Potentiellement grave et particulièrement douloureux chez le sujet âgé, le zona concerne 100 000 personnes par an en France. Ses complications peuvent bouleverser le quotidien des patients. Discutée, la prévention vaccinale a récemment évolué.
Le zona est une maladie virale consécutive à la réactivation du virus de la varicelle (Varicella Zoster Virus ou VZV). Celui-ci n’est pas éliminé après guérison de la primo-infection et persiste à l’état latent dans les ganglions sensitifs des nerfs crâniens ou des racines postérieures de la moelle (racines nerveuses rachidiennes). Il faut donc avoir eu la varicelle pour développer cette maladie. Bien que pouvant toucher des adultes jeunes, la réactivation du virus s’observe beaucoup plus fréquemment après 45 ans (60 % des cas). En France, on observe 1,3 à 1,5 cas pour 1 000 et 5 à 10 cas pour 1 000 chez les plus de 60 ans
Au-delà de l’âge, certains facteurs favorisent la réactivation du VZV : l’ethnie (les personnes de peau blanche sont plus touchées), les maladies entraînant une fragilité du système immunitaire, certains traitements (corticoïdes au-delà de trois semaines même à doses faibles, immunosuppresseurs), voire, dans une moindre mesure, le stress, le surmenage, une fatigue intense, un traumatisme au niveau du rachis, une épine irritative locale (hernie discale, pleurésie ou sinusite chronique, ponction lombaire par exemple), une exposition non protégée au soleil.
À noter : les personnes atteintes d’un zona sont potentiellement contagieuses pour les personnes n’ayant jamais contracté la varicelle. Elles doivent donc éviter les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées.
Le zona se forme le long d’un trajet nerveux. La douleur et/ou l’éruption cutanée qui en résultent forment une bande caractéristique unilatérale (“zona” signifie “ceinture” en grec ancien). Si toutes les zones du corps peuvent être touchées, les localisations les plus fréquentes sont thoraciques (56 %), céphaliques (16 %), cervicales (11,5 %), lombaires (12 %), sacrées (4,5 %), ophtalmiques (5 %)
Dans la majorité des cas, la douleur constitue le symptôme inaugural du zona. Plus ou moins violente (à type de picotements, de sensation de chaleur, de brûlure, voire de décharges électriques très violentes et brutales), elle peut être suivie dans les 24 à 48 heures d’une éruption cutanée d’autant plus forte que le sujet est âgé. Faite de petites vésicules localisées en bouquet le long du trajet nerveux, l’éruption évolue sur une huitaine de jours. En l’espace de deux à trois semaines, les vésicules sèchent, forment des croûtes plus ou moins prurigineuses et chutent, laissant des cicatrices dyschromiques qui prennent la forme d’une zone très blanche dépourvue de mélanine ou, au contraire, d’une zone plus foncée. En général, le zona évolue sans complication (lire l’encadré) en trois phases (augmentation, plateau, régression) d’une semaine chacune.
Le traitement comprend :
→ des soins locaux pour éviter la surinfection des lésions à l’aide d’antiseptiques locaux tels que la Chlorhexidine solution ou l’Héxomédine solution (effets désinfectant et asséchant). Toutefois, ces produits n’ont jamais prouvé leur bénéfice réel comparé à un nettoyage à l’eau et au savon, qui convient également. Les crèmes antiseptiques et autres pommade, gel, ou talc ne présentent aucun intérêt dans le traitement des bouquets vésiculeux et doivent être déconseillés ;
→ des traitements antalgiques : ces traitements reposent sur une stratégie par palier (paracétamol, codéine, morphine) mise en place au cas par cas. En cas de douleurs neuropathiques résistantes, des traitements spécifiques peuvent être mis en place sous contrôle médical ;
→ des traitements antiviraux spécifiques : à l’exception majeure des personnes immunodéprimées et du zona ophtalmique qui doivent impérativement être traités en urgence
À noter : ce traitement n’a l’autorisation de mise sur le marché (AMM) que pour la prévention des douleurs chez les patients de plus de 50 ans. Il n’est pas vraiment démontré qu’il diminue le risque de douleurs post-zostériennes (lire l’encadré).
Le Zostavax (vaccin vivant atténué) bénéficiait depuis 2006 d’une AMM en « prévention primaire du zona et des douleurs post-zostériennes chez les sujets de plus de 60 ans ». Depuis, son efficacité a été évaluée dans le cadre d’une étude multicentrique, randomisée en double aveugle sur 38 000 sujets de plus de 60 ans. Au vu des résultats de cette étude, des données épidémiologiques du zona et des douleurs post-zostériennes, des données d’efficacité et de tolérance du vaccin et de son rapport coût-efficacité, le Conseil supérieur d’hygiène publique de France n’a pas recommandé la vaccination large par le vaccin contre le zona. Le 25 octobre 2013, le Haut Conseil de la santé publique s’est prononcé favorablement, sauf contre-indications (dans le cas des personnes immunodéprimées), à la vaccination des patients âgés de 65 à 74 ans révolus avec un schéma vaccinal à une dose
À noter : ce vaccin doit être utilisé en prévention chez les personnes dont on sait qu’elles vont être immunodéprimées (avant une transplantation ou une greffe de moelle, par exemple).
Avec l’aimable participation du Dr Fabien Guibal, dermatologue, hôpital Saint-Louis (AP-HP)
(1) Direction générale de la santé, “Guide des vaccinations”, édition INPES 2012, à lire via le lien raccourci bit.ly/2fNhgWC
(2) Un zona ophtalmique mal traité peut entraîner la perte de l’œil.
(3) HCSP, avis du 25 octobre 2013, à lire via le lien raccourci bit.ly/2f8VWtA ; à lire également : “Calendrier vaccinal et recommandations vaccinales 2016”, ministère de la Santé, mars 2016, à lire via le lien bit.ly/1MVAClf
En règle générale, le zona ne présente pas de complications particulières. Toutefois, dans certains cas, alors que le zona est guéri, des névralgies post-zostériennes permanentes persistent. Elles sont favorisées par le contact des vêtements ou le toucher et constituent une complication d’autant plus fréquente que le patient est âgé. Chez les sujets très âgés, cette complication survient dans 30 % des cas. Elle est extrêmement invalidante au point d’engendrer une perte d’appétit, des difficultés à dormir et des états dépressifs pouvant conduire au suicide et justifiant des traitements antalgiques très lourds. L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts.
L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts.