L'infirmière Libérale Magazine n° 328 du 01/09/2016

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

Caroline Coq-Chodorge  

RAPPORT > La Cour des comptes juge « illisible » pour les familles comme pour les professionnels l’accumulation des dispositifs visant le maintien à domicile des personnes âgées.

Les politiques publiques ont-elles « une bonne connaissance des besoins des personnes dépendantes et de leurs aidants » ? Ces derniers ont ils une bonne information et sont-ils bien orientés ? La Cour des comptes répond sèchement dans son rapport sur “Le maintien à domicile des personnes âgées en perte d’autonomie”*, rendu public le 12 juillet dernier.

Situation « confuse »

Les attentes de la population sont connues : la grande majorité (90 %) souhaite vivre ses vieux jours à domicile plutôt qu’en établissement. Comment aider les personnes âgées et leurs familles à faire les meilleurs choix dans la profusion de l’offre sanitaire (Ehpad, hôpitaux, hospitalisation à domicile), médico-sociale (services de soins infirmiers à domicile et services de soins et d’aide à domicile), et sociale (foyers-logements) ? Conscients de cette complexité, les acteurs publics ont créé des structures d’intégration de ces différents dispositifs. Hélas, plusieurs ont été lancées de manière concurrente : les réseaux gérontologiques, les maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades Alzheimer (Maia), et les parcours de soins des personnes âgées en risque de perte d’autonomie (Paerpa). Cette accumulation « rend illisible l’ensemble du système mis en place », pour les familles. Pour ces professionnels, la situation est également « particulièrement confuse », relève la Cour.

Retard de la tarification des Ssiad

En termes d’offre, les magistrats plaident de nouveau pour le développement de l’hospitalisation à domicile, en particulier pour les personnes âgées les plus dépendantes. Mais ils regrettent le retard de la réforme de la tarification des services de soins infirmiers à domicile (Ssiad), qui aujourd’hui « ne tient pas compte des caractéristiques des patients », à savoir leur niveau de dépendance. Les magistrats ont constaté que les Ssiad « opèrent une sélection des prises en charge dans une optique d’équilibre financier », au détriment des patients les plus dépendants. Ils rappellent également les difficultés des services des soins et d’aide à domicile (Ssad). Deux de leurs recommandations concernent ces structures : « mener à bien la réforme de la tarification » et « favoriser le regroupement de ces structures », dans une perspective d’économie et de professionnalisation.

2 300 000 personnes âgées dépendantes en 2060

La population vieillit et le nombre de personnes âgées en perte d’autonomie s’accroît, rappelle la Cour : elles étaient 1 150 000 en 2010, elles seront 1 550 000 en 2030 et 2 300 000 en 2060. Quels sont les besoins futurs de financement du maintien à domicile ? Son coût actuel est évalué, en 2011, à 10,1 milliards d’euros, dont 4,7 milliards par la Sécurité sociale, 4,2 milliards par les départements, 0,3 milliard par l’État et 0,9 milliard par les ménages eux-mêmes. Cette somme à la charge des familles, déjà colossale, doit tripler, d’ici 2060, à 3,1 milliards d’euros. Pour aider les familles les plus démunies à faire face à cette dépense, la Cour propose de moduler l’aide personnalisée d’autonomie en fonction des ressources.

* À lire via le lien bit.ly/2bRli0c