L'infirmière Libérale Magazine n° 326 du 01/06/2016

 

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Sandra Mignot  

RÉGION CENTRE > Le CHRU de Tours (Indre-et-Loire) met en œuvre une cellule d’aide au montage de projets de recherche permettant de centraliser la production des demandes de financement. Un dispositif également accessible aux professionnels de santé libéraux.

Pour préparer tout ce qui est Programme de recherche sur la performance du système de soin (Preps), Programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale (PHRIP) ou Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC), il faut passer par le centre hospitalier régional universitaire (CHRU), résume Matthieu Brémond, masseur-kinésithérapeute libéral à Tours. Rédiger un projet de recherche demande beaucoup de compétences que nous n’avons pas nécessairement en libéral. Nous n’en viendrions pas à bout sans le support de l’hôpital. » Ce spécialiste de la kinésithérapie respiratoire, qui exerce au sein de L’Espace du souffle, association de professionnels de santé et de structures associatives impliquées dans la lutte contre les maladies respiratoires, sait de quoi il parle : il vient de déposer un Preps portant sur le recours aux soins de publics sensibles informés à l’avance de pics de pollution et destinataires de recommandations spécifiques, avec le concours de la cellule d’aide au montage des projets de recherche du CHRU de Tours. Il est également co-auteur du design d’un PHRIP sur la nutrition adaptée au reconditionnement à l’effort chez des patients non sportifs.

Parcours simplifié

Depuis 2013, l’établissement universitaire tourangeau a mis en place, au sein de sa Délégation à la recherche clinique et à l’innovation (DRCI), une cellule d’aide au montage de projets de recherche qui centralise tous les projets de la région Centre, qu’ils soient portés par des hospitaliers ou des libéraux, des médecins ou des paramédicaux. « Le rôle de la DRCI est de répondre aux propositions de recherche émanant de tous les soignants de la région et c’est le seul interlocuteur du ministère sur le plan financier », explique Guillaume Flury, ingénieur hospitalier et responsable de la cellule. Calculer la taille d’un échantillon, évaluer la durée d’une étude, estimer les coûts, choisir les méthodes de data management, superviser les éventuelles questions de pharmacovigilance, etc., nécessite en effet l’intervention d’un grand nombre de professionnels avant de parvenir à la rédaction d’un projet solide, susceptible d’obtenir des crédits ministériels. Soit « pas moins d’une dizaine d’intervenants présents au sein du CHRU qu’il faut être en mesure d’identifier, de localiser, de solliciter », comptabilise Guillaume Flury. La cellule simplifie ce parcours sous la forme d’un guichet unique. « Au lieu de taper à la porte de chacun des experts nécessaires pour compléter la rédaction de leur lettre d’intention, les porteurs de projet me contactent et, en fonction de leurs besoins, je réunis les différents interlocuteurs nécessaires », poursuit Guillaume Flury. Depuis sa mise en place, le dispositif a permis de doubler le nombre de lettres d’intention rédigées. « entre 2013 et 2015, nous sommes passés de 11 à 23 demandes, et de trois à cinq projets retenus, toutes formes confondues (PHRC, PHRIP, Preps, etc.). »

Libéraux bientôt contactés

Mais peu d’entre eux concernent des Idels. « Ceci alors que les projets portant sur le soin primaire sont prioritaires pour le ministère », souligne l’ingénieur hospitalier. Les projets de Matthieu Brémond et de l’association à laquelle il appartient, L’Espace du souffle, font figure d’innovation et le CHRU n’a pas encore reçu de demandes émanant d’Idels. « Nous n’avons communiqué sur l’existence de cette cellule qu’auprès des professionnels du CHU, relève Guillaume Flury. Nous communiquerons ensuite vers les centres hospitaliers de la région, puis nous pourrons nous faire mieux connaître auprès des libérales. »

L’association L’Espace du souffle, a, quant à elle, spécifiquement inclus dans son action la formation des libérales à la recherche clinique. « C’est important que nous soyons porteurs de projet car cela permet de produire des connaissances à partir des expériences souvent éparses des paramédicaux, dit Matthieu Brémond. Le libéral réalise 80 % des soins, nous avons donc accès à un grand échantillon de patients. » Il existe également une vraie pertinence médico-économique à faire de la recherche en soin de ville car les libérales accompagnent les patients régulièrement et sur un temps long. « À travers l’élaboration de recherches cliniques, nous pouvons affirmer des pratiques différentes de celles généralement élaborées à l’hôpital, les valider, encadrer les risques et mettre en avant notre rapport coût-efficacité. »