L'infirmière Libérale Magazine n° 335 du 01/04/2017

 

SANTÉ PUBLIQUE

Actualité

Isabel Soubelet  

De nombreux Français partagent leur couche. Certains jugent l’expérience positive, d’autres estiment leur sommeil perturbé.

LES FRANÇAIS MANQUENT DE SOMMEIL. La dernière enquête INSV/MGEN(1) présentée en mars lors de la 17e Journée du sommeil le montre. « Les Français dorment en moyenne 7h07 en semaine et 8h04 le week-end, précise le docteur Joëlle Adrien, présidente de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV). Ceux qui dorment moins de six heures pendant la semaine, seuil en dessous duquel il peut y avoir une influence délétère sur la santé, dorment près d’une heure trente de plus par nuit le week-end. Ainsi, un quart des Français sont en dette de sommeil en permanence. » Rappelons que le manque de sommeil fragilise l’organisme, accroît le risque d’obésité et de diabète de type 2 et augmente les risques d’hypertension artérielle et de maladies cardiovasculaires…

L’étude s’est penchée sur les habitudes de “co-sleeping” avec un adulte, un enfant ou un animal. 50 % des personnes interrogées dorment avec un autre adulte toutes les nuits ou presque, et parmi elles, 77 % le font par choix. Ceux qui ont un avis positif (60 %) sur le sujet mettent en avant le côté plaisir (49 %) et rassurant (28 %), alors que ceux qui ont un avis négatif (43 %) estiment que le partage du lit gêne l’endormissement (12 %) et provoque des réveils nocturnes (13 %). Pour ceux qui considèrent avoir le sommeil perturbé par l’autre, les causes invoquées sont les mouvements dans le lit (58 %), les ronflements (50 %), la respiration bruyante (31 %) et les horaires différents (29 %). « Les rythmes de sommeil diffèrent pour chaque personne, et aussi entre les hommes et les femmes », précise la présidente de l’INSV. Ainsi, le soir, les femmes attendent 31 minutes en moyenne pour éteindre la lumière contre 24 minutes pour les hommes. Une fois la lumière éteinte, elles mettent 27 minutes en moyenne à s’endormir contre 21 minutes pour les hommes.

Et quand on est parent ? 25 % des Français qui ont un enfant à domicile déclarent dormir avec lui dans leur chambre, et dans le même lit dans deux cas sur trois. Une pratique dangereuse pour les bébés en raison du risque de mort subite, et déconseillée par les experts. « Le sommeil joue un rôle essentiel dans la croissance, le développement cérébral, la mémoire et toutes les fonctions cognitives, explique le professeur Brigitte Fauroux, directrice de l’unité de ventilation non-invasive et du sommeil de l’enfant de l’Hôpital universitaire Necker-Enfants malades à Paris. Un sommeil non réparateur et de mauvaise qualité dans l’enfance peut générer certains troubles, notamment des difficultés d’apprentissage et de comportement. »

* “Dormir seul ou pas : quel impact sur le sommeil ?”, enquête Opinion Way sur un échantillon représentatif de la population française, auprès de 1 001 personnes âgées de 18 à 65 ans, interrogées sur Internet du 28 novembre au 7 décembre 2016 (à consulter via le lien bit.ly/2nvHbYF.