Tous les fibromes ne nécessitent pas de traitement et seules les techniques chirurgicales permettent de les faire disparaître.
→ Les fibromes (également appelés myomes) sont des tumeurs musculaires bénignes constituées de tissu conjonctif et de myomètre, non cancéreuses, se développant dans l’utérus. Leur poids varie de quelques grammes à plusieurs kilogrammes.
→ C’est la tumeur la plus fréquente chez la femme en âge de procréer (50 % des femmes sont concernées). La prévalence augmente entre 45 et 49 ans et chez les femmes d’origine afro-antillaise.
→ Le mécanisme de survenue reste mal identifié, mais les antécédents familiaux et l’obésité constituent des facteurs de risque.
→ Le diagnostic repose essentiellement sur l’examen clinique (toucher vaginal et palper abdominal) et surtout sur l’échographie, qui permet de confirmer la présence d’un fibrome.
Selon leur localisation, on distingue trois types de fibromes (voir le schéma page ci-contre) :
→ sous-muqueux : se développant dans la cavité utérine.
→ interstitiels ou intra-muraux : situés dans l’épaisseur du muscle utérin, ce sont les plus fréquents (70 % des fibromes).
→ sous-séreux : situés à la surface externe de l’utérus.
En fonction de la base d’implantation des fibromes sous-muqueux ou sous-séreux, on différencie les fibromes sessiles (à large base d’implantation) des fibromes pédiculés (rattachés à l’utérus par un pied).
→ La plupart des fibromes sont asymptomatiques. Ils sont alors découverts fortuitement au cours d’une visite gynécologique de routine ou lors d’une échographie.
→ Chez 20 % des femmes, les symptômes, très gênants, peuvent altérer grandement la qualité de vie. Il s’agit principalement de douleurs pelviennes, de ménorragies (règles d’abondance et de durée augmentées) et/ou de métrorragies (saignements intermenstruels), responsables d’anémie, de fatigue et de stress.
→ Des signes de compression des organes avoisinants comme une dysurie (difficulté à uriner), une pollakiurie (envies fréquentes d’uriner) ou une constipation peuvent aussi s’observer, ainsi que des dyspareunies (douleurs lors des rapports sexuels). 26 % des femmes se disent très gênées dans leur vie sexuelle.
→ Un fibrome peut réduire la fertilité s’il déborde dans la cavité utérine.
Imprévisible, l’évolution des fibromes peut donner lieu à des complications telles que la calcification, la torsion d’un fibrome pédiculé ou encore la nécrobiose aseptique (infarctus du fibrome se manifestant cliniquement par une hyperthermie, une douleur aiguë, une altération de l’état général, et biologiquement par une hyperleucocytose, augmentation de la vitesse de sédimentation).
→ Seuls les fibromes symptomatiques doivent être traités.
→ Le traitement dépend du nombre, du type et de la taille des fibromes, et surtout du désir de la patiente de préserver sa fertilité.
→ Dans le cas de fibromes interstitiels et/ou sous-séreux, le traitement peut être chirurgical ou médicamenteux. Mais un fibrome sous-muqueux relève toujours de la chirurgie.
→ Les progestatifs (Luteran, Lutényl, Surgestone…), indiqués sur trois à six mois, visent à diminuer l’hyperplasie endométriale responsable des méno-métrorragies.
→ Pendant les saignements, un anti-fibrinolytique – l’acide tranexamique (Exacyl, Spotof) – ou un AINS – l’acide méfénamique (Ponstyl, cinq jours de traitement au maximum par cycle) – peuvent être prescrits pour réduire les ménorragies.
→ Un traitement martial (Ferrostrane, Fumafer, Férograd, Tardyféron…) permet de corriger l’anémie ferriprive.
→ Les analogues de l’hormone de libération des gonadotrophines hypophysaires (Gn-RH) (leuproréline, Enantone, ou triptoréline, Gonapeptyl, Décapeptyl), s’administrant par voie sous-cutanée ou intramusculaire selon les spécialités, à raison d’une injection par mois pendant trois mois, provoquent une aménorrhée, corrigeant une anémie, et permettent aussi une réduction de taille des fibromes. Ils facilitent l’opération mais provoquent des bouffées de chaleur et des céphalées.
→ Les modulateurs des récepteurs de la progestérone (ulipristal, Esmya, pendant trois ou six mois) permettent de diminuer les symptômes, l’anémie ainsi que le volume des fibromes.
→ L’hystéroscopie opératoire (ou résection endoscopique) consiste à raboter le (s) fibrome (s) sous contrôle vidéo.
→ La myomectomie permet de retirer uniquement le (s) fibrome (s) et de conserver l’utérus.
→ L’hystérectomie (ablation de l’utérus) est réservée aux cas les plus lourds, lorsqu’il n’existe pas d’autres alternatives thérapeutiques. Elle peut alors être soit totale soit partielle (avec la conservation du col de l’utérus).
L’embolisation des artères utérines, technique radiologique interventionnelle visant à dévasculariser les fibromes, est une option chez les femmes sans désir de grossesse.
L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts.
→ Il n’y a aucun argument dans la littérature scientifique qui peut faire penser que la contraception orale favorise l’apparition ou la croissance des fibromes. Un fibrome ne contre-indique donc pas une contraception œstroprogestative ou progestative, ni la pilule du lendemain.
→ En ce qui concerne le stérilet, il est contre-indiqué en cas de fibromes sous-muqueux (en raison d’un risque majoré de saignements et d’expulsion). En revanche, dans les autres cas, le stérilet au lévonorgestrel présente un réel intérêt pour réduire les ménorragies liées aux fibromes.