L'infirmière Libérale Magazine n° 334 du 01/03/2017

 

Éditorial

Mathieu Hautemulle  

En cette période de promesses à tire-larigot, de chausse-trappes et d’attrape-nigauds, en ces temps de chemises bleu marine et de matins bruns, à cette époque de concert de casseroles et de budgets au couteau, autant vous le dire tout de go : ce mois-ci, on n’avait pas trop envie de vous parler de politique. Pas trop l’envie de vous entretenir du virage ambulatoire, des culs-de-sac du ministère et des lacets de la Sécu. Alors, à défaut de regarder les grands de ce monde, d’observer le macro (voire le Macron), on a choisi de vous causer du petit, du cœur, du cocon, du corps, de l’intime. Du soi qu’on entrevoit, de l’entre-soi qu’on vit. L’intime : il est là, partout, tout le temps, dès qu’il est question de corps. Il l’est donc, présent, partout et tout le temps, dans votre pratique au quotidien. Dans les maisons que vous pénétrez, dans les histoires que vous recueillez, dans les corps que vous soignez, dans vos relations aux patients. Il est particulièrement question d’intime ce mois-ci, dans nos pages, notamment dans l’inédit cahier de formation sur la santé sexuelle. Dans ce domaine du soin, comme dans tant d’autres, une base de l’activité infirmière pourrait être de faire sien ce principe d’Hippocrate : primum non nocere - d’abord, ne pas nuire*. Pour le soignant, cela signifie ne pas faire mal, bien sûr, ne pas rajouter de la souffrance à la souffrance, mais aussi ne pas chercher à faire le bien sans demander au soigné ce qu’il juge bon pour lui-même… Il n’y a - parfois - pas plus dangereux que celui qui vous veut du bien, si son intention n’est pas compréhensible ou si sa définition du bien ne recoupe pas la vôtre. Un peu, finalement, comme certains de ces candidats à l’Élysée qui proclament leur envie de remplir de bonheur le corps électoral - qui ne leur a pourtant rien demandé. Oups, désolé, on avait dit pas de politique…

* Comme l’avait joliment souligné le cadre et philosophe Christophe Pacific aux Journées nationales des infirmiers libéraux en 2015.