Choisir le bon pansement - L'Infirmière Libérale Magazine n° 332 du 01/01/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 332 du 01/01/2017

 

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Caroline Bouhala  

CICATRISATION > Entre les nombreuses références et les discours enchanteurs des visiteurs médicaux, il peut être facile de s’y perdre. Le forum infirmier des Journées dermatologiques de Paris, le 9 décembre, a été l’occasion d’effectuer une petite piqûre de rappel, non exhaustive.

« Les visiteurs médicaux vont vous dire que leur pansement est meilleur que celui du voisin. Et même si les pansements d’une même classe ne sont en effet pas tous identiques, vous devez tout d’abord raisonner en classe de pansement », insiste le Dr Anne Dompmartin, dermatologue au CHU de Caen (Calvados). Elle rappelle que, pour favoriser la cicatrisation, le pansement doit créer un milieu humide, « humide mais pas mouillé ». Sa capacité d’absorption est donc un critère décisif puisqu’il doit permettre de maintenir ce bon taux d’humidité, sans risque d’asséchement ni de macération.

Plaies très exsudatives

Pour les plaies très exsudatives, la praticienne recommande des pansements avec une grande capacité d’absorption comme les alginates, les pansements en fibres à haut pouvoir d’absorption ou les hydrocellulaires superabsorbants. Parmi ces trois classes, elle rappelle que les alginates ont également l’avantage d’être hémostatiques – notons que seul Algostéril est pris en charge dans le cadre des plaies hémorragiques. Les pansements en fibres (citons parmi eux Aquacel et Urgoclean) sont aussi très efficaces et peuvent être superposés pour s’adapter aux exsudats. « Ils sont en général assez bien tolérés sur la plaie mais méfiez-vous de la périphérie, que vous devez souvent protéger avec un peu de pâte à l’eau. » Quant aux superabsorbants (par exemple Vliwasorb Pro, RespoSorb Super…), ils sont également très utiles. Les pansements de cette classe présentent toutefois, parfois, certaines limites, notamment en cas d’exsudats extrêmement protéinés : « L’absorption peut être plus compliquée car les exsudats sont trop visqueux, explique le médecin. Je vous conseille alors de passer à des pansements américains », à savoir des pansements absorbants stériles non adhésifs (Cutisorb Absorb, Hydravit, Vliwazell…). Autre rappel, bien suivre l’évolution des exsudats à chaque changement de pansement car, « s’il y a une adhérence du pansement au retrait, c’est que la plaie n’est plus suffisamment exsudative et il faudra changer de classe de pansement ».

Pansements hydrogels et irrigo-absorbants

Les hydrogels, composés à plus de 50 % d’eau, sont destinés à assurer l’humidification des plaies pour faciliter l’élimination des tissus fibrineux et/ou nécrotiques. En raison de leur mode d’action, le docteur recommande « d’en mettre un peu au centre de la plaie mais pas trop car, s’ils débordent sur la périphérie de la plaie, ils risquent de causer une macération ». Pour les irrigo-absorbants contenant de la solution de Ringer, il lui arrive parfois de les mettre au réfrigérateur afin d’apporter un soulagement au malade (radiodermites, etc.).

Bourgeonnement

Au stade de bourgeonnement, le choix se fait entre hydrocolloïdes, hydrocellulaires et interfaces. Les hydrocolloïdes peuvent être utilisés à tous les stades d’une plaie mais le Dr Dompmartin les déconseille pour les plaies très exsudatives car, « à saturation, ils ont tendance à se ramollir et finalement à faire macérer ». Ils ne doivent donc pas non plus être utilisés chez les patients diabétiques, plus à risque d’infection.

Les hydrocellulaires à absorption moyenne ou importante ont l’avantage de présenter de nombreuses formes adaptées aux localisations difficiles (sacrum…). Les interfaces permettent de limiter les traumatismes et douleurs induits par le retrait du pansement. Il en existe avec des mailles plus ou moins grandes et grasses. « Quand les mailles sont larges, vous risquez parfois d’arracher les bourgeons au retrait », informe-t-elle.

Signes infectieux

En cas de signes infectieux, peuvent être utilisés les pansements à l’argent, bactéricides, mais pas trop longtemps en raison de leur caractère irritant. Le Dr Dompmartin évoque aussi le Sorbact, « pansement antibactérien qui existe sous deux formes : hydrogel ou pansement absorbant », et dont il faut mettre le côté vert sur la plaie, sans rien d’autre.

Face à une plaie, il est donc essentiel de toujours se référer à la classe de pansement nécessaire. « Ensuite, vous vous ferez une opinion », conclut Anne Dompmartin.

EN SAVOIR +

→ Modifications au 1er janvier

Des modifications de prix de pansements hydrocolloïdes, hydrocellulaires ou encore alginates, annoncées dans notre Mémento de la prescription, complétées voire révisées dans le Journal officiel des 15/12 (lien : bit.ly/2hrs4Nc) et, pour les boîtes de 10 et de 16 d’Algostéril, du 6/12 (bit.ly/2hEYul2), entrent en vigueur le 1er janvier 2017. À noter qu’est introduite une différenciation tarifaire entre hydrocellulaires avec ou sans adhésif, avec un tarif supérieur pour les seconds.