CANCÉROLOGIE > Le taux de survie et de guérison des enfants et adolescents traités pour un cancer dépasse les 80 %. Cependant, de nombreuses complications peuvent apparaître à l’âge adulte.
Aujourd’hui, en France, environ 30 à 50 000 adultes ont survécu à un cancer pédiatrique », a estimé le Dr Brice Fresneau à l’occasion des Entretiens de Bichat, le 6 octobre à Paris. Cet oncologue pédiatre travaille à la clinique Gustave-Roussy à Villejuif (Val-de-Marne), spécialisée dans la lutte contre le cancer et proposant depuis 2012, dans le département de cancérologie de l’enfant et l’adolescent, une clinique de suivi à long terme pour les patients en rémission complète.
Ces structures sont nécessaires : avec les progrès de la médecine, le taux de survie et de guérison à cinq ans des enfants et adolescents traités pour un cancer dépasse les 80 %, mais ces avancées ne sont pas dénuées de conséquences car les traitements et/ou la maladie elle-même peuvent être responsables de nombreuses complications dans l’âge adulte. « 75 % des patients présentent des troubles sévères ou invalidants à l’âge adulte, explique le Dr Fresneau. Le taux de mortalité est multiplié par 7 à 11 chez ces patients. » Parmi les complications rencontrées à l’âge adulte, on retrouve principalement le développement de seconds cancers, de pathologies cardiovasculaires, respiratoires, de troubles de la fertilité… Le risque est fonction de plusieurs facteurs comme l’âge de survenue du cancer, les traitements reçus (les irradiations et les anthracyclines sont particulièrement à risque), mais aussi des éventuels facteurs génétiques associés. Ce risque augmente avec le temps, les comorbidités et les facteurs environnementaux.
Si elles sont détectées précocement, certaines de ces complications peuvent bénéficier d’une prise en charge optimale, d’où l’importance d’un suivi adapté à chaque patient selon son historique médical. Le programme des examens à effectuer ainsi que leur rythmicité sont tellement spécifiques à chacun qu’il est difficile pour les professionnels de santé ainsi que pour le patient lui-même de s’y retrouver.
Afin de les guider, des cliniques de suivi à long terme se mettent donc en place. « On remet au patient et à son médecin traitant un résumé de l’histoire médicale, les traitements reçus et les recommandations de suivi à long terme, explique le Dr Fresneau. Ce sont des éléments absolument ma-jeurs. Il est aussi important de prendre contact avec les unités d’oncologie pédiatrique. Elles recouvrent tout le territoire et, dans chaque centre, des médecins peuvent répondre aux questions et aider à déterminer la surveillance nécessaire. »
La Société française de lutte contre les cancers et les leucémies de l’enfant et de l’adolescent propose également, sur son site Internet, des fiches d’information sur le suivi à long terme en fonction de l’organe touché par le cancer. Destinées aux patients, elles peuvent aussi être lues par tout professionnel de santé.