MAL-ÊTRE > En marge de ses universités d’été, la Coordination nationale infirmière (CNI) a rendu hommage aux cinq infirmières qui se sont suicidées cet été, dont quatre sur leur lieu de travail.
Mines sombres et brassard noir sur leur blouse blanche, une cinquantaine d’infirmières se sont rassemblées le 14 septembre sur la place de la mairie de Martigues (Bouches-du-Rhône), où se tenaient les universités d’été du syndicat. « Nous sommes réunis pour rendre hommage aux collègues décédées cet été et témoigner de notre solidarité à leur famille. Avec l’exigence que toute la lumière soit faite sur ces drames et que des mesures soient prises pour que cela n’arrive plus jamais », a déclaré Nathalie Depoire, présidente de la CNI. Infirmier au centre hospitalier de Béziers (Hérault) et responsable local de la CNI, Gérard Sanchez témoigne aussi du malaise qui grandit dans les services. « Il ne se passe pas une semaine sans que des soignants nous disent que leur planning a été modifié au dernier moment ou que leur week-end a été amputé d’un jour. » Cadre à Salon-de-Provence « sur trois postes », Catherine témoigne aussi du mal-être soignant. « Aujourd’hui, les infirmières sont en perte d’identité professionnelle et de sens. L’humain disparaît peu à peu de nos hôpitaux. Maintenant, on est dans la rentabilité, l’efficience. On parle beaucoup de qualité, de certification, mais la réalité est qu’on doit faire toujours plus avec toujours moins. Alors, au quotidien, on fait surtout ce qu’on peut, et le plus souvent avec beaucoup de frustration », se désole-t-elle.
Après une minute de silence, plusieurs soignants se sont couchés au sol pour former un SOS géant. « Il y a urgence à ce que les pouvoirs publics réagissent, des vies sont en jeu. Des vies de patients et des vies de soignants », confie Nathalie Depoire. « En 2012, un plan pour prévenir les risques psychosociaux a été présenté par le ministère de la Santé, l’intention était bonne, mais nous sommes en 2016 et il n’y a toujours rien de concret, alors que, sur le terrain, c’est la détresse. » Pour la présidente, il faut revenir sur les causes du mal : diminution des effectifs, réduction des temps de transmission et plans d’économies drastiques qui impactent directement les salariés. La CNI exige également qu’un ratio infirmière/patients prenant en compte la complexité de la prise en charge dans les services soit rapidement mis en place. Pour l’heure, une longue lettre adressée au président de la République par la CNI est restée sans réponse.
→ Les réponses de la ministre Marisol Touraine s’est exprimée en exclusivité sur notre site quelques jours avant la manifestation. « Profondément attristée », elle exprime aux « collègues et amis [des infirmiers décédés], ainsi qu’aux communautés hospitalières concernées » son « soutien » et sa « solidarité ». Reconnaissant qu’il faut « à l’évidence amplifier les efforts » en matière de prévention des risques psycho-sociaux, elle annoncera à l’automne « une série de nouvelles mesures ». À lire dans la rubrique Actualités de notre site espaceinfirmier.fr, 1er septembre.