Anticiper pour mieux se protéger, tel était le thème d’un atelier des Journées nationales des infirmiers libéraux (Jnil), fin mars en région parisienne. L’occasion de s’initier à l’auto-défense.
« VOUS ÊTES AVANT TOUT DES ÊTRES HUMAINS, VOUS AVEZ DONC DROIT AU RESPECT », lance en guise d’introduction Bruno Vicaire, formateur sécurité et self-défense, en charge de l’atelier “auto-défense”, proposé aux Jnil, les 30 et 31 mars à Issy-Les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Lorsqu’il demande aux stagiaires si elles se sont déjà fait agresser physiquement par un patient, environ un tiers d’entre elles lèvent la main. Et tous les participants, sans exception, confirment avoir fait l’objet d’agressions verbales.
Face à ce genre de situation, l’Idel peut réagir et se défendre. La légitime défense est prévue aux articles 122-5 et 122-6 du Code pénal et doit satisfaire à deux conditions. Tout d’abord, des conditions relatives à l’agression : l’acte d’agression doit être dirigé contre une personne ou un bien, être actuel et injuste. Puis, les conditions relatives à la défense : l’acte de défense doit être nécessaire par rapport à l’acte d’agression, simultané et proportionné.
En cas d’agression, les infirmières ne doivent pas hésiter à poser leurs limites. Si un patient pose la main sur le corps de l’infirmière, une solution pour le faire réagir est de décrire à voix haute le sentiment provoqué : « Arrêtez, je ne veux pas que vous me touchiez », suivi d’une demande concrète : « Enlevez votre main. » Le conseil de Bruno Vicaire : « Sans moyen physique, psychique et technique, il faut faire un pas en arrière et prévenir les autorités. Si vous pouvez fuir, fuyez. » Sinon, il ne faut pas hésiter à faire un “scandale” en hurlant et à demander de l’aide en interpellant les passants.
Le formateur dresse par ailleurs une liste de recommandations aux Idels : ne pas aller au travail avec des talons, porter des vêtements pratiques et amples (pour fuir plus rapidement) et éviter les écharpes (pour éviter tout étranglement). Il faut aussi répartir sur soi les affaires vitales comme les clefs de voiture et avoir un stylo – présenté comme un moyen de défense… Avant une visite chez un nouveau patient, mieux vaut prévoir plusieurs itinéraires afin d’avoir une solution de repli et prévenir le commissariat en cas de visite chez un patient considéré comme dangereux. Autre habitude à prendre : « Faire en sorte qu’un collègue ait le planning de la tournée avec l’heure de début et de fin », indique-t-il en précisant qu’il est préférable d’avoir une touche du téléphone préréglée sur un numéro de secours. Enfin, Bruno Vicaire recommande aux Idels de toujours se garer dans le sens du départ, si possible dans un endroit éclairé, et de verrouiller les portières dès qu’elles sont au volant. « Tous ces conseils, ce n’est pas de la paranoïa, mais de la vigilance », conclut-il.
La nécessité de protection face aux risques et aux violences auxquels peuvent être confrontés les infirmiers quotidiennement à l’hôpital ou dans les soins à domicile constituent la première des neuf priorités présentées début avril par l’Ordre national des infirmiers (ONI) à partir d’une étude en ligne à laquelle ont participé plus de 20 000 infirmiers libéraux et salariés, inscrits ou non à l’Ordre. Un positionnement qui a été porté à la connaissance des candidats à la présidentielle. L’ONI réclame des moyens dédiés, notamment un plan de formation préventive pour les Idels ou encore des systèmes connectés d’alarme. Sont aussi revendiquées, en matière de protection, sociale cette fois, une prise en charge mutualisée des accidents d’exposition au sang et aux virus, et une couverture maternité supplémentaire pour les Idels. Parmi les autres demandes, une évolution de la nomenclature pour « s’adapter à la charge que représentent [les] actes quotidiens » des Idels, un élargissement du droit de prescription et de la vaccination sans prescription médicale. Toutes les priorités sont décrites sur notre site Espaceinfirmier, rubrique Actualité, à la date du 5 avril.