L'infirmière Libérale Magazine n° 327 du 01/07/2016

 

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Clarisse Briot  

PRÉVENTION > Les facteurs sociaux et environnementaux pèsent lourd dans le traitement et la prévention du diabète. Comment garantir une équité de la prise en charge ? Constats et pistes ont été partagés par le CH Sud Francilien lors du Salon infirmier, fin mai à Paris.

« Nous accueillons une population précaire à Corbeil-Essonnes, observe Mélanie Plessel, cadre de santé au CH Sud Francilien (CHSF), en région parisienne. En même temps, nous avons la chance d’avoir un Centre d’étude et de recherches qui développe le traitement par pompe à insuline et le pancréas artificiel. » Une situation qui, selon elle, interroge l’éthique des soignants. « Nous avons une offre de soins à même d’améliorer la qualité de vie de nos patients, et, en face, une population qui ne peut pas forcément y avoir accès. Alors, que faisons-nous ? »

Les inégalités sociales de santé ont été mises en évidence par plusieurs études, a rappelé la cadre de santé. L’une, présentée en décembre dernier(1), montre que si, globalement, la maladie chronique est prévalente de manière identique dans toutes les strates de la population, plus les revenus sont faibles, plus la sensation de mauvaise santé est importante. Plus précisément, l’enquête ObEpi-Roche 2012(2) met en évidence le lien entre précarité, obésité et diabète, montrant que la prévalence de l’obésité et celle du diabète augmente avec les difficultés financières déclarées. Enfin, l’enquête Entred 2007(3) confirme que les facteurs de risques du diabète sont davantage présents parmi les populations précaires.

« La prévention est la première thérapeutique proposée, non remboursée par la Sécurité sociale, remarque Mélanie Plessel. Elle est basée sur le respect des règles hygiéno-diététiques. Or, quand on vit dans la précarité, la priorité est de ne pas avoir faim. Si le problème de santé n’est pas invalidant, on retarde les soins. »

Des Idels dans les services

Pour « essayer de maintenir l’équité » pendant et après l’hospitalisation, l’équipe du CHSF propose une « démarche éducative intégrant les déterminants sociaux », en lien avec le service social. Il s’agit « d’écouter ce que dit le patient, ce qui a changé dans son environnement, même pour le patient que l’on connaît par cœur », détaille Mélanie Plessel. Il faut aussi assurer la transmission d’informations entre médecins, infirmiers, aides-soignants et travailleurs sociaux. Par ailleurs, le lien avec le secteur extrahospitalier, et notamment les Idels, « qui donnent souvent l’alerte » sur les situations difficiles, doit être « réel et cohérent ». « Des Idels viennent dans le service voir ce que l’on fait, afin d’être dans le même discours éducatif. Elles nous contactent au besoin pour démêler une situation. Plus la coordination est fluide, plus le patient s’y retrouve. » Une démarche qui peut, à défaut de réduire les inégalités, empêcher qu’elles ne s’aggravent.

(1) Journée scientifique de l’Assurance maladie, 15 décembre 2015, travaux de Florence Jusot (Université Paris-Dauphine, membre du Leda-Legos, Irdes).

(2) À lire via bit.ly/297Otsa

(3) À lire via bit.ly/299Cj3t