Allier dans sa profession l’aspect médical et l’aspect technique, tel était l’objectif de François-Xavier Flament. Un projet qui a abouti puisqu’il est devenu orthoprothésiste, une profession reconnue paramédicale en 2007. Il est aujourd’hui responsable technique dans une entreprise.
Après son baccalauréat, François-Xavier se rêve médecin. « J’ai donc commencé par des études médicales mais, à la fin des années 1990, le numerus clausus était très restrictif. » Il tente deux fois le concours de la première année avant d’obtenir une équivalence en deuxième année de Deug de biologie-chimie.
En médecine, il réfléchit déjà à une autre piste, notamment au métier d’orthoprothésiste. Cette profession consiste à concevoir, fabriquer et adapter une prothèse ou une orthèse au patient afin de lui redonner une certaine autonomie alors qu’il a été amputé ou qu’il présente une malformation. François-Xavier consacre alors son année de Deug à l’élaboration de son dossier de candidature aux écoles et effectue également trois stages d’une semaine en entreprise ainsi que deux semaines en centre de rééducation, une façon d’explorer la profession et de découvrir ces deux milieux d’exercice du métier. « Ces stages ont clairement appuyé mon dossier de candidature au BTS car, à l’époque, il n’y avait que deux écoles, l’une à Paris, l’autre à Valence, dans la Drôme. » C’est à Paris que se poursuit son cursus avec un BTS d’une durée de trois ans. « Mes études m’ont conforté dans le fait que j’étais attiré à la fois par les côtés médical (l’appréhension de la pathologie et les causes d’appareillage) et paramédical (la rééducation et la réadaptation fonctionnelle), et aussi par son aspect manuel et la notion de service. » Lorsqu’il sort diplômé en 2003, il sait déjà depuis quelque temps qu’il va poursuivre sa route au sein de l’entreprise privée Ottobock. « À mon époque, tous les étudiants décrochaient un travail avant même d’avoir passé les examens finaux », se rappelle-t-il. Et de préciser : « En revanche, il faut la fibre pour durer dans le métier car il y a de nombreux facteurs autour de la prise en charge d’une personne handicapée et, sans passion, il est difficile de continuer. »
Lorsqu’un patient a subi une amputation, il est pris en charge dans un centre hospitalier où le personnel médical et paramédical s’occupe de la cicatrisation de son moignon ainsi que des soins pour l’élaboration d’une prothèse provisoire. « Tout est fait pour réhabiliter le patient et compenser son handicap. Cette phase dure environ six mois. » Puis les patients sont orientés soit par le centre hospitalier, soit par le biais des réseaux sociaux, vers des professionnels privés. « Le patient arrive souvent dans notre cabinet sans prescription médicale. C’est au médecin de rééducation de faire la première prescription pour une prothèse. Le renouvellement, tous les trois ans, peut lui être prescrit par un autre médecin non spécialiste. » Lors de la première consultation, l’orthoprothésiste effectue une anamnèse et cherche à connaître la vie du patient, ce qu’il faisait avant l’amputation, les activités qu’il souhaiterait pouvoir refaire, ses attentes. Lors du deuxième rendez-vous, il réalise un moulage en apposant une bande de plâtre surle moignon. « Cela donne un négatif en plâtre dans lequel le professionnel coule du plâtre pour en sortir le positif », explique-t-il. Le moulage de la prothèse permet alors d’en extraire un prototype taillé en respectant des données biomécaniques.
Elle est remise au patient au cours d’un troisième rendez-vous pour l’essai. « Nous testons alors la prothèse dans un couloir de marche, sur un tapis roulant, avec des barres parallèles. » Le patient donne son ressenti et l’orthoprothésiste façonne la prothèse pour l’adapter au mieux.
Généralement, le patient repart avec le prototype pour une semaine d’essai dans sa vie quotidienne. S’il convient, il est alors transformé à l’identique pour la création de la prothèse définitive, remise lors du cinquième rendez-vous. C’est le rôle de l’orthoprothésiste de choisir les composants et les matériaux de la prothèse qui est souvent réalisée en fibres de carbone, fines et légères. « Comme notre profession équipe les personnes de dispositifs médicaux spécialisés, nous apprenons également aux patients à les utiliser, précise François-Xavier, aujourd’hui responsable technique de l’entreprise Orthèses prothèses générales.
Nous sommes dans une démarche de rééducation pour une bonne utilisation de la prothèse. »
D’ailleurs, l’orthoprothésiste endosse également un rôle social et psychologique très important car il est face à des patients ayant des handicaps lourds et majoritairement définitifs. « Pour la réussite de l’appareillage, l’approche psychologique est fondamentale. Il y a un vrai travail autour de la confiance en soi et de l’acceptation. Les patients ont besoin de dialogue et d’explications. Les orthoprothésistes se doivent d’être communicants sinon cela peut s’avérer bloquant. »
Pour l’orthoptiste, le choix d’un exercice dans le privé ou en centre de rééducation (il n’y a pas de statut libéral) varie en fonction de ses objectifs professionnels. En centre, il réalise surtout le premier appareillage mais l’avantage est de pouvoir travailler avec une équipe pluridisciplinaire (ergothérapeutes, infirmiers ou encore médecins). Dans le privé, le professionnel est rémunéré à la prothèse réalisée, peu importe le temps passé et le nombre de rendez-vous avec le patient. Néanmoins, entre le moulage et la livraison, cinq rendez-vous d’une heure à une heure trente en moyenne, répartis sur deux mois, sont généralement nécessaires. Une prothèse peut coûter entre 1 000 et 100 000 euros, mais la prise en charge s’arrête à 22 000 euros pour les prothèses des membres inférieurs, éventuellement plus pour celles des membres supérieurs. Avant de se lancer dans la réalisation, l’orthoprothésiste doit faire la demande de prise en charge à la Caisse primaire d’Assurance maladie (CPAM), en sachant qu’il y a un accord tacite pour le devis en cas de non-réponse sous trois semaines. C’est à la remise de la prothèse que l’orthoprothésiste télétransmet la facture à la CPAM.
« Nous sommes une structure privée, nous travaillons donc peu avec les infirmières libérales. Nous sommes davantage en relation avec les médecins ainsi que les masseurs-kinésithérapeutes puisque nous rencontrons le patient en sortie de soins. Néanmoins, il nous arrive de travailler avec elles. Nous demandons d’ailleurs aux patients de leur donner nos coordonnées afin que nous puissions échanger sur la prise en charge du patient et leur délivrer les informations nécessaires pour les pansements du moignon, par exemple. Nos rapports sont vraiment très bons. L’infirmière libérale est notre lien avec le patient ainsi que notre relais. Elle nous permet notamment de savoir si le patient porte bien sa prothèse. »