Cahier de formation
Savoir faire
Vous croisez Mlle X., dontle conjoint a une hépatite B récemment diagnostiquée.Elle est très inquiète pour leur entourage non vacciné…
Rappelez-lui que le virus de l’hépatite B ne se transmet que par contact avec les liquides biologiques : sang, sperme, sécrétion vaginale. La transmission par la salive est exceptionnelle ! On peut boire par exemple sans risque dans le même verre qu’un patient porteur chronique du VHB. En revanche, les objets de toilette du patient (ciseaux, brosse à dents…) doivent être strictement personnels et tout support contaminé par du sang du malade doit être désinfecté sans tarder (eau de Javel diluée au 1/10e). Le virus est cent fois plus contaminant que le VIH.
Le patient est particulièrement contagieux lors de l’hépatite aiguë (mais souvent il l’ignore) et au cours de la phase de tolérance immune (non inflammatoire) d’une hépatite B chronique (la charge virale étant alors très élevée).
Dans tous les cas, tous les patients atteints d’hépatite chronique B sont en théorie susceptibles de transmettre l’infection (charge virale fluctuante, passage d’un portage inactif à une hépatite B chronique active, etc.). Le risque de contamination peut exister, même sous traitement antiviral (sous interféron ou en cas de mauvaise observance des analogues). Il est donc primordial pour le patient de bien connaître les modes de transmission du virus pour limiter le risque de transmission aux personnes non vaccinées.
En France, la majorité des personnes infectées par l’hépatite B ont été contaminées lors de rapports sexuels non protégés, y compris oraux.
Les relations sexuelles doivent systématiquement être protégées avec un préservatif (masculin ou féminin) dès lors que le ou la partenaire n’est pas vacciné(e) contre l’hépatite B.
Le patient porteur d’une hépatite B chronique doit adopter certaines règles d’hygiène qui doivent au quotidien devenir des réflexes :
→ ces objets étant susceptibles d’être souillés par du sang pouvant être contaminé, prévoir impérativement des objets de toilette et de manucurie personnels qui ne seront en aucun cas prêtés : rasoir, ciseaux, coupe-ongles, brosse à dents… ;
→ recouvrir par un pansement toute lésion ou plaie qui saigne ;
→ en cas d’objet ou de support souillé par du sang infecté, décontaminer sans tarder la surface à l’eau de Javel diluée au 1/10e.
→ La consommation d’alcool doit être limitée au maximum car elle accélère l’évolution de la fibrose et augmente le risque de développement d’un cancer. Recommander aussi d’éviter tout médicament renfermant de l’alcool (teintures mères, certains sirops…).
→ Aucun régime particulier ne se justifie, mais il faut éviter tout surpoids ou obésité favorisant une stéatose qui elle-même accélère l’évolution vers la cirrhose. Si tel est le cas, la consultation d’un diététicien peut être nécessaire.
Il faut inciter à l’arrêt du tabac et en tout cas conseiller une diminution de sa consommation car celui-ci augmente le risque de progression de la fibrose du foie. Il en est de même pour le cannabis.
Elle aide à contrôler la fatigue, le poids, à désengorger le foie et a également un effet bénéfique sur le moral. Il faut mettre en garde contre des sports à risque de saignement (sports de combat par exemple). Garder un rythme de sommeil régulier, faire de petites siestes dans la journée (pas plus de quinze minutes) permet également de récupérer en cas de fatigue.
→ Rassurer sur la transmission de la maladie au nouveau-né chez une mère HBs positif. La contamination des nouveau-nés se fait essentiellement au moment de l’accouchement et en période néonatale. Dès la naissance, la sérovaccination associant immunoglobulines anti-hépatite B et première injection vaccinale contre l’hépatite B (schéma en trois injections, quatre pour les prématurés) prévient la transmission du VHB de façon efficace. Si besoin, un traitement antiviral (lamivudine, telbivudine ou ténofovir) peut aussi être entrepris au cours de la grossesse en cas de charge virale très élevée.
→ L’allaitement pour les mères atteintes d’hépatite B ne pose pas de problème chez les enfants sérovaccinés à la naissance et qui sont donc protégés. Si ce n’est pas le cas, le risque de contamination du nourrisson est possible en cas de crevasses ou de saignement au niveau des mamelons. Sous traitement par analogue, l’allaitement est discuté au cas par cas selon les molécules.
→ Les craintes sur l’évolution de la maladie et sa transmission sont source de stress et d’isolement. Environ 15 % des patients souffrent de troubles anxieux et dépressifs qui peuvent aussi être majorés par le traitement par interféron alpha.
→ Il peut être difficile aux patients de se confier à leur proche ou au médecin qui les suit. Un soutien psychologique extérieur est important. Plusieurs pistes peuvent être proposées : psychiatre, psychologue au sein du service de gastroentérologie d’un hôpital, appel à un service d’aide et d’écoute expérimenté (SOS hépatites, Hépatites info service…), échanges entre malades par le biais d’associations locales, participation à un programme d’éducation thérapeutique. Il n’existe généralement pas de programme spécifique dédié à l’hépatite B mais les patients peuvent parfois trouver de l’aide et intégrer des programmes ciblant l’hépatite C ou le VIH.
Sylvie Ehrhart, infirmière de recherche cliniqueet d’éducation thérapeutique au service hépato-gastro-entérologie du CHRU de Nancy (Meurthe-et-Moselle)
« La crainte d’une transmission par la salive est fréquente. Or ce type de transmission est exceptionnel. Pour qu’elle se produise, il faut une charge virale très forte (comme au cours d’une hépatite aiguë) et la présence de sang du patient contaminé : par exemple lors d’un baiser profond avec plaies ou lésions de la bouche. En pratique, il n’y a aucun risque de transmission de l’hépatite B si l’on a bu ou mangé dans la vaisselle utilisée par un patient contaminé, ni en cas de toux, d’éternuements, ou de baisers. »
→ Certains facteurs aggravent la fibrose hépatique et le risque de cancer du foie : alcool, tabac, excès de poids, âge avancé au moment du diagnostic, sexe masculin, co-infection par le virus de l’hépatite C ou D ou le VIH.