Des Unions régionales des professionnels de santé (URPS)-infirmiers se mobilisent pour aider les Idels au quotidien, dans l’application de la NGAP… mais pas seulement. Voici deux exemples d’initiatives, avec une application mobile dans l’océan Indien et un mémo en Bourgogne.
Toutes les Idels rencontrent les mêmes problématiques, a souligné Pascal Lauret, Idel à La Réunion, lors du Salon infirmier, à Paris, fin mai. Elles exercent souvent seules, doivent planifier leurs soins en fonction des contraintes d’une journée dense avec une amplitude horaire large. » Elles ont un rôle polyvalent, et doivent s’adapter à toutes les situations et à tous les contextes : sociaux, culturels, religieux. « L’Idel est au cœur d’un éco-système et, pourtant, elle ne possède pas de données représentatives de son travail, et sa pratique sert donc très peu la santé publique », regrette Sandrine Martel, également Idel à La Réunion. Les informations de l’Assurance maladie transmises aux infirmières « sont insuffisantes et ne permettent pas d’améliorer la qualité de notre travail », pointe du doigt Véronique Deuninck, aussi Idel à La Réunion. Chaque Idel reçoit en effet des relevés annuels Snir (prescriptions Système national inter-régimes) sur ses honoraires et son activité. Mais elle n’a pas d’objectif fixé par les caisses.
L’URPS-infirmiers océan Indien planche donc sur une application mobile, avec notamment pour objectifs de recenser les soins directs apportés au patient en raison de sa pathologie principale et en relation avec la Nomenclature générale des actes professionnels, mais aussi les soins indirects, les activités qui offrent un support aux soins et participent directement à la bonne qualité de la prise en charge, mais ne sont pas cotées : interaction avec les autres soignants, suivi et mise à jour des soins d’un patient en accord avec d’autres professionnels de santé, soutien logistique, gestion administrative du cabinet, prescription des dispositifs médicaux, éducation thérapeutique ou encore aide sociale. Mais l’application ne vise pas seulement à quantifier tous les moments pour lesquels l’infirmière n’est pas rémunérée. Et elle « n’a pas pour vocation d’identifier tous ces soins indirects pour demander systématiquement une cotation », soulignent ses concepteurs. Dans l’application mobile, parmi les différents items pour chaque patient, seront aussi identifiés nom, prénom, sexe, niveau social et économique, interaction avec l’extérieur ou non, évaluation de la douleur, mesure des variables psychologiques, appropriation de la maladie, attitude générale de l’entourage. L’outil entend ainsi participer à une amélioration de la qualité des soins, de la recherche et de la santé publique. Il permettra aux Idels de stocker leurs données et d’avoir accès à des informations dans un but de suivi des patients. « Elles pourront s’appuyer sur ces données pour dresser leur bilan d’activité, évaluer la qualité de leur relation avec leurs patients et éventuellement tendre vers un label qualité, explique Pascal Lauret. Car être dans une démarche qualité, c’est favoriser la pérennité et le développement de l’entreprise à partir des données récoltées dans le but d’être efficient et performant. » En comprenant mieux l’activité d’Idel, on soigne mieux le patient, en somme.
C’est l’URPS qui recevra les données anonymisées, stockées sur un serveur sécurisé et agréé pour évaluer l’état de santé de la population. Elle pourra ensuite les transmettre aux Agences régionales de santé, institutions de recherche ou autres URPS. Le but est également de faire de la recherche scientifique, d’avoir un état de veille original sur la population, car l’Idel est au contact des patients et de leur entourage proche. Mathieu David, chercheur en psychologie sociale, prodigue ses conseils dans l’écriture du cahier des charges de l’application de ce projet, supervisé par la directrice et responsable des projets URPS Gaëlle Ollivier Gouagna et pour lequel Pascale Wanquet-Thibault, IDE et co-gérante d’Amae-santé, à l’initiative de la démarche, formule des recommandations.
Pour le moment, l’application est en cours d’élaboration, avec l’aide d’un prestataire et à partir du cahier des charges issu des travaux des Idels. Elle sera téléchargeable en échange d’un abonnement mensuel. « Dans les prochains mois, nous allons mettre en place des “bêta-testeurs” [en l’occurence des Idels qui vont tester l’application] et on peut espérer une application à disposition en décembre 2016 », indiquent les promoteurs de cet outil, dont le développement devrait être confirmé par le nouveau bureau de l’URPS-infirmiers océan Indien, dont l’élection devait avoir lieu le 4 juillet.
→ Contact pour l’appli : projets.urps.infirmiers974@gmail.com
→ Présentation sur le site du Salon infirmier, via bit.ly/298aOce
Mieux vaut prévenir que guérir. Un adage que l’URPS-infirmiers de Bourgogne a décidé d’appliquer à la prescription de soins infirmiers. « La qualité de la rédaction de l’ordonnance permet à l’infirmier une exécution et une facturation à l’Assurance maladie précises des actes prescrits », justifie-t-elle dans son mémo sur “Les indispensables de la prescription de soins infirmiers” (lien : bit.ly/292teaL).
Enjeu : faire en sorte que les soins infirmiers soient prescrits « de manière conforme » à la NGAP. Et non par rapport au décret de compétences. Car si la pose de bas de contention, l’ablation de sonde vésicale ou l’aspiration trachéo-bronchique sont spécifiquement inscrites au décret de compétences infirmières, elles ne sont pas remboursables par l’Assurance maladie, rappelle l’URPS. « Dans ce cas, ne faire ni feuille de soins ni demande d’entente préalable », précise le mémo.
Aux médecins, l’URPS propose des formulations types pour les situations les plus courantes : prescription de pansements, de thérapeutique pour les patients présentant des troubles psychiatriques (soumis à accord préalable à partir du 2e mois), mise en œuvre ou modification d’un traitement, démarche de soins infirmiers (obligatoirement via le formulaire cerfa 12102*01), prélèvement sanguin et analyse d’urine, INR, injection, insuline, perfusion préciser si une surveillance continue est nécessaire). L’URPS rappelle enfin que la prescription de matériel pour pansement, perfusion ou sonde est à rédiger sur une ordonnance séparée.
Édité en partenariat avec l’Agence régionale de santé et l’Assurance maladie – qui a validé le contenu –, ce petit guide a été diffusé à 7 000 exemplaires aux médecins généralistes de Bourgogne-Franche-Comté, aux établissements de santé et aux Idels bourguignonnes.
AVELINE MARQUES