Appareillage
Cahier de formation
Point sur
Face aux symptômes podologiques souvent en cause dans la réduction de la mobilité et la perte d’autonomie des personnes âgées, les Idels peuvent repérer les troubles mais aussi orienter et conseiller les patients quant aux bénéfices et à l’utilisation des orthèses podologiques.
Aux premières loges pour observer les déformations des pieds, surveiller les pieds diabétiques, contrôler l’entretien des pieds (les personnes âgées ont souvent du mal à les atteindre), entendre les patients âgés se plaindre d’avoir mal aux pieds et constater les troubles de la stabilité à la marche, les Idels sont des relais de premier plan pour dépister les situations à risque justifiant une prise en charge podologique spécialisée.
Le pied, au-delà de son vieillissement physiologique (lire l’encadré ci-contre), est l’organe cible de nombreuses pathologies systémiques chroniques (diabète compliqué, arthrose, rhumatisme, atteintes vasculaires…) particulièrement fréquentes chez le sujet âgé. Ces pathologies favorisent l’apparition de symptômes podologiques qui participent aux troubles de l’équilibre debout dynamique, à la réduction de la mobilité et à la perte d’autonomie des personnes âgées. Ces symptômes (douleurs du pied, plaies du pied diabétique, hallux valgus, griffes d’orteils, déformation et lésions des orteils, chevauchements d’orteils fixés ou non, hypertrophies unguéales…) concernent 60 % des personnes de plus de 75 ans dont 25 % cumulent plusieurs anomalies (1). Dans ce contexte, au-delà des soins de pédicurie classiques, les orthèses podologiques peuvent limiter les handicaps, soulager les douleurs et apporter une amélioration fonctionnelle qui facilite les déplacements et prolonge l’autonomie des patients.
Il existe différentes sortes d’orthèses podologiques dont la mise en œuvre relève soit du pédicure-podologue, soit du podo-orthésiste ou de l’orthopédiste orthésiste.
Elles permettent de corriger des déformations non fixées, mais sont surtout utilisées chez le sujet âgé pour réduire les hyper-appuis au niveau des pulpes d’orteils ou pour éviter les frottements entre deux orteils afin de prévenir des lésions qui, chez un patient diabétique, peuvent vite se transformer en plaie et dégénérer. Leur mise en œuvre impose donc de tenir compte de la tolérance cutanée et de la capacité du patient à mettre en place l’orthèse ou à disposer d’une aide pour le faire, précisent les spécialistes. Il existe des matériaux particulièrement adaptés à ce contexte tels que les élastomères de silicone de faible densité, qui permettent de réaliser des orthèses moelleuses, souples, confortables et sans risque. Et pour faciliter la pose, des repères peuvent être tracés pour distinguer le sens de pose de l’orthèse, et la droite de la gauche, lorsque des orthèses bilatérales sont prescrites.
Réalisées sur mesure pour des chaussures de série, elles peuvent être composées de plusieurs éléments assemblés entre eux, ou en monobloc et façonnées à partir d’une prise d’empreinte du pied du patient en position corrigée. Elles sont utilisées dans différentes indications :
→ corriger des troubles de la statique ou une déviation du pied (pied qui part vers l’extérieur) ;
→ compenser un raccourcissement ; assurer une meilleure stabilité et un meilleur équilibre à la marche lorsque les anomalies (pied plat ou pied creux) ne peuvent pas être corrigées ;
→ Usoulager des déformations fixées du pied et des douleurs à la marche.
Elles sont fréquemment utilisées chez le sujet âgé en privilégiant des matériaux confortables offrant une excellente répartition des charges (mousses à mémoire de forme, par exemple). Toutefois, en cas de perte de sensibilité profonde entraînant un déficit de proprioception (il peut être diagnostiqué par un bilan posturologique, lire l’encadré ci-contre), les matériaux doivent être adaptés, car une semelle trop molle peut générer des pertes d’équilibre. Dans ce cas, la base de la semelle est réalisée avec un matériau plus dense pour favoriser une bonne stabilité.
Elles constituent une solution très adaptée aux troubles podologiques du sujet âgé mais sont victimes d’une image très péjorative qui nécessite un travail d’information que les Idels peuvent relayer auprès des patients. Particulièrement indiquées chez les sujets diabétiques (un tiers en moyenne de la patientèle des podo-orthésistes), elles comprennent les chaussures de cicatrisation ou chaussures de décharge appelées “dispositifs d’aide à la cicatrisation du pied” (DTACP) et les chaussures orthopédiques (CO).
→ Les DTACP jouent un rôle capital dans la cicatrisation des plaies du pied diabétique car ils évitent tout contact entre la plaie et la chaussure susceptible de compromettre la cicatrisation. Les Idels doivent s’en assurer et, dans le cas contraire, inciter le patient à revoir le podo-orthésiste pour qu’il modifie la décharge.
→ Les CO : souvent exclues d’emblée par les patients qui ont encore à l’esprit l’image caricaturale de la grosse chaussure raide, lourde, noire et inesthétique, les CO d’aujourd’hui n’ont pourtant plus rien à voir avec celles d’hier. Dès lors que le pied n’est pas trop déformé, la diversité des matériaux disponibles et la nature des pathologies à traiter permettent de réaliser des CO sur mesure, souples, non traumatisantes et non contraignantes qui rivalisent en esthétique avec les chaussures de série. Les Idels peuvent contribuer à le faire savoir mais aussi à surveiller le vieillissement de l’appareillage car, ainsi que le font remarquer les professionnels, des CO doivent être régulièrement (tous les six mois en moyenne) revues par un spécialiste afin de s’assurer que l’appareillage remplit toujours bien sa fonction et de prévoir, si nécessaire, son remplacement.
À noter : la première année, les patients ont droit à une prise en charge pour deux paires
Ce qui permet d’apporter une solution podologique globale parfaitement adaptée à toutes les activités de la vie quotidienne.
(1) Haute Autorité de santé, Service des recommandations professionnelles, “Le pied de la personne âgée : approche médicale et prise en charge de pédicurie-podologie”, juillet 2005 (à consulter via bit.ly/2miu5tD).
(2) La prise en charge par la Sécurité sociale est de 100 % pour les patients en ALD et de 60 % pour les autres. Les tarifs étant opposables, la plupart des mutuelles prennent en charge le complément jusqu’à 100 %.
L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts.
Le vieillissement physiologique du pied se traduit par une modification de la statique du pied et par une altération :
→ de la peau et des phanères : amincissement, sécheresse, perte d’élasticité de la peau, atrophie du capiton plantaire, modification de la structure et de la morphologie de l’ongle,
→ de la sensibilité : diminution des seuils de perception cutanée plantaire tactile, positionnelle et vibratoire,
→ de l’appareil locomoteur : diminution des amplitudes articulaires de la cheville et du pied, perte de masse musculaire.
La posturologie étudie le positionnement du patient dans l’espace, son équilibre, et évalue les efforts qu’il réalise pour se stabiliser dans une telle position. François Guingal, posturologue et spécialiste des semelles neuro-informatives, travaille notamment sur le positionnement du bassin
* Le bassin est un véritable système tampon qui se positionne dans l’espace en fonction de données sensorielles fournies par des capteurs situés dans les yeux, la colonne vertébrale, l’oreille interne, les pieds et l’articulation temporo-mandibulaire.