L'infirmière Libérale Magazine n° 332 du 01/01/2017

 

SANTÉ PUBLIQUE

Actualité

Véronique Hunsinger  

PRÉVENTION > Le comité d’orientation de la concertation citoyenne sur la vaccination a rendu ses préconisations. Il veut notamment élargir le nombre de vaccinateurs.

Élargir temporairement l’obligation vaccinale pédiatrique et augmenter le nombre de vaccinateurs : telles sont les deux principales préconisations du comité d’orientation de la concertation citoyenne sur la vaccination rendues publiques le 30 novembre. Présidé par le Pr Alain Fischer, spécialiste en immunologie pédiatrique, et Claude Rambaud, présidente du Collectif des associations de patients, le Ciss, le débat public a duré plus de six mois dans un contexte de hausse inédite de la défiance de la population à l’égard des vaccins. Le comité s’est basé sur des enquêtes d’opinions, les auditions de 44 personnalités par un jury citoyen et par un jury de professionnels de santé (dont cinq infirmières mais aucune libérale), ainsi que 10 000 contributions recueillies en ligne.

« Clause d’exemption »

À rebours des autres pays européens, le comité préconise un élargissement – temporaire, « jusqu’à ce que les conditions soient réunies pour la levée de l’obligation » – de l’obligation vaccinale pédiatrique à onze pathologies avec une prise en charge intégrale par l’Assurance maladie. Les parents qui refuseraient pourraient faire valoir une « clause d’exemption », au risque néanmoins de voir l’accueil de leur enfant en collectivité refusé. Le comité a également souligné que les « professionnels de santé se doivent d’adopter une attitude exemplaire en ce qui concerne leur propre vaccination ». Il propose ainsi, outre le maintien de l’obligation de vaccination contre l’hépatite B, l’ajout pour les soignants non immunisés d’une obligation de vaccination contre la rougeole et une forte recommandation pour la grippe, la coqueluche et la varicelle.

Marisol Touraine ne s’est pas encore prononcée sur ces propositions dont elle a demandé à différents services du ministère ainsi qu’à l’agence Santé publique France une évaluation juridique et financière avant d’annoncer de nouvelles mesures. Le budget de la Sécurité sociale pour 2017 prévoit d’ores et déjà une expérimentation, pour une durée de trois ans, de la vaccination contre la grippe par les pharmaciens. De même, les généralistes pourront, de manière expérimentale également, conserver d’avance des vaccins antigrippaux au cabinet afin de vacciner plus facilement les patients au décours des consultations.

Plus de champ aux IDE ?

La demande de l’Ordre des infirmiers d’élargir à d’autres vaccins que la grippe la possibilité pour les infirmiers de vacciner sans prescription médicale n’a pas été retenue par le Parlement. Une option qui pourrait néanmoins revenir dans le débat puisque le comité de la concertation citoyenne plaide très clairement en faveur d’une « simplification du parcours vaccinal ». Pour lui, la vaccination en officine est une bonne idée, à condition toutefois du « respect d’un espace de confidentialité ». Mais il convient aussi de faciliter la pratique de la vaccination dans tous les lieux de prévention de soins ou d’hébergement, ce qui implique en particulier de « donner aux infirmiers l’autorisation d’effectuer les actes de revaccination », dit-il. « Comme au Québec, il y a une logique qui serait d’étendre le rôle des infirmières en accès direct, commente Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers. On pourrait notamment déjà imaginer que les infirmières libérales puissent réaliser tous les rappels de vaccination sans prescription, d’autant plus que le calendrier vaccinal a été récemment extrêmement simplifié. »

Manque de transparence

Enfin, le comité suggère que l’école redevienne un lieu de vaccination, malgré le « manque criant de médecins et infirmières scolaires pour assurer cette tâche ». D’où l’idée de faire appel à des personnels extérieurs, notamment des infirmiers et médecins libéraux.

À noter que cette concertation citoyenne a fait l’objet de plusieurs critiques. Ainsi des associations de patients, comme Entraide aux malades de myofasciite à macrophages, ou de professionnels de santé, comme le Formindep, ont dénoncé le manque de transparence des liens d’intérêts de plusieurs experts du comité. De plus, les divergences d’avis entre les membres du jury n’ont semble-t-il pas toutes été prises en compte et le contenu des contributions en ligne n’a pas été réellement analysé.