L'infirmière Libérale Magazine n° 333 du 01/02/2017

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

Sandra Mignot  

PERSONNES ÂGÉES > Alors que l’expérimentation de la démarche Paerpa (parcours de santé des personnes âgées en risque de perte d’autonomie) est prolongée jusqu’en 2018, ses dispositifs peuvent ouvrir des perspectives pour la coordination des soins.

Dans la Mayenne, le Paerpa s’intègre tout à fait dans notre projet de santé territorial », résume Pascal Gendry, médecin généraliste au Pôle santé du Sud-Ouest mayennais. Devant faire face à une démographie médicale extrêmement basse, le département s’est organisé avec notamment trois maisons de santé regroupant soixante professionnels, un hôpital local où interviennent les libéraux et bien sûr les établissements médico-sociaux et tous les intervenants à domicile. « L’intégration dans l’expérimentation nous a en outre permis de mettre en place une infirmière parcours, salariée de l’hôpital, qui fait le lien entre tous les intervenants, et un temps de secrétariat qui est essentiel pour accompagner le changement. »

Trois piliers dans chaque dispositif

Une vitrine rêvée pour présenter l’avancement de la démarche Paerpa initiée en France en 2012. Après plusieurs années d’élaboration d’un cahier des charges et de création d’outils, l’expérimentation des dispositifs Paerpa a été lancée en 2015. Ils concernent actuellement près de 550 000 patients (âgés de plus de 75 ans) et sont désormais présents sur un territoire pilote dans chacune des seize régions françaises. Chacun repose sur trois piliers : une coordination clinique de proximité autour du patient associant, au minimum, médecin, Idel (ou infirmier coordinateur de soin à domicile) et pharmacien ; une coordination territoriale d’appui (CTA) pour les professionnels et les familles ; une gestion des transitions ville-hôpital-Ehpad. Mais chacun représente également un prototype d’intervention adapté à un certain type de territoire.

Succès du PPS

Les programmes dans les territoires pilotes montent en charge progressivement. Parmi les indicateurs de leur développement, l’Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (Anap) cite par exemple 4 700 plans personnalisés de santé (PPS) rédigés fin décembre 2016. Un outil dont les infirmiers libéraux se sont largement saisis, puisque par exemple, dans le Valenciennois-Quercitain (Nord), sur quelque 552 PPS signés entre 2015 et 2016, 272 ont été co-élaborés par un médecin et un/e Idel.

Des appels téléphoniques en augmentation

Autre indicateur mis en avant : les recours aux neuf coordinations territoriales d’appui opérationnelles. Celles-ci ont reçu près de 40 000 appels téléphoniques au troisième trimestre 2016, contre 11 700 au troisième trimestre 2015 ; 55 % des demandes provenaient des familles et 45 % de professionnels de santé libéraux. En termes de contenu, ces CTA sont principalement sollicitées pour des demandes d’information et d’orientation. Mais on observe une forte augmentation des demandes émanant de professionnels de santé libéraux pour un appui au PPS ou l’activation d’aides sociales au troisième trimestre 2016 : elles ont atteint 5 000 interventions contre 2 000 au trimestre précédent.

En outre, les CTA peuvent mettre en œuvre différentes actions d’accompagnement. La CTA mayennaise offre par exemple une équipe d’appui en adaptation et réadaptation, un dispositif de coordination en aval de l’hospitalisation, un protocole de sorties complexes, une évaluation gériatrique à domicile par une équipe mobile… Dans d’autres territoires, la CTA procure une aide à l’élaboration des PPS, une veille sociale pour les patients très isolés, un suivi intensif des situations complexes, l’organisation d’un hébergement temporaire en chambre relais, des actions de prévention individuelle (bilan ergothérapique, podologique, nutritionnel, etc.).

Des Idels mieux rémunérées ?

« Dans le cadre du Paerpa, on peut développer beaucoup de choses, observe l’Idel Pascal Chauvet. Par exemple, les infirmières libérales sont rémunérées sur la base d’une nomenclature qui ne représente que 40 % de notre champ de compétences. Nous pouvons donc faire de nombreuses choses avec les financements Paerpa, comme par exemple la surveillance du risque iatrogénique. » L’objectif restant de favoriser un maintien à domicile encadré, de limiter les hospitalisations, et surtout de mettre la personne âgée au cœur du système de soin.