L'infirmière Libérale Magazine n° 334 du 01/03/2017

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

Sandra Mignot  

TEMPS MÉDICAL > Les sénateurs encouragent coopérations et transferts de compétences, même s’il est clair qu’un élargissement des missions des paramédicaux ne compensera pas le manque de médecins.

Les professions paramédicales jouent un rôle essentiel et doivent être associées pleinement aux dispositifs territoriaux de santé mais cela ne suffira pas pour lutter contre les déserts médicaux. Tel est en substance le constat des sénateurs réunis le 22 février pour débattre sur ce sujet. Le déploiement des maisons pluridisciplinaires de santé a été largement encouragé. Olivier Cigolotti (Haute-Loire, UDI-UC) a toutefois souligné qu’elles « accéléraient le processus de concentration géographique des professionnels de santé » ; si elles permettaient de « retenir ceux-ci dans des zones en voie de fragilisation, elles ne pouvaient pas répondre aux besoins des zones déjà désertées ».

Réflexes corporatistes défensifs

Délégations de tâches et transferts de compétences devraient être davantage développés, selon la plupart des élus présents, car ils permettent de dégager du temps médical. Certains ont même demandé que les procédures régionales pour enclencher un protocole d’expérimentation soient accélérées. Pour les infirmières, délivrance de certificat d’aptitude au sport, accompagnement de consultations virtuelles, vaccination élargie, chimiothérapie à domicile (à l’exemple d’une expérimentation entamée à Lille)… Aux aides-soignantes les injections sous-cutanées ou intra-musculaires… « C’est une cascade de délégations qui doit être organisée, du médecin vers l’infirmière, puis de l’infirmière vers l’aide-soignante, a insisté Alain Bertrand (Lozère, RDSE). Et, pour ce faire, il faut lutter contre les réflexes corporatistes défensifs. » Daniel Chasseing (Corrèze, rattaché au groupe Les Républicains), après avoir loué les compétences des services de soins infirmiers à domicile, s’est néanmoins opposé à la perspective du renouvellement d’ordonnance par les infirmières, qui exige « l’examen complet du malade à la recherche d’autres pathologies ».

Décret infirmiers à l’étude

De nombreux sénateurs ont demandé le toilettage des décrets de compétences, « sur la base de missions ». Michel Vaspart (Côtes-d’Armor, Les Républicains) s’est inquiété du manque de progrès concernant la parution du décret sur les pratiques avancées, évoquant la rumeur selon laquelle il serait reporté à 2018. La secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion, Ségolène Neuville, a indiqué que la Direction générale de l’offre de soins était en train de travailler sur les modèles de pratiques avancées existant à l’étranger afin d’avancer dans la rédaction de ce texte. Elle a rappelé que des discussions étaient entamées avec la profession depuis début février sur le décret d’actes des infirmiers.

Enfin, plusieurs sénateurs ont souligné la nécessité de revaloriser les professions paramédicales. « Les candidats à l’élection présidentielle doivent faire des propositions en ce sens », a demandé Catherine Génisson (Pas-de-Calais, Groupe Socialiste et Républicain).