L'infirmière Libérale Magazine n° 331 du 01/12/2016

 

SANTÉ ENVIRONNEMENTALE

L’exercice au quotidien

Laëtitia Di Stefano  

David Deransart, Idel à Lyon (Rhône), a un dada : la prévention. Après une formation en santé environnementale en 2015, il se lance dans une approche du métier d’un nouveau genre. Il est éco-infirmier.

J’ai très vite quitté l’hôpital pour le libéral. Je voulais faire de la prévention, empêcher les gens de tomber malades. L’infirmier est en contact direct avec la population, il a donc toute sa place dans le conseil de santé. Mais, en Ifsi, on parle peu de santé environnementale… Je ne savais donc pas comment aborder certaines thématiques. Il y a tant à faire : qualité de l’air, de l’eau, polluants divers, ondes électromagnétiques… J’ai enfin trouvé à l’Institut de formation en santé environnementale le support qui me permet de le faire. Avec mes patients, je priorise certains sujets selon le moment et leurs besoins. Mes conseils vont de l’alimentation aux cosmétiques, en passant par le bruit, la lumière, les rayonnements divers (ligne à haute tension, micro-ondes), le nucléaire, les pertubateurs endocriniens… En période estivale, je parle des crèmes solaires qui en sont emplies, des problèmes de fécondité que cela peut engendrer. Quelle meilleure protection contre les UV qu’un parasol, une casquette, des vêtements adaptés ? En hiver, j’aborde d’autres thèmes, comme les polluants intérieurs, avec la nécessité d’ouvrir les fenêtres quelle que soit la météo. L’essentiel est d’être léger, surtout pas culpabilisant. S’ils me posent des questions, j’analyse leur capacité à régler le problème par eux-mêmes et leur réponds en conséquence. Je prends le temps de voir comment aborder la question. Il ne faut pas faire peur avec une masse d’information qui peut être anxiogène. Prendre conscience des problèmes est un premier pas nécessaire. Pour moi, ce travail fait partie intégrante du soin. Je prends plaisir à aborder la santé primaire, je me suis toujours demandé pourquoi les infirmiers insistaient autant sur les actes techniques. Tout est important. Ceci dit, la prévention est le parent pauvre de la santé, c’est dommage. Aucune prise en charge de la Sécurité sociale. Pour l’instant, je fais cela dans le cadre de mes prises en charge. À terme, j’aimerais proposer mon expertise et ouvrir une consultation spécifique en tant qu’éco-infirmier. »

Avis de l’expert

« Proposer des solutions accessibles »

Philippe Perrin, directeur de l’Ifsen (Institut de formation en santé environnementale)

« Je suis tout à fait en phase avec David. L’éco-infirmier doit avoir un bon sens de l’observation pour relever des comportements ou éléments qui dénotent chez une personne : traces de moisissures, poêle à pétrole… L’autre point important : proposer des solutions accessibles financièrement et techniquement. J’ajouterais qu’un éco-infirmier peut pratiquer aussi hors libéral, à la demande de collectivités, d’entreprises, pour des formations. La formation que nous proposons est de 190 heures sur neuf mois. Elle recense des connaissances (scientifiques et épidémiologiques) sur les toxiques de notre environnement, leurs effets sur la santé et les moyens de les réduire. L’autre volet porte sur la façon de faire passer le message. En évoluant eux-mêmes, les stagiaires découvrent les réticences qu’ils pourront rencontrer plus tard avec leurs patients. Nous aimerions, à terme, une reconnaissance du rôle d’éco-infirmier. »

Plus d’infos : ifsenformations.fr initiatives