tolérance à l’effort, la qualité de vie et le nombre d’exacerbations sont améliorés au niveau le plus élevé. Le suivi pendant vingt ans de 2 386 patients atteints de BPCO montre qu’une AP supérieure ou égale à deux heures par semaine réduit de 40 % les hospitalisations et la mortalité d’origine respiratoire chez ces patients
Les symptômes de la maladie de Parkinson incitent très fréquemment les patients à limiter les efforts physiques et par conséquent à solliciter de moins en moins l’organisme. Or la maladie de Parkinson est une maladie du mouvement et le manque d’AP développe et aggrave l’atrophie musculaire, les raideurs des articulations, les contractures ; à l’inverse, une AP régulière améliore les capacités motrices et l’action des traitements médicamenteux (lire l’interview page ci-contre).
Comme en témoigne le Dr Gilles Huberfeld, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), « une étude de cohorte norvégienne chez des personnes épileptiques pratiquant une AP régulière montre que moins de 2 % d’entre elles font une crise au moins une fois sur deux durant l’AP. Une autre étude portant sur des patients sédentaires dont l’épilepsie est mal équilibrée montre que le fait de les soumettre à un programme d’entraînement léger permet, en quelques mois, de réduire significativement les crises chez 36 % des patients ». Des résultats que le neurologue explique par des mécanismes protecteurs neuronaux déclenchés par le métabolisme aérobie ou anaérobie de l’activité pratiquée. Et d’en conclure que rien ne justifie de soustraire la majorité des épileptiques à l’AP. Une conclusion partagée par Michèle Vidal, professeur de sport, qui, depuis plus de vingt ans, prend en charge et observe les effets directs de l’AP sur les crises des épileptiques lourds confiés au Centre de lutte contre l’épilepsie de La Teppe à Tain l’Hermitage (Drôme). « Quelle que soit l’AP, les patients font des crises parfois avant, plus souvent après et très rarement pendant l’AP. Non seulement la pratique d’une APS n’aggrave pas l’épilepsie, mais elle permet au contraire de mettre les crises entre parenthèses en augmentant le seuil de vigilance et de concentration et en baissant les facteurs de stress », constate-t-elle.
Avec la promulgation en janvier de la loi de santé, la reconnaissance du lien entre AP et santé a franchi un nouveau cap. Les parlementaires ont en effet élevé l’AP au rang de traitement non médicamenteux prescriptible : « Dans le cadre du parcours de soin des patients atteints d’une affection de longue durée, le médecin traitant peut prescrire une activité physique adaptée à la pathologie, aux capacités et au risque médical du patient » (article L. 1172-1 du Code de la santé publique).
Une décision que de nombreux professionnels de santé, et l’Académie de médecine, appelaient de leurs voelig;ux, arguant du fait que « la simple recommandation du médecin traitant ne suffit pas, en particulier lorsqu’elle s’adresse à des publics socialement défavorisés ». « Pouvoir, dès lors que l’on n’est pas dans une indication incontournable, remplacer par exemple une statine ou un antidiabétique oral par la prescription d’AP ouvre aujourd’hui de nouvelles perspectives sur la manière d’aborder la prise en charge de l’hypercholestérolémie ou du DT2 autrement que par le “tout médicament”, commente le PrToussaint. C’est une notion que tous les acteurs de santé doivent véhiculer et promouvoir pour toutes les pathologies associées à cette composante environnementale car, en supprimant les effets péjoratifs de l’inactivité au profit d’une APA, ce qui est a priori à la portée de chacun, il est possible de reprendre les rênes de sa santé et d’éviter de se soumettre à une pharmacopée inutile. »
Le décret portant application de la loi sur la prescription de l’activité physique adaptée (APA) est attendu en principe pour l’été.
Pour l’heure, l’Assurance maladie ne la rembourse pas. C’est donc aux collectivités de mettre en place des partenariats pour financer ce type de prise en charge.
À titre d’exemple, le montant du Sport santé sur ordonnance, à Strasbourg (Bas-Rhin) (lire ci-dessous), avoisine 200 euros par an et par patient. Gratuit la première année, le SSO coûte ensuite au patient de 20 à 100 euros par an, en fonction de ses ressources.
(1) “Développement de la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses validées”, rapport d’orientation de la HAS, avril 2011 (via le lien raccourci bit.ly/1V1D025).
(2) “Activité physique, contextes et effets sur la santé”, Inserm, mars 2008 (via le lien raccourci bit.ly/1SfQ8QE).
(3) Baromètre santé nutrition 2008, INPES (via le lien raccourci bit.ly/1TRvghN).
(4) Stat Info n° 10-01, décembre 2010 (via le lien raccourci bit.ly/1Mum8hE)
(5) Ainsworth B, Haskell W, Hermann SD et al, “Compendium of physical activities: a second update of codes and MET values”, Medecine Science Sports Exercise, 2011;43:1575-1581 (disponible en ligne via le lien raccourci bit.ly/V8zjLg).
