L'infirmière Libérale Magazine n° 330 du 01/11/2016

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

Laure Martin  

PROGRAMMES > Le Centre national des professions libérales de santé (CNPS) a organisé sa journée de rentrée le 7 octobre. Trois priorités des libéraux pour le prochain quinquennat y ont été présentées. La parole a également été donnée aux représentants des partis politiques.

Première priorité identifiée par le CNPS, et non des moindres : recréer un climat de confiance entre les politiques et les professionnels de santé avec « une transformation de la gouvernance de la politique de santé », rapporte Philippe Gaertner, pharmacien et président du CNPS. Le CNPS propose notamment de sanctuariser les dispositions conventionnelles signées et de faire des conventions de véritables contrats garantissant la mise en œuvre des engagements signés.

« Supprimer des strates »

Deuxième axe prioritaire du CNPS : construire l’offre de soins du XXIe siècle avec les libéraux de santé. Pour ce faire, « il faut engager une réforme des textes pour rendre plus simple et intelligible le système dans lequel on veut avancer », estime Philippe Gaertner. Le député Les Républicains (LR) Jean Leonetti, représentant d’Alain Juppé, abonde dans ce sens. Il considère comme impératif « d’arrêter de faire des textes qui se superposent » et de clarifier ceux existants. Les libéraux suggèrent aussi de supprimer « les multiples strates administratives créées depuis la loi HPST dans le but manifeste de contourner les syndicats représentatifs afin d’élargir l’emprise de l’État ». Le CNPS plaide aussi pour une meilleure prise en compte des soins de proximité en organisant « pour de bon » le virage ambulatoire, notamment en permettant le transfert des activités jugées désormais inutiles en hospitalisation vers les cabinets libéraux, avec les budgets correspondants. Pour effectuer ce virage, « l’évaluation médico-économique des parcours de soins est indispensable, soutient le député européen Philippe Juvin (LR), porte-parole santé de Nicolas Sarkozy. La médecine de ville est encore trop individualisée. » Pour le CNPS, il faut réduire le poids de l’hospitalisation dans les dépenses de santé et réorienter les moyens vers les soins ambulatoires libéraux : « l’hospitalisation à domicile, dont le coût global est de 60 % plus élevé que la prise en charge libérale, n’a pas vocation à s’instaurer en tant que porte de sortie de l’hôpital. » Les libéraux revendiquent aussi la préservation du maillage territorial. Un point défendu par Marie-Christine Favrot, secrétaire nationale pour les questions de santé de l’Union des démocrates et indépendants, pour qui l’organisation du système de santé doit être territoriale. « Pour les soins primaires et la prévention, il n’y a pas de modèle unique mais une palette à exploiter en fonction des spécificités du territoire. »

« Priorité à la ville »

Pour permettre la mise en œuvre de la dernière proposition du CNPS, à savoir, « oser donner la priorité aux soins de ville libéraux », « il faut arrêter les plans d’économie successifs qui ont été dévastateurs pour les libéraux de santé ». Ce qui appelle en premier lieu à des modifications de l’Ondam, l’objectif de dépenses voté tous les ans dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale. Construire un Ondam donnant réellement la priorité aux soins de ville, matérialiser un sous-Ondam des transferts de l’hôpital vers les soins de ville, en créer un autre spécifique au médicament sont les mesures envisagées par le CNPS. Les libéraux proposent également de rémunérer les professionnels pour les tâches administratives comme la prise en charge coordonnée du patient. Du côté d’Europe Écologie Les Verts, la santé environnementale et l’accès aux soins sont les deux priorités identifiées, notamment parce que nombre « des problèmes de santé des concitoyens (habitat, alimentation, nuisances) sont liés à des problèmes environnementaux », soutient le secrétaire national, David Cormand.

DERNIÈRE MINUTE

→ Les Idels quittent le CNPS

Fin octobre, FNI, Convergence infirmière et Onsil ont annoncé leur départ du CNPS. Ils évoquent « des désaccords de fond », se plaignant notamment de la création par les « ténors du CNPS » d’un Collectif santé 2017 pour la présidentielle « en écartant (…) les Idels au profit de la Fédération nationale de l’HAD ». Autre regret, le manque de débat sur la vaccination.

Le PS grand absent du “grand oral”

Les Républicains, l’UDI et EELV ont répondu présent au “grand oral” de la santé du CNPS. Le Parti socialiste a en revanche décommandé sa venue en donnant une explication somme toute “lapidaire” au CNPS : « Pas de programme, pas de candidat, pas d’intervention. » « J’ai la faiblesse de penser qu’il y avait au moins un bilan à défendre », commente Philippe Gaertner, pour qui cette absence est un affront.