Dermatologie
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Le point sur
La gale humaine est une infection dermatologique dont l’incidence semble avoir progressé en France, y compris de façon épidémique dans les collectivités. Nécessaire pour obtenir la guérison et limiter la propagation, la prise en charge associe un traitement médicamenteux oral ou local et des mesures d’hygiène pour l’environnement.
→ La gale est une infection contagieuse qui touche les adultes et enfants de tout milieu social, due à la contamination de la peau par Sarcoptes scabiei hominis, un acarien parasite. La femelle fécondée creuse une galerie dans la couche cornée où elle pond ses œufs qui deviennent larves puis adultes en deux à trois semaines (temps d’incubation). Les femelles, à leur tour fécondées, creusent de nouvelles galeries pour un nouveau cycle parasitaire.
→ La transmission, favorisée par la promiscuité, se fait majoritairement par contacts directs interhumains intimes et prolongés (peau contre peau), au sein d’un couple, de la famille, d’une collectivité, d’un établissement de santé. Plus rarement, la transmission peut être indirecte via le linge, la literie, le mobilier en tissu.
→ La gale n’étant pas à déclaration obligatoire en France, les données épidémiologiques sont imprécises. D’après un état des lieux en 2011
Les signes qui suivent apparaissent après incubation de deux à trois semaines en moyenne, liés à la présence des parasites et de leurs déjections.
Elles sont liées à une réaction allergique. Typiquement plus intenses la nuit.
→ De grattage, non spécifiques : rougeurs et croûtes (semblables à de l’eczéma) typiquement localisées entre les doigts, aux poignets, aux coudes, aux avant-bras, sur la face interne des cuisses, sur les organes génitaux, les mamelons (chez l’adulte, le visage et le dos sont habituellement épargnés).
→ Spécifiques (plus rarement retrouvées) :
– sillons scabieux (galeries), filiformes, de quelques millimètres, localisés dans les espaces interdigitaux et sur la face antérieure des poignets ;
– vésicules perlées : petite lésion translucide à l’extrémité du sillon où loge le parasite après la ponte ;
– nodules scabieux : lésions rouges à brunes tuméfiées et prurigineuses, liées à une réaction immuno-allergique, en particulier sur les organes génitaux masculins.
À noter : chez le nourrisson, la gale peut atteindre le visage, le cuir chevelu, le dos, et donner des vésicules sur la plante des pieds, des nodules scabieux fréquents près des aisselles ou de l’aine
Les lésions, plus ou moins prurigineuses, sont étendues à l’ensemble du corps (y compris le dos), généralement liées à un diagnostic tardif, à l’application prolongée et inappropriée de dermocorticoïdes ou à une immunodéficience. Le nombre de sarcoptes présents sur la peau est plus élevé, ce qui augmente la contagiosité.
Hautement contagieuse, la gale hyperkératosique, anciennement dénommée “gale norvégienne”, s’observe généralement chez des personnes immunodéprimées et/ou âgées avec une érythrodermie squameuse (éruption cutanée rouge généralisée, altération de l’état général) et des lésions hyperkératosiques (épaississement de la couche cornée) localisées aux plis ou généralisées à l’ensemble du corps. Le nombre de parasites est ici extrêmement élevé, le risque de contamination de l’entourage, même occasionnel, est majeur.
Il est essentiellement clinique dans les formes communes : topographie évocatrice des lésions de grattage, prurit à dominance nocturne, cas dans l’entourage et recherche des éventuelles lésions spécifiques. Le parasite peut être visualisé à l’extrémité d’un sillon avec un dermatoscope (lentille grossissante éclairée).
Il recherche au microscope la présence de parasites, œufs ou déjections après grattage des lésions. Systématique pour les formes profuses ou hyperkératosiques, il est peu sensible dans les formes communes (faux négatifs).
Les principales complications sont des surinfections des lésions (impétiginisation), notamment par staphylocoque ou streptocoque. L’apparition d’un eczéma, dû au prurit ou aux traitements locaux, est également possible.
La gale ne guérit pas spontanément. Le traitement, qui vise à éliminer le parasite de l’organisme et à prévenir la dissémination épidémique, concerne à la fois le patient, les sujets contacts (même asymptomatiques) et l’environnement.
Dans ce cas, sont également pris en charge les sujets contacts du premier cercle du patient, à savoir l’entourage familial, les partenaires sexuels, les personnes amenées à réaliser des soins de nursing…
Sont traités les sujets du premier cercle évoqués ci-dessus, du deuxième cercle (vivant ou travaillant dans la même collectivité) et, selon décision médicale, du troisième cercle (par exemple les visiteurs de la collectivité où réside le patient).
Si au moins deux cas à moins de six semaines d’intervalle : la stratégie est établie selon le nombre de cas. Sont traitées au minimum des personnes en contact, y compris le personnel médical.
Dans les maisons de retraite, où ont été relevées de nombreuses épidémies, « c’est parfois l’apparition de cas chez le personnel soignant qui révèle une épidémie », ajoute le Haut Conseil de la santé publique
Ils sont appliqués après la toilette sur l’ensemble du corps en insistant sur les lésions et en évitant les muqueuses et le visage (sauf s’il est lésé). Une seconde application est recommandée une semaine plus tard.
→ Perméthrine (Topiscab, crème) : à partir de deux mois, appliquer une fine couche (quantité selon âge), contact d’au moins huit heures avant de se laver et de rincer.
→ Benzoate de benzyle (Ascabiol, émulsion cutanée) : appliquer à la compresse deux couches successives à dix-quinze minutes d’intervalle, contact durant vingt-quatre heures avant de rincer (une couche unique chez la femme enceinte et l’enfant à partir d’un mois).
→ Esdépalléthrine (Spregal, lotion en flacon pressurisé) : à tout âge, en pulvérisation dans un endroit aéré, contact pendant douze heures avant de savonner et de rincer.
Seule l’ivermectine (Stromectol 3 mg, comprimé) est indiquée, chez l’adulte (sauf femme enceinte ou allaitante) et l’enfant à partir de 15 kg, en une prise de 200 µg/kg renouvelée dix jours plus tard
→ Gale commune : pas de recommandation préférentielle du traitement oral ou local
→ Gale profuse ou hyperkératosique : hospitalisation, isolement, traitement oral et traitement local jusqu’à négativation du prélèvement (au moins deux mois dans la gale profuse).
→ Gale impétiginisée : antibiothérapie orale pendant sept jours associée au deuxième ou troisième jour à un traitement scabicide, plutôt oral.
Il est recommandé de l’effectuer le lendemain du traitement médicamenteux (y compris à J8 si nouvelle dose).
→ La principale mesure consiste à laver tout le linge utilisé au cours de la dernière semaine (vêtements, serviettes, draps, peluches…) à 60 °C ou, si on ne peut pas le laver, le garder dans un sac plastique fermé pendant au moins trois jours.
→ Dans les formes étendues et récidivantes, il est recommandé d’aspirer et de retourner les matelas, d’aspirer les moquettes… Il est également possible de pulvériser les matériaux absorbants (comme le sommier, le canapé…) avec un aérosol acaricide de contact (par exemple A-Par).
→ Pour la gale commune, le suivi clinique est indispensable afin de vérifier la disparition des lésions et des démangeaisons, généralement en quinze jours. Prurit et nodules scabieux peuvent persister plusieurs semaines.
→ Pour les autres formes, un contrôle de la présence du parasite est nécessaire.
→ Garder les ongles courts et propres.
→ Consulter si non-guérison des signes malgré le traitement .
→ Éviction scolaire pendant trois jours après le début du traitement.
→ Rappeler au patient ou à sa famille d’informer les collectivités fréquentées et toute personne ayant eu un contact prolongé.
L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts.
(1) InVS, “La gale est-elle en augmentation en France ? État des lieux à partir de diverses enquêtes régionales et nationales. 2008-2010” (rapport à télécharger via le lien raccourci bit.ly/2bCK1mg).
(2) “Clinical phenotype of scabies by age”, Pediatrics, 2014; 133: 910-6.
(3) Haut Conseil de la santé publique, “Survenue de un ou plusieurs cas de gale, Conduite à tenir”, 9 novembre 2012 (rapport à télécharger via le lien raccourci bit.ly/2blCjMg).