L'infirmière Libérale Magazine n° 332 du 01/01/2017

 

COMPLÉMENTARITÉ

L’exercice au quotidien

Marie Fuks  

Loin des clivages et tensions souvent évoqués ici et là, il existe en Charente des Idels heureux de travailler avec l’hospitalisation à domicile (HAD). Stéphane Fauran, à Sers, en fait partie.

Le partenariat entre les Idels charentaises et l’HAD a été négocié dans les années 1970, lors de la mise en place de l’HAD/Ssiad (services de soins infirmiers à domicile) Santé service dans notre département, par Viviane Van Den Berg, alors présidente départementale de la Fédération nationale des infirmiers. À l’époque, nous manquions d’Idels et réalisions très peu d’AIS, ce qui est encore vrai aujourd’hui. Ce partenariat repose sur une convention par laquelle l’HAD/Ssiad, aujourd’hui devenue Filière domicile, s’engage à réserver l’exclusivité des soins techniques aux Idels, les soins de nursing et la coordination des interventions à domicile étant pris en charge par le personnel (aides-soignants, IDE coordinatrice) de l’HAD.

En pratique, dès que la sortie en HAD ou en Ssiad d’un patient hospitalisé est prévue, l’IDE de coordination appelle l’Idel référente du patient, y compris lorsqu’il n’y a pas de soins infirmiers à domicile prescrits d’emblée. Dans le cas contraire, l’HAD/Ssiad nous adresse systématiquement un courrier précisant la période de prise en charge, auquel est joint le plan de soins avec les cotations qui seront appliquées par l’Idel. Ces cotations peuvent être discutées au cas par cas si l’Idel estime qu’elles ne sont pas cohérentes au regard de la charge de travail nécessaire pour les soins. On privilégie ainsi la logique soignante sans pour autant négliger la logique comptable du prix de journée de l’HAD. Sur ce principe, l’HAD a intégré dans sa tarification des soins qui ne sont pas pris en compte dans la nomenclature, tels que les cathéters périnerveux*. Elle prend également en compte dans son prix de journée un certain nombre de soins non remboursés par l’Assurance maladie, tels que les distributions de médicaments, les préparations de piluliers, la pose des bas de contention. Actuellement, plusieurs commissions réunissant les représentants syndicaux des Idels et l’HAD travaillent sur la manière d’améliorer encore cette collaboration. L’un des sujets en discussion porte notamment sur les majorations de coordination infirmière (MCI) qui ne sont pas rémunérées pour l’instant, les Idels ayant fait le choix, lors de négociations antérieures, de privilégier la facturation de tous les actes à taux plein plutôt que de facturer les MCI. Pour autant, le travail collaboratif engagé sur ce sujet devrait nous donner prochainement la possibilité de facturer un MCI par jour pour les soins palliatifs, ce qui est très satisfaisant sachant que nous pouvons compter sur un personnel d’aides-soignants qualifiés et très compétents et sur la disponibilité d’une coordinatrice 24 heures sur 24. C’est ce qui explique qu’aujourd’hui, dans notre département, la majorité des Idels, y compris remplaçantes, adhèrent sans réserve à ce dispositif gagnant-gagnant pour le patient, pour les Idels et pour l’HAD. »

* En Charente, les Idels membres du réseau SOS Douleur domicile 16 utilisent des cathéters périnerveux dans le cadre du traitement des douleurs postopératoires et chroniques rebelles et ont obtenu de la CPAM Charente le référencement et le remboursement spécifique de ce soin, qui est donc inclus dans le prix de journée de la HAD.