POLITIQUE DE SANTÉ
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REVENDICATIONS > Les médecins libéraux négocient leur nouvelle convention médicale. L’Assurance maladie pourra-t-elle débloquer 1,5 milliard d’euros ? La CSMF n’y croit pas et claque la porte.
Un “New Deal”, un “plan Marshall” : les syndicats de médecins libéraux attendent beaucoup de leur nouvelle convention, qui doit être signée au plus tard fin août. « Le malaise est profond », assure Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Pour Claude Leicher, président de MG France, syndicat de médecins généralistes, il y a « non seulement de la déception et de l’inquiétude, mais aussi de la colère qui commence à monter ».
Seul point d’accord pour l’instant avec l’Assurance maladie : la consultation du médecin généraliste devrait être revalorisée de 23 à 25 euros. C’est un préalable pour MG?France qui réclame de longue date l’alignement de la consultation du généraliste sur celle du spécialiste. Mais l’Assurance maladie doit aller au-delà pour les syndicats, qui ont présenté des propositions communes : une consultation du médecin consultant sollicité par un confrère spécialiste à 50 euros, une consultation longue à 75 euros. MG France réclame, pour les généralistes, une valorisation de la coordination et de la visite à domicile.
S’ils rappellent ainsi leur attachement à l’acte médical, les médecins attendent également une revalorisation du “forfait structure”, qui finance l’informatisation du cabinet médical ou la rémunération d’un secrétariat. Pour l’instant, intégré à la Rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp), le forfait structure rapporte en moyenne 1 300 euros par médecin et par an. Il pourrait être différencié de la Rosp et revalorisé à 1 700 euros par an… loin des 10 000 annuels réclamés par MG France. Par ailleurs, les indicateurs de la Rosp devraient être revus, suivant les recommandations du Collège de médecine générale. La Fédération des médecins de France (FMF) est la seule à réclamer la suppression de la Rosp au profit d’un forfait, accordé sans conditions à tous les médecins.
Autre revendication commune à tous les syndicats de médecins : le renforcement de la protection sociale du médecin libéral. La ministre de la Santé a déjà annoncé en début d’année une revalorisation des indemnités de maternité des femmes médecins, mais seulement si elles exercent en secteur 1. La CSMF dénonce une « discrimination ». MG France estime aussi qu’il n’y a pas de « bébés S1 et de bébés S2 ».
La question des déserts médicaux est à peine abordée. Les incitations à l’installation devraient être reconduites et recentrées sur les jeunes médecins, qui pourraient recevoir une prime de 50 000 euros sur deux ans. Ces mesures n’ont pourtant pas fait la preuve de leur efficacité. Début juin, le Conseil de l’Ordre des médecins a rappelé que la désertification médicale s’accélère. En prime, les inégalités régionales se creusent, avec une concentration des installations sur la façade Atlantique, Rhône-Alpes et les territoires frontaliers du nord et de l’est.
L’ensemble des revendications syndicales a un coûtnon négligeable : 1,5 milliard d’euros pour la CSMF, 2,4 milliards d’euros pour MG France, 3 milliards pour la FMF. En l’état des négociations, « le compte n’y est pas », constatait Jean-Paul Ortiz de la CSMF, mi-juin. Son syndicat a finalement claqué la porte des négociations le 22 juin, car il n’y aurait, au menu, « qu’un plat de lentilles, et encore, soldé ! ».