L'infirmière Libérale Magazine n° 332 du 01/01/2017

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

Caroline Coq-Chodorge  

CONDITIONS DE TRAVAIL > Aux manifestants du 8 novembre, Marisol Touraine a promis des mesures pour améliorer leur qualité de vie au travail. Dévoilées aux salariés, elles ont déçu. Les libéraux seront fixés en janvier. Mois pendant lequel les syndicats annoncent aussi une mobilisation.

Les libéraux doivent patienter jusqu’au mois de janvier pour découvrir leur « stratégie nationale d’amélioration de la qualité de vie au travail ». Si on se fie aux infirmiers salariés, qui ont eu la primeur des annonces les concernant, le 5 décembre, les libéraux risquent d’être déçus.

“Prendre soin des soignants”, c’est le slogan choisi par le ministère, qui déploie une stratégie en dix engagements. Sera par exemple mis sur pied un « Observatoire national de la qualité de vie au travail et des risques psychosociaux des professionnels de santé ». Dans les établissements, des médiateurs seront nommés en cas de conflit. Mais il sera aussi possible de faire appel à des médiateurs régionaux ou nationaux. Les formations initiales et continues intégreront de nouveaux modules sur la qualité de vie au travail. Le management sera plus spécifiquement formé à « la gestion et l’animation d’équipes », ou encore à « la résolution de conflits et la conduite de projets ». Pour « revaloriser la médecine du travail », 30 millions d’euros vont être investis sur trois ans. Un « cycle de concertations » doit aussi être lancé afin de « mieux valoriser » les contraintes de travail liées à la continuité des soins. Pour améliorer « les conditions de travail des professionnels au quotidien », la stratégie prévoit de systématiser « les réunions d’équipe de proximité », de synchroniser les organisations de travail médicales et paramédicales ou d’améliorer la gestion des plannings.

« C’est du bla-bla »

Du côté des centrales syndicales, FO, Sud et CGT n’ont pas répondu à l’invitation de la ministre : « Elle entendait clôturer une soi-disant concertation à laquelle nous n’avons même pas été associés », explique Philippe Crepel, porte-parole de la CGT santé. Pour FO, « la ministre nous demande aujourd’hui d’accompagner les conséquences de sa politique ». Même tonalité du côté des organisations infirmières. Pour Nathalie Depoire, la présidente de la Coordination nationale infirmière, « il y a un problème de cohérence. On annonce un renforcement de la formation, mais on ponctionne les crédits de l’Agence nationale de formation hospitalière ». « Le problème, c’est le contexte, renchérit Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI CFE-CGC : les plans d’économies successifs, l’effort de 3 milliards d’euros supplémentaires demandé à l’hôpital en 2017. » Le Syndicat national des infirmiers anesthésistes est encore plus virulent : « C’est du bla-bla ! Pour diminuer la pénibilité, il faut embaucher, fixer des ratios minimums de soignants », s’emporte le secrétaire général Simon Taland. « Nous allons remobiliser en janvier, assure Nathalie Depoire. Reste à trouver une date. »