(6) Reshman Prakash, “La sédentarité, une cause majeure de maladies et d’incapacités”, 4 avril 2002 (via le lien raccourci bit.ly/1NPQDIR).
(7) Jacques Bazex et coll., “Les activités physiques et sportives - la santé - la société”, Bull. Acad. Natle Méd., 2012, 196, n° 7, octobre 2012 (via le lien raccourci http://bit.ly/22uwqQs).
(8) “Activité physique et santé, Arguments scientifiques, pistes pratiques”, PNNS.
(9) Thomas Coëffé, “État des lieux 2015 : Internet et les réseaux sociaux en France et dans le monde”, 21 janvier 2015 (via le lien raccourci bit.ly/1Eqa20i).
(10) “Médicosport - santé du CNOSF”, décembre 2015 (via le lien raccourci bit.ly/1I3r5Mh).
(11) “Exercice du corps : une arme contre les maladies chroniques”, La Santé de l’homme n° 387, INPES, janvier 2007 (via le lien raccourci bit.ly/1qRBtPO).
(12) Installation de la commission Prévention sport santé, mise en place d’un Programme nationale de prévention par les activités physiques et sportives (PNAPS), ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, 4 avril 2008.
(13) Christian Delahaye, “Prescrire l’APS. La balle est dans le camp des généralistes”, Le Quotidien du médecin, 5 novembre 2015.
(14) PrFabrice Chrétien, Congrès de l’encéphale, janvier 2016, Paris.
Enfants et jeunes
Un minimum de soixante minutes par jour d’AP d’intensité modérée à élevée sous forme de sports, de jeux ou d’activités de la vie quotidienne.
Adultes de 18 à 65 ans
→ AP de type aérobie (endurance) d’intensité modérée (marche rapide) pendant au minimum trente minutes par jour, cinq fois par semaine, ou une activité de type aérobie d’intensité élevée pendant vingt minutes par jour, trois fois par semaine. Ces activités peuvent être combinées. De même, les temps peuvent être fractionnés en périodes d’au moins dix minutes.
→ Pratiquer des activités de renforcement musculaire au moins deux jours, non consécutifs, par semaine.
→ Comptabiliser les activités de la vie courante d’intensité modérée à élevée pratiquées pendant dix minutes ou plus d’affilée.
Adultes au-delà de 65 ans
→ Idem que l’adulte de 18 à 65 ans, en termes de durée comme de fréquence (la marche rapide est considérée comme d’intensité élevée).
→ Ajouter deux jours par semaine des activités d’assouplissement et deux autres jours des exercices d’équilibre pendant dix minutes minimum.
Source : expertise collective de l’Inserm, avril 2008.
Élaboré par différentes fédérations sportives en lien avec les sociétés savantes, le Médicosport-santé propose pour chaque discipline des protocoles d’AP basés sur des pratiques adaptées à la personne, à son état de santé et à ses motivations, en vue de lui apporter un maximum de bienfaits pour un minimum de risques. Il aborde la médecine du sport, les pathologies et, pour une vingtaine de disciplines sportives, l’intérêt de la discipline, les risques et contre-indications, les publics cibles, les objectifs thérapeutiques, les adaptations et précautions à prendre et les protocoles d’activité sport santé proposés. Une mise à jour régulière (nouvelles disciplines sportives, nouvelles pathologies…) permettra d’actualiser le document. Il est disponible sur le site Internet du Comité national olympique et sportif français (franceolympique.com) et accessible aux médecins ainsi qu’à tous les professionnels de santé médicaux et paramédicaux. À chacun de se l’approprier pour répondre aux questions des patients et donner des conseils avisés.
« Si l’ensemble de notre population pratiquait [une] activité modérée régulière, nous pourrions espérer diminuer nos dépenses de santé de 20 %. »
Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, 4 avril 2008
À l’initiative du PrDominique Chevalier et de Philippe Lamblin, président de la Ligue d’athlétisme Nord-Pas-de-Calais, le service de cancérologie ORL du CHU de Lille a mis en place un “parcours de la forme” et une salle de sport avec vélo, rameur et tapis de course. « L’objectif de ce projet, explique Isabelle Lesage, cadre de santé responsable de sa mise en place, est d’aider les patients à retrouver (ou à ne pas perdre) le goût de l’effort physique malgré la maladie car nous pensons que l’activité physique constitue un allié thérapeutique dans les suites opératoires des cancers ORL pour améliorer l’acceptation des traitements et éviter le repli sur soi et l’enfermement souvent consécutif à ces chirurgies mutilantes. »
En pratique, dès qu’ils y sont autorisés par le médecin, les patients peuvent suivre un circuit matérialisé au sol dans les couloirs du service et s’arrêter successivement aux six étapes pour réaliser les exercices de respiration, d’étirement, d’entretien de la force, d’équilibre, de mobilité et d’endurance détaillés sur des posters. « Au-delà de l’entretien physique, poursuit la cadre, le fait de les inciter à sortir de leur chambre, à rencontrer d’autres malades et à affronter le regard des autres, les aide à se sentir mieux et enclenche une dynamique favorable à la poursuite d’une AP après leur sortie. » Une initiative remarquée, en voie de faire école dans d’autres établissements, à l’instar du CHU de Caen (Calvados).
Céline Arcari, IDE en ETP, Centre expert Parkinson, CHU de Toulouse (Haute- Garonne)
Quelle place occupe l’AP dans la prise en charge thérapeutique de la maladie de Parkinson ?
Un rôle prépondérant. Non seulement parce qu’elle améliore considérablement les symptômes et qu’elle agit directement sur l’état physique et psychique des patients, mais aussi parce qu’il est probable qu’elle influence l’évolution de la maladie. Elle fait donc partie intégrante du traitement et doit être associée aux thérapeutiques médicamenteusesdès le diagnostic à raison d’au moins trois quarts d’heure, trois fois par semaine.
Faut-il privilégier certaines activités plutôt que d’autres ?
Si l’AP doit être relativement cadrée pour apporter un bénéfice sans risque d’aggraver certains symptômes (la douleur notamment), il est aussi très important qu’elle soit pratiquée avec plaisir. Elle peut être variée, d’intensité modérée à intense, et doit privilégier de préférence la marche, le vélo, la course à pied, la gymnastique et même la musculation (autrefois déconseillée). En revanche, les activités qui occasionnent des accélérations violentes (squash, rugby, football, handball…) et des efforts physiques courts et intenses sont déconseillées, ce qui impose aux patients qui les pratiquent d’adapter leur entraînement ou de changer progressivement d’activité au profit d’un sport d’endurance.
En pratique, quels sont les bénéfices avérés de l’AP sur la maladie de Parkinson ?
Après vingt minutes d’exercice soutenu, l’AP favorise la fabrication naturelle de dopamine dans le cerveau qui s’ajoute à l’effet du traitement, réduit les douleurs liées aux symptômes et apporte un mieux-être global tout au long de la journée. Plus de 90 % des patients présentent des progrès significatifs au niveau des déplacements, de la souplesse et des transferts (changements de position) qui s’expliquent aussi par le fait que l’AP lutte contre la fonte musculaire, favorise l’assouplissement des articulations, limite l’apparition des troubles de la posture et améliore la motricité générale des patients. Elle contribue également à lutter contre l’ostéoporose et entraîne une dégénérescence moins marquée du “capital neurones” chez des souris rendues parkinsoniennes soumises à une AP relativement intense comparées aux inactives.
C’est sur l’expérimentation de Sport santé sur ordonnance (SSO) initiée en 2012 à Strasbourg (Bas-Rhin) par le Dr Alexandre Feltz que s’est appuyé l’amendement de la récente loi de santé sur la prescription d’une APA. « Depuis trois ans, ce projet ne cesse de se développer, explique le DrFeltz. Aujourd’hui, plus de 1 100 patients atteints de maladies chroniques qui n’avaient aucune activité auparavant sont suivis par 180 médecins dans le cadre du dispositif SSO. » À la suite des premières assises européennes du SSO en octobre 2015, une trentaine de collectivités et territoires se sont inscrits dans cette dynamique.
À Strasbourg, le SSO, soutenu et financé par l’Eurométropole de Strasbourg, l’Agence régionale de santé, la Direction régionale jeunesse et sport, le régime local d’Assurance maladie et les hôpitaux universitaires, est prescrit par le médecin traitant qui adresse ensuite le patient à une infirmière libérale attachée à son cabinet pour une prise en charge en ETP dans le but de valider l’intérêt de l’AP, revoir les fondamentaux en matière d’hygiène de vie et préciser, en lien avec les animateurs sportifs, l’AP adaptée à mettre en place (groupe de marche à pied, gym forme, gym douce, Taï Chi, Qi Gong, bons pour le service de location de vélos Vel’hop, aviron, natation…).
Après deux ans et demi de prise en charge, 75 % des patients du dispositif SSO strasbourgeois étaient toujours actifs. « J’étais loin d’imaginer que je pourrais diminuer et encore moins arrêter des traitements, commente le Dr Feltz. Et pourtant, c’est ce que j’observe régulièrement. C’est particulièrement spectaculaire pour les DT2. Certains patients parviennent à réduire en quelques semaines et, pour certains, à arrêter à distance tout traitement par antidiabétiques oraux grâce à la prescription du Vel’hop ! Pour l’hypertension artérielle, c’est plus long, mais c’est également possible. Cela nous oblige à remettre nos pratiques en question, ce qui est très gratifiant car, au-delà de leur santé, les patients recouvrent une qualité de vie et une estime de soi très bénéfique à la poursuite de l’AP. » Ce que les sociologues appellent « une bifurcation de l’histoire de vie des maladies chroniques ».