Faciliter la vie des aidants et des Idels - L'Infirmière Libérale Magazine n° 335 du 01/04/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 335 du 01/04/2017

 

APPLICATION

Actualité

Claire Pourprix  

Une jeune start-up lyonnaise a développé une solution de protection et d’accompagnement des personnes en perte d’autonomie, Lili smart,en réponse aux besoins des aidants et des professionnels de santé.

C’EST EN ÉTANT CONFRONTÉ À LA PERTE D’AUTONOMIE DE SA GRAND-MÈRE, atteinte de la maladie d’Alzheimer, et au désarroi de ses proches aidants qu’un des fondateurs de Lili smart, Aymeric Garnier, a eu l’idée de créer une solution connectée qui apporte une réponse à l’ensemble des besoins des aidants. Lili smart repose sur une application (disponible sur ordinateur, tablette et smartphone) pour les aidants et les soignants, une montre GSM pour les personnes en perte d’autonomie et des capteurs intelligents.

Surveillance à distance

L’application permet aux aidants de s’organiser, en se fixant des rappels, d’échanger entre eux et avec l’Idel via un réseau privé, ou encore de stimuler la personne dont ils ont la charge en lui envoyant des messages de rappel de ce qu’elle doit faire, en fonction des paramétrages personnels saisis. Celle-ci reçoit alors une alerte sur sa montre connectée sous forme d’un pictogramme, comme un couteau et une fourchette par exemple quand sonne l’heure du repas. Des capteurs placés chez la personne, à des endroits indicateurs d’activité – le pilulier, le frigo, la porte d’entrée, etc. –, permettent de surveiller à distance qu’elle a bien pensé à prendre ses médicaments, à manger, à sortir à une heure où elle devait le faire… ou, le cas échéant, à alerter. La montre offre de nombreuses fonctionnalités : détection de chute, déambulation, géolocalisation, sans pour autant “tracer” la personne car seule la dernière position est gardée en mémoire. « L’intérêt de l’application, qui compte une cinquantaine de fonctionnalités, est de faire de la prévention, sans changer les habitudes de vie de la personne, pour qu’elle puisse rester le plus longtemps possible à domicile. Elle apporte du réconfort aux aidants, qui peuvent plus facilement s’organiser, s’accorder des moments de répit sans culpabiliser, et leur permet de faire le lien plus facilement avec les professionnels de santé », explique Vincent Théry, co-fondateur de Lili smart. Petit bémol : la personne doit porter la montre… même si, non portée au poignet, elle continue de dialoguer avec les capteurs.

Professionnels impliqués

Pour développer cette offre globale d’assistance, et s’assurer qu’elle colle aux besoins, Lili smart s’est entourée de professionnels de santé (orthophoniste, psychiatre en gériatrie, infirmière à domicile, infirmière coordinatrice en hospitalisation à domicile…), d’acteurs publics et d’associations telles que France Alzheimer Rhône. Audrey Derly, Idel à Montvendre, dans la Drôme, expérimente la solution depuis un an auprès d’une dizaine de familles de personnes en perte d’autonomie, « mais qui ont encore toute leur tête » : « En commune rurale, certains anciens sont isolés de leurs proches et il leur est difficile de faire le lien entre le docteur, le pharmacien, l’infirmière… L’appli permet de publier un pense-bête comme “renouveler l’ordonnance” ou “acheter des protections”, et le premier des aidants référencés qui s’en charge indique qu’il le fait. » Lili smart vise en outre à faciliter les transmissions et la relève : « Dès qu’on arrive chez un patient équipé, l’appli se connecte à ses données. Nous n’avons plus besoin de classeur de liaison. Les constantes sont saisies sur l’appli, qui permet de visualiser leur évolution sur des courbes et de nous alerter immédiatement en cas de cassure dans la courbe », souligne Audrey Derly. La solution est évolutive et les paramètres peuvent être modifiés en fonction de la vie de la personne. Imaginée pour les personnes atteintes d’un Alzheimer, étendue aux personnes en perte d’autonomie, elle pourrait aussi intéresser d’autres familles. « Équiper les personnes atteintes de troubles autistiques ou de trisomie par exemple permettrait de les rendre plus autonomes sans les angoisser ou angoisser leurs proches, puisqu’ils recevraient une alerte en cas d’oubli », avance l’Idel. En 2017, une centaine de tests cliniques devraient être effectués grâce à un partenariat avec l’Institut du vieillissement des Hospices civils de Lyon (Rhône). Pour l’heure, une quinzaine de familles sont prêtes à adopter la solution dont Lili smart, en cours de levée de fonds, lance progressivement la commercialisation.