SOUFFRANCE PSYCHOLOGIQUE > Suicides de soignants à l’hôpital, agressions d’Idels et de médecins… Face au malaise de la profession, un numéro unique d’appel est lancé et des centres d’accueil spécifique créés pour une prise en charge adéquate.
La parole se libère du côté des professionnels de santé. Y compris chez les infirmières libérales. Il y a un an, dans une première enquête, l’association Soins aux professionnels de santé (SPS) révélait l’exposition de huit professions
Premier enseignement, les infirmiers font partie des professions de santé les moins enclins à tirer la sonnette d’alarme. En effet, 71 % d’entre eux, contre 76 % pour la moyenne des professionnels de santé, chercheraient de l’aide. Plus alarmant encore, 53 % seulement sauraient vers quel interlocuteur se tourner. Dans 43 % des cas, il s’agirait alors de l’entourage familial, dans 38 % d’un confrère ou d’une consœur.
Du reste, la quasi-totalité des infirmiers ne connaissent pas d’association engagée contre la souffrance psychologique, ni même un numéro d’écoute dédié. À noter que cette ignorance est commune aux hospitaliers et aux libéraux.
Pour exprimer leurs difficultés, les professionnels de santé souhaiteraient disposer en priorité de l’écoute d’un psychologue (58 %) ou d’un confrère de la même discipline (36 %). Dans trois cas sur quatre, ils privilégieraient alors des consultations physiques et, en majorité, des orientations vers des structures dédiées. L’ensemble de ces réponses a fini de convaincre SPS qu’il y avait urgence à agir. Un numéro d’appel d’urgence spécifique et unique à l’ensemble des professionnels de santé, hospitaliers comme libéraux (qui devait être dévoilé après notre bouclage), est créé. À l’autre bout du fil, un psychologue orientera, au besoin, vers l’un des dix centres d’accueil spécifique répertoriés sur l’ensemble du territoire et dédiés uniquement aux professionnels de santé.
Enfin, comme l’annonce le Dr Éric Henry, président de SPS, les professionnels de santé qui identifieront le poids des tâches administratives comme l’une des principales sources de leur souffrance psychologique pourront trouver un soutien grâce à des cellules juridiques mises en place auprès de leurs propres instances professionnelles.
(1) Kinésithérapeutes, médecins, orthophonistes, infirmiers, podologues, pharmaciens, chirurgiens-dentistes, orthoptistes.
(2) Enquête réalisée auprès de 4 019 professionnels de santé entre le 19 septembre et le 10 octobre 2016. 491 infirmiers y ont répondu, dont 81 % de femmes, 52 % de libéraux pour une moyenne d’âge de 45 ans.
Après un historique instructif rappelant que le burn-out désigne au départ, dans l’aérospatiale, l’écrasement d’une fusée étant montée trop vite, l’auteure détaille les causes du phénomène en médecine générale (telles que le poids de l’administratif ou l’influence de la relation au patient), puis ses manifestations et conséquences. Également intéressants, un focus sur l’étranger et une énumération d’institutions de prise en charge. Une introduction claire et pratique, agrémentée de dessins qui touchent juste, pouvant être au moins en partie transposée à l’exercice infirmier libéral…
Dr Martine Donnet, Doctor’s blues ou le burnout des médecins, EDP Sciences, coll. “De médecin à médecin”, 2016. 29 euros.