Cahier de formation
Savoir faire
Face au CCU, les Idels peuvent accompagner et aider les patientes dans les suites immédiates et à distance des traitements, mais aussi jouer un rôle d’éclairage face à la controverse soulevée par la vaccination.
Théoriquement, une rétention urinaire à distance de la chirurgie peut nécessiter une éducation à l’autosondage, voire la réalisation par les Idels de sondages urinaires à domicile. « En pratique, cette complication est exceptionnelle, et les Idels ont rarement l’occasion de réaliser ce type de soins », explique le Dr Jean-Claude Darmon, gynécologue et cancérologue à l’Institut du sein et de chirurgie gynécologique d’Avignon (Vaucluse), au regard des trente patientes opérées d’un CCU qu’il suit en moyenne chaque année. « De fait, confirme Isabelle Allison, Idel à Velleron (Vaucluse), la prise en charge soignante de ces patientes à domicile se limite généralement aux prélèvements sanguins (numération plaquettaire) et aux injections d’anticoagulant. Pour autant, si nous avions à assurer l’apprentissage de l’autosondage dans ce contexte, nous serions en mesure de le faire. Cela nécessite de s’assurer que la femme est en capacité de réaliser ce geste pluriquotidien dans les conditions d’hygiène requises afin d’éviter tout risque de traumatisme et d’infection. »
La survenue d’un lymphœdème des membres inférieurs nécessitant la pose de bas de contention de type 2 ou 3 peut amener les Idels à expliquer l’intérêt de ce dispositif médical et à s’assurer que la patiente en fait bon usage. Elles peuvent également être amenées à poser des bandes de contention chez les femmes dont la morphologie des jambes ou l’incapacité à enfiler elles-mêmes les bas l’imposent. Dans les deux cas, leur contribution à la surveillance ou à la pose de contention peut être assortie de conseils quant aux précautions à prendre en matière d’hygiène de vie (éviter les blessures, les piqûres, les injections, les coups de soleil, les températures extrêmes ou les voyages en avion)
« Elles peuvent être consécutives au stress ou à l’inflammation provoquée par les rayons, indique le Dr Darmon. L’alimentation et les traitements symptomatiques (diète, régime sans résidu, ralentisseurs du transit, anxiolytiques, soutien psychoprophylactique) doivent être adaptés en fonction du vécu et de la tolérance individuelle à la radiothérapie. » Les Idels peuvent s’en assurer et aussi veiller à la réhydratation des patientes.
Elles résultent de mêmes causes que les diarrhées. « Selon le mécanisme, les anxiolytiques et/ou les anti-émétiques peuvent être prescrits par voie orale, ou, si les vomissements sont trop fréquents, par voie rectale (suppositoires) », signale le Dr Darmon. L’alimentation doit également être adaptée. Les Idels pourront apporter les conseils suivants : manger léger, faire des petites collations froides, éviter les aliments trop forts en goût ou odeur (asperges, choux…), trop gras et trop épicés. En cas de perte de poids marquée, ne pas hésiter à demander l’avis d’une diététicienne.
Conseiller la prise de veinotoniques type Daflon à forte dose et prévenir la constipation car elle aggrave le problème.
Rare, un érythème de la vulve peut être pris en charge par un traitement trophique (cicatrisant ou corticoïde) avec ou sans œstrogènes selon accord médical. À savoir : les modalités de prévention et de prise en charge des effets secondaires de la radiothérapie externe et interne sont détaillées dans le livret “La radiothérapie des cancers du col de l’utérus - mieux comprendre votre traitement”
Qu’ils s’agissent de troubles digestifs (colite et/ou rectite radique, occlusion intestinale), urinaires (cystite radique, incontinence urinaire par instabilité vésicale), gynécologiques (sécheresse vaginale, bride vaginale, ménopause) ou psychologiques (connotations péjoratives associées au HPV/MST, difficultés à reprendre une vie sexuelle normale…), les complications tardives ou séquellaires des traitements du CCU reposent sur une prise en charge médicale appropriée. Les Idels doivent connaître ces risques pour pouvoir orienter efficacement les patientes. Elles peuvent aussi être amenées à prodiguer des conseils nutritionnels
Pour être délicat car il touche à l’intime (lire le témoignage ci-dessous), ce sujet n’en demeure pas moins capital pour permettre à ces femmes de recouvrer estime de soi et qualité de vie. « Les questions relatives à la sexualité font partie intégrante de cette maladie dès le diagnostic et jusqu’à la guérison », commente le Dr Darmon. De fait, parce qu’il est associé à une MST, le CCU génère souvent chez les femmes un sentiment de honte et de culpabilité vis-à-vis de leur partenaire. À l’issue des traitements, ces réactions les conduisent souvent à différer la reprise des rapports sexuels et à les espacer jusqu’à, parfois, ne plus en avoir. « L’absence de sexualité est indiscutablement l’une des séquelles les plus importantes de cette maladie, en termes de retentissement sur la qualité de vie », confirme le spécialiste. Elle est d’autant plus dommageable qu’elle favorise l’atrophie du vagin déjà traumatisé par la chirurgie et/ou la radiothérapie (ces traitements entraînent un rétrécissement des tissus du vagin) et rend, à terme, les rapports techniquement impossibles. « Par leur proximité et la connivence que leur confère leur rôle propre, les Idels occupent une place privilégiée et extrêmement utile pour expliquer aux femmes qu’il est important de reprendre une activité sexuelle précoce et régulière, insiste le Dr Darmon. Cela dit, elles doivent assortir ces encouragements de quelques conseils pour faciliter les rapports et les rendre moins douloureux dans un premier temps. » Entre autres, en conseillant l’usage de fluides ou gels lubrifiants et en impliquant le partenaire pour qu’il soit doux et attentionné. Par ailleurs, le CCU n’étant pas hormonodépendant, dans la majorité des cas, la prescription d’un THS (traitement hormonal substitutif) par voie générale ou locale peut aider la plupart des femmes à améliorer les problèmes de sécheresse vaginale et participer aux moyens d’associer les rapports à la notion de plaisir partagé plutôt que de devoir subi. Ce rôle psychoprohylactique essentiel dans ce contexte justifie que les Idels se forment à la spécificité de cet accompagnement (lire l’avis du spécialiste ci-dessous).
(1) INCa, “Les traitements du cancer invasif du col de l’utérus” (à télécharger via bit.ly/2pRfkjO).
(2) À consulter via le lien raccourci bit.ly/2oDYO6D
(3) Éviter les aliments “laxatifs” : café, boissons glacées, fruits, légumes crus, céréales, pain complet, lait.
Vous intervenez chez Mme M., 50 ans, pour la réalisation de prélèvements sanguins prescrits dans les suites d’une colpohystérectomie élargie. Manifestement abattue, la patiente a très mal vécu la rétention urinaire qui a suivi l’intervention, néglige la mise en place des bas de contention et s’inquiète pour l’avenir de sa “vie de femme”. Elle s’est remariée deux mois avant le diagnostic de son cancer et elle est profondément perturbée par sa nouvelle image corporelle et les conséquences que la chirurgie risque d’induire sur sa vie de couple.
Vous lui expliquez que la rétention urinaire est une complication passagère de la chirurgie qui est derrière elle, que les bas de contention sont nécessaires pour prévenir le lymphœdème et le risque de phlébite post-opératoire et que sa vie de couple peut tout à fait se poursuivre harmonieusement en veillant à prendre quelques précautions que vous lui commentez.
Notre cahier sur la santé sexuelle, dans le numéro 334 de mars, comportait un chapitre sur la communication sur ce sujet et un autre sur les liens entre sexualité et cancer.
Dans sa pratique, Isabelle Allison, infirmière libérale à Velleron (Vaucluse), prend en charge des patientes atteintes de CCU.
« Il arrive, même si cela est rare, que la patiente aborde spontanément la question de la sexualité et, lorsqu’elle présente des signes d’inquiétude mais n’ose pas vraiment en parler, j’essaie de saisir la moindre opportunité pour rebondir sur le sujet ou de l’amener dans la discussion à exprimer en confiance ses inquiétudes, ses questions et ses craintes. Mon rôle consiste à l’écouter, la rassurer, la conseiller dans le strict champ de mes compétences et à l’orienter vers le professionnel (gynécologue, urologue, sexologue, psychologue…) qui pourra l’aider. J’insiste sur le fait qu’il est légitime et tout à fait positif qu’elle s’interroge et cherche des réponses à ses questions. Je l’encourage à consulter sans tarder, l’aide parfois à trouver un référent de manière à ne pas la laisser dans une impasse et m’assure à distance qu’elle avance concrètement dans la résolution de son problème. »
Le Dr Darmon forme de nombreuses IDE à l’approche de la sexualité des femmes après un CCU.
« Pouvoir aborder les questions relatives à la sexualité suppose que les infirmières soient elles-mêmes très épanouies et libérées sur ce sujet pour pouvoir en parler sans tabou et avec une ouverture d’esprit qui leur permet d’affronter les difficultés des femmes et d’être dans une relation d’aide efficace. En les familiarisant à cette problématique et en leur donnant les “outils” leur permettant de dissiper toute appréhension à se saisir de ce sujet, une formation est doublement bénéfique : pour les IDE qui peuvent plus facilement s’emparer de cette mission et pour les patientes qui éviteront ainsi de s’enfermer dans un processus de démission et/ou de rejet qui peut en quelques années les conduire à une situation sans retour. C’est la raison pour laquelle j’insiste sur cet aspect de la prise en charge dans les cours que je dispense aux étudiants de l’IFSI d’Avignon (Vaucluse). »