EXPÉRIMENTATION > Lors du 29e Salon infirmier, fin mai à Paris, le trophée infirmier libéral a été décerné à l’Association catalane d’infirmières cliniciennes et de consultation (Languedoc-Roussillon) pour son implication dans la prise en charge de patients douloureux chroniques à domicile.
Promouvoir la consultation infirmière et développer l’activité d’infirmière clinicienne en secteur libéral afin de répondre aux besoins de la population dans des domaines comme l’éducation thérapeutique, la prise en charge de la douleur, les plaies et cicatrisation ou encore la diététique… Tel est l’objectif de l’Association catalane d’infirmières cliniciennes et de consultation (Acicc)
Créée en 2009 par une poignée de libérales formées à la consultation infirmière ou cliniciennes, l’association compte aujourd’hui 26 adhérentes en région Languedoc-Roussillon. Forte de ses compétences, l’Acicc a répondu à un appel à projets lancé par l’Union régionale des professionnels de santé (URPS)-infirmiers en 2014 afin de mettre sur pied un « suivi coordonné du patient douloureux chronique par une équipe pluridisciplinaire en secteur libéral ». « L’intitulé du projet correspondait parfaitement à une démarche que nous souhaitions initier. Un groupe de neuf infirmières s’est constitué au sein de l’association et, au regard de notre dossier, l’URPS a décidé de financer à partir de 2015 dix consultations de 40 euros chacune pour 25 patients sur une période d’un an », relate Patricia Gibergues, secrétaire adjointe de l’association.
Pour organiser l’inclusion de patients dans ce programme innovant, le groupe d’Idels s’est rapproché d’autres soignants libéraux de leur bassin d’activité : médecins, kinésithérapeutes, psychologues, pharmaciens, mais aussi services d’algologie hospitaliers et un centre de rééducation. « Le critère d’inclusion visait des patients adultes douloureux chroniques depuis trois ans au moins, poursuit Patricia Gibergues. Les deux premières consultations, qui s’appuient sur une démarche clinique infirmière, étaient dédiées au recueil de données et à l’anamnèse du patient, ainsi qu’à l’évaluation de la douleur, de ses composantes et à l’analyse de leurs conséquences. Ensuite, chacune d’entre nous a mis en place des actions qui relèvent de notre rôle propre, comme la relation d’aide ou des méthodes psychocorporelles (relaxation, toucher-détente, respiration accompagnée, hypnoanalgésie…). » Bien que ce programme ne soit pas encore achevé, les effets bénéfiques sont déjà mesurables pour les patients. Outre qu’ils apprécient une prise en charge personnalisée et coordonnée, les effets sur la réduction de la douleur et une meilleure compréhension des mécanismes douloureux ont été relevés. Du côté de l’Acicc, l’opération est une « vraie réussite » puisqu’elle permet la valorisation des compétences infirmières au travers de la démarche clinique utilisée et favorise les échanges entre les professionnels de santé en mettant à profit les compétences de chacun. Et d’ajouter : « Nous sommes régulièrement confrontées à des patients douloureux chroniques. Or, dans le cadre quotidien de nos tournées, nous ne sommes pas en mesure de mettre en place une réponse adaptée. Pourtant, cette absence de prise en charge a des effets délétères, notamment un isolement social et des troubles anxio-dépressifs majeurs. Par ailleurs, les personnes en butte à des douleurs chroniques ont souvent recours à l’automédication et au nomadisme médical. »
Cette première expérimentation a par ailleurs donné lieu à la signature d’une convention avec deux centres anti-douleur de Montpellier et de Perpignan pour la pose de dispositifs de neurostimulation transcutanée et le suivi des patients. Afin de poursuivre et d’étendre les deux expérimentations, l’association catalane a sollicité un financement auprès de l’Agence régionale de santé. Sa réponse est impatiemment attendue